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JoSeseSeko

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"Il ne faut jamais prendre les gens pour des cons, mais il ne faut pas oublier qu'ils le sont." Cette phrase résume une recherche de vérité, de développer de l'information sur une variété de sujets, notamment l'économie, la politique et l'histoire. Et ce, dans plusieurs pays du monde.


Le Gabon toujours sous haute tension

Publié par JoSeseSeko sur 15 Septembre 2016, 09:45am

Catégories : #Politique, #Afrique, #Gabon, #Élections, #Bongo, #Ping, #Françafrique, #Économie

Photo: MARCO LONGARI

Photo: MARCO LONGARI

Plus de quinze jours après l'élection présidentielle, la contestation de la victoire d'Ali Bongo ne désemplit pas au Gabon et au sein de la diaspora gabonaise présente en Europe, notamment en France. Des zones d'ombre et des idées reçues semblent demeurer vivaces, aux yeux de certains Gabonais écoutant ce que d'autres pensent de cette histoire.

Le Gabon est en effervescence depuis l'élection présidentielle du 27 août. Les premiers résultats indiquant la réélection d'Ali Bongo face à son principal opposant Jean Ping (49,80% des suffrages contre 48,23%), ont donné lieu à des manifestations importantes dans les grandes villes de ce pays, dont Libreville, la capitale. Plusieurs dizaines - voire centaines - de morts sont à déplorer, des interpellations de la police chez des partisans de l'opposition sont répertoriés, de même que l'image du parlement gabonais en feu a fait le tour du monde. La cour constitutionnelle a été mobilisée pour s'attaquer aux recours lancés par l'opposition sur des éventuelles irrégularités dans la province du Haut-Ogooué, qui a été largement favorable au président-candidat (cf lien n°1). Elle a jusqu'au 23 septembre pour trancher sur la question d'une éventuelle triche électorale favorable à M. Bongo.

Un demi-siècle de Bongo

Les opposants de M. Bongo, ainsi que nombre de Gabonais vivant en France, cherchent à se tenir au courant et à diffuser la moindre information en provenance du Gabon. Il faut dire que la répression policière s'étend sur les communications. Selon plusieurs témoignages recueillis par le Bondy Blog (cf lien n°2), certains Gabonais s'estiment être "mis sur écoute", les forçant ainsi à ne pas parler des événements. De même que les réseaux sociaux sont privilégiés pour une communication avec l'extérieur car des coupures de téléphone ou d'Internet sont devenues fréquentes ces derniers jours.

En tout cas, tous aspirent à ce qu'il y ait une alternance politique véridique, consistant à ce que la famille Bongo ne soit plus au pouvoir. Que ce soit par Omar (le père) ou Ali (le fils), cette famille dirige ce pays depuis près d'un demi-siècle! Et le grand reproche fait aux Bongo est d'avoir réussi à s'enrichir au niveau personnel tandis qu'un grand nombre de gabonais vit sous le seuil de pauvreté, avec des services publics défaillants de toute part. Et puis, certains membres de la diaspora gabonaise vivant en France et ailleurs en Occident attendent la chute de la famille Bongo pour revenir au pays, y apporter leur savoir et s'assurer une reconnaissance sociale qui leur semble inexistante pour le moment.

L'ombre de la Françafrique

Cette crise post-électorale au Gabon frappe d'autant plus les esprits qu'il s'agit d'un des pays qui symbolisent le plus ce qui est appelé la Françafrique. C'est-à-dire la relation très proche entre la France et une de ses anciennes colonies, rendant cette dernière très dépendante de Paris, tant au niveau politique qu'économique. Omar Bongo correspondait à cette image de serviteur des intérêts français car quels que soient les présidents et les gouvernements hexagonaux, il n'était guère inquiété, pour ne pas dire fortement soutenu. Comme le Gabon est un pays pétrolier, membre de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole depuis 1975 (bien que parti de l'OPEP entre 1996 et 2016), il attire l'attention des compagnies pétrolières et Total bénéficie de liens très étroits avec le régime gabonais.

Tout comme les gabonais ont des difficultés à pouvoir critiquer librement le pouvoir tenu par les Bongo, il est ardu d'émettre une critique de la Françafrique. Par exemple, un rapport parlementaire en 2015 était prévu pour critiquer ce système mais il a été retoqué par la commission des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale car jugé déplaisant, d'après ce qu'en raconte le Canard enchaîné. Mais selon certains partisans de M. Bongo, l'actuel président a pris ses distances avec la France, diversifiant davantage son commerce avec d'autres pays, en particulier la Chine, qui fait les yeux doux au continent africain depuis plusieurs années, avec les accords Chinafrique.

Ping, un opposant du système?

Bien que des Gabonais veulent le départ de Bongo fils, ils ne sont pas non plus totalement emballés à l'idée de voir M. Ping comme président du Gabon et certains l'expriment bien volontiers sur les réseaux sociaux. Pour quelle(s) raison(s)? D'abord, une raison de vie privée ayant un impact public. M. Ping a été en couple avec Pascaline Bongo, fille d'Omar et sœur d'Ali, avec qui il a eu deux enfants. Ensuite, une raison fortement politique. Dans les années 1990 et 2000, il fut plusieurs ministre du père Bongo, notamment ministre des Affaires étrangères car reconnu pour ses talents de diplomate. Enfin, via les raisons précédentes, il a été un proche de Bongo fils et un de ses partisans, avant de devenir son principal adversaire politique.

Du coup, voir certains politiciens français s'en prenant volontiers à Bongo fils sans se dire si Ping est un véritable démocrate, un politicien porteur d'une alternative, ça peut faire rire jaune plusieurs Gabonais et ça laisse sous-entendre que M. Ping serait quelqu'un à soutenir, pour la continuité de la Françafrique.

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