Une nouvelle fois éliminé en 1/8e de finale de la Ligue des champions, le Paris Saint-Germain montre combien sa structure a du mal à passer un cap. Et encore une fois, la presse sportive va jouer son rôle d'hypocrite, tant elle n'est pas crédible et qu'elle est à plat ventre devant le capital.
"Tout ça pour ça" titre, dépité, le journal l'Équipe, à l'issue du 1/8e de finale retour de la Ligue des Champions entre le Paris Saint-Germain (PSG) et le Real Madrid, gagné par les Madrilènes au parc des Princes (2-1). Une défaite qui s'ajoute au 3-1 du match aller pour des Parisiens encore une fois incapables de hausser le ton collectivement face à des Madrilènes sérieux et appliqués, à défaut d'être spectaculaires. Ce qui indique combien la logique individualiste qui est la tendance du foot bourgeois d'aujourd'hui, que le PSG incarne dans sa version française, est puissante localement mais peut connaitre des limites si un supplément d'âme, d'identité, n'existe pas. Et ce PSG-là connait un manque d'identité criant!
Emery, le fusible tout désigné
Dans ce genre de situation de faillite globale, il faut un arbre qui cache la forêt, un fusible vers qui les supporters-consommateurs (footix) vont se défouler à cœur joie, tant leur aliénation est grande. Et là, c'est tout trouvé, il s'agit d'Unai Emery! L'entraineur du club est dans le collimateur. Déjà, l'an dernier, il a senti le vent du licenciement souffler avec l'élimination ridicule du PSG face au FC Barcelone à ce même stade de la compétition (1/8e de finale), suite au match retour perdu 6-1 alors qu'au match aller, le PSG avait gagné 4-0. Avec cette nouvelle élimination précoce et à défaut de gagner un futur titre de champion de France, Emery sera renvoyé durant l'été, car la direction du PSG version Qatar ne fait pas dans le sentiment.
Cette absence de sentiment fait surtout que le PSG version Qatar est dans une logique court-termiste qui montre son inefficacité de manière patente. Depuis 2011, date du rachat du club par l'État du Golfe, et surtout depuis 2012-2013, saison où le PSG se retrouve en Ligue des champions, le club n'a jamais réussi à passer le cap des 1/4 de finale, alors que dans les années 90, le PSG pouvait aller en 1/2 finale de la Ligue des Champions. Mais là où ça pique, c'est qu'en sept ans, le PSG version Qatar n'a pas réussi à atteindre la victoire dans cette compétition, alors que l'Olympique de Marseille version Bernard Tapie y était arrivé au bout de cet intervalle de sept ans, le 26 mai 1993.
Olympique de Marseille version Tapie (1986-1993) | Paris Saint-Germain version Qatar (2011-) |
1/8 finale (1992) 1/2 finale (1990) Finale (1991) Victoire (1993) | 1/8 finale (2017, 2018) 1/4 finale (2013, 2014, 2015, 2016) |
Bien entendu, les supporters parisiens diront toujours que l'OM achetait les matchs, ne se basant que sur l'affaire VA-OM dans leur argumentation puérile. Sinon, pour les plus intelligents, ils diront que la concurrence n'était pas la même qu'aujourd'hui en Ligue des Champions. En effet, la concurrence était différente car plus large et plus forte dans les années 90, en raison du fait qu'il n'y avait pas encore eu l'arrêt Bosman qui forme un oligopole de certains clubs européens, au nom de la liberté des travailleurs et de la "concurrence libre et non faussée". Enfin, il reste l'arbitrage, qui s'est parfois montré défavorable envers le PSG ces derniers temps en Ligue des champions, pénalisant le club de la capitale française. Cela étant, il faut passer outre ce sujet qui oblige les joueurs à se transcender pour qu'à l'avenir, la question de l'arbitre ne soit plus si importante que cela.
Chauvinisme pour les nuls
Cette élimination a encore fait du mal pour la presse sportive française. En effet, dans les jours qui ont précédé la rencontre, les unes et les éditos de l'Équipe ou du journal Le Parisien appelaient à "l'Union sacrée" - titre de l'Équipe du lundi 5 mars - autour du PSG de la part du reste de la France. Et tout objecteur de conscience de ce chauvinisme pour les nuls, surtout du côté de Marseille, était dénigré, vu comme mauvais français, etc. Signe que l'esprit Charlie dans le monde du foot, on repassera. Un exemple? Le journaliste sportif Daniel Riolo, qui s'il se montre sévère suite à la défaite du PSG, est ulcéré par la une du journal La Provence, situé à Marseille - comme par hasard -, au sujet de ce match.
Pourquoi la presse sportive et les journalistes sportifs se montrent ainsi dépités et critiques sur le match? C'est parce que le PSG leur sert de casse-croute et qu'ils sont davantage prêts à faire la courbette auprès de ce club et d'imposer leurs vues auprès des lecteurs, auditeurs ou téléspectateurs. Et leur argument est que la France doit remonter son indice UEFA en chute depuis quelques années, même si ça tend à remonter, mais pas forcément grâce au PSG par ailleurs. Or, ces journalistes sportifs n'utilisaient pas cet argument quand l'Olympique lyonnais (OL) était dominateur en France et luttait contre des grands clubs européens dans les années 2000, bien que l'OL, dirigé par Jean-Michel Aulas, avait une politique tournée vers la formation, donc la promotion de jeunes joueurs français.
Bref, de l'hypocrisie en bonne est due forme!