Aujourd'hui, mardi 29 octobre, après une semaine de manifestations en Bretagne, le gouvernement, via le premier ministre, Jean-Marc Ayrault, suspend l'écotaxe, afin de calmer le jeu auprès des manifestants bretons, guidés par la FNSEA, avec un secteur agroalimentaire en crise dans cette région.
L'écotaxe consistait à un prélèvement sur le trafic routier, "portant sur 1% du réseau routier" selon le député PS Yann Galut dans l'émission de RMC "Les Grandes Gueules", soit une goutte, et répondait à une recherche de convergence entre pays partenaires de l'Union européenne, où la France a du retard dans ce domaine.
Mais bon, voilà une nouvelle occasion de développer la fiscalité écologique ratée, tout comme au moment du Grenelle de l'environnement avec la taxe carbone, proposée par le gouvernement Fillon, mais retoquée par le Conseil Constitutionnel. Chacun se refile le bébé dans l'eau du bain!
En tout cas, depuis bientôt un an et demi, le gouvernement cumule des fuites en avant par rapport à la fiscalité, telles la taxation sur les plus-values immobilières et l'hostilité des "pigeons", pas si "pigeons" qu'on ne le pense, la taxe à 75% retoquée par le Conseil Constitutionnel (même si elle revient dans le cas du foot; oh les pauvres footeux!), la modulation de la TVA sur certains secteurs, le refus de la Taxe Tobin (par peur de rendre les marchés financiers moins liquides alors qu'elle ne poserait pas de problèmes), la fiscalité sur les sociétés ou encore la taxation rétroactive de certains livrets d'épargne. Dans un contexte de "ras-le-bol" fiscal tiré par les cheveux, cela ne fait pas un cadre clair, stable, durable, tant pour les contribuables que pour les investisseurs. En outre, une pression fiscale accrue conduirait à un ralentissement important de l’économie française, en raison d’un frein sur la consommation. Selon Michaël Assous, professeur d'université à Paris 1 Panthéon-Sorbonne, cette hausse serait régressive car elle concerne directement les ménages ayant une forte propension marginale à consommer, à cause d'un multiplicateur budgétaire (effet de la politique budgétaire sur l’activité économique) supérieur à 1.
Il aurait mieux valu, selon l'économiste, faire une grande réforme fiscale, renforçant le poids de l'impôt sur le revenu, et donc la progressivité de l'impôt, une meilleure lisibilité de la fiscalité française, tout comme le proposaient les économistes Thomas Piketty, Camille Landais, Emmanuel Saez. Mais aussi, insister sur la fiscalité écologique en jouant sur l'effet du "double dividende", à savoir, une réduction des émissions de gaz à effet de serre suite à l'introduction de cette taxe, puis une baisse des cotisations sociales, rendant l'économie plus compétitive. Mais, c'est être trop exigeant, voire même trop "socialiste" pour des socialistes au pouvoir, ces derniers reniant finalement la 1ère proposition du Manifeste du parti communiste de Marx et Engels (développer un impôt progressif). Ces deux-là, ainsi que les révolutionnaires de 1789, ou 1793 (Robespierre, Danton, Marat, Saint-Just, Desmoulins, etc) voulant faire la Révolution pour "être les maîtres de l'impôt" doivent se retourner dans leur tombe!
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