Si le pilote britannique était déjà assuré de son sixième titre mondial, il a tenu à finir avec panache la saison 2019 avec une victoire incontestable au Grand prix d'Abu Dhabi, sa 11e cette saison, au volant d'une Mercedes qui a fait preuve de régularité, pour mieux lui permettre d'envisager d'égaler les sept titres de Michael Schumacher l'an prochain.
"Pour arriver premier, il faut premièrement arriver". Cette célèbre citation d'Enzo Ferrari, fondateur de la marque éponyme au cheval cabré sied parfaitement à l'écurie Mercedes et à son pilote phare, Lewis Hamilton. Le britannique a conclu la saison 2019 de Formule 1 avec panache par une 11e victoire cette saison à Abu Dhabi, la 84e de sa carrière, dimanche 1er décembre, lors du 21e et dernier Grand prix de l'année. Et autant le dire, ce GP ne restera pas dans les annales tant il n'y avait pas de suspense pour la victoire car le pilote Mercedes a montré tout son talent et qu'il était intouchable sur cette course, face à Max Verstappen et Charles Leclerc, qui complètent ce dernier podium.
Summum de régularité
En fait, s'il faut résumer ce sixième titre mondial d'Hamilton, le rapprochant de plus en plus des sommets établis par Michael Schumacher dans les années 2000 avec Ferrari, le mot le plus approprié est régularité. Pour une raison simple. Hamilton est le seul pilote à avoir terminé chaque GP dans les points en 2019. Ensuite, le sextuple champion du monde, couronné depuis le GP des États-Unis, à deux GP de la fin, a su saisir les opportunités qui lui étaient offertes pour soit gagner, soit engranger des places sur le podium car la livrée 2019 de Mercedes n'a été forcément la meilleure depuis les débuts de la domination de l'écurie allemande sur la F1 - i.e, 2014 -. En atteste le fait qu'Hamilton n'ait réalisé que cinq pole-positions cette année, devancé dans ce domaine par Charles Leclerc (sept pole-positions).
En tout cas, celui qui pouvait le plus inquiéter Hamilton était son coéquipier Valteri Bottas. Mais le finlandais n'est définitivement pas de taille face au britannique. Si le début de saison laissait imaginer un duel entre les deux flèches d'argent, à l'instar des duels entre Hamilton et Nico Rosberg de 2014 à 2016, ça fit vite long feu tant Bottas se montrait inconstant et coupable d'erreurs qui se paient cher. La plus nette étant lors du Grand prix d'Allemagne, où Bottas fit une sortie de piste alors qu'il était en position pour aller gagner ce GP disputé dans des conditions dantesques.
Mais là où on peut se demander s'il ne faut pas appeler SOS suicide, c'est du côté de chez Ferrari. L'écurie italienne a montré, notamment après la trêve estivale, qu'elle était en mesure de tenir la dragée haute aux Mercedes, comme en attestent les victoires de Leclerc en Belgique et en Italie puis celle de Vettel à Singapour. Néanmoins, d'autres victoires auraient dû se faire pour le cheval cabré telles Bahrein, où Leclerc signa la première pole-position de sa carrière (six autres ont suivi), l'Autriche, la Russie ou encore le Japon. Autrement dit, des occasions manquées en raison de multiples facteurs.
Le premier d'entre eux est la gestion des pilotes. Sebastian Vettel s'est fait battre par Leclerc, alors que ce dernier effectue sa première saison chez Ferrari et sa deuxième en F1. Pour l'orgueil du quadruple champion du monde allemand, ça fait mal. D'autant plus que son coéquipier monégasque, devenu le chouchou des tifosi, se montre vindicatif. Trop même. L'accrochage entre les deux pilotes Ferrari au Grand prix du Brésil, avant-dernier GP de la saison, est le point culminant d'une saison ratée chez Ferrari où Mattia Binotto, le directeur de l'écurie transalpine, a été incapable de gérer ses pilotes qui ont multiplié les erreurs de conduite sur la piste. Ensuite, le châssis n'a pas été à la hauteur du niveau du moteur car le moteur Ferrari a progressé, notamment sur la fin de la saison. Néanmoins, ces progrès spectaculaires paraissent suspects pour l'écurie Red Bull, parlant de triche de la part de Ferrari. D'ailleurs, depuis que ces soupçons ont fait office d'une enquête de la part de la Fédération internationale de l'automobile (FIA), le moteur Ferrari s'est montré moins dominateur et pour le dernier GP de la saison, une sanction a été adressée à l'écurie italienne pour avoir masqué près de cinq kilos d'essence dans la voiture de Leclerc auprès des commissaires de course. Ce qui n'est pas négligeable. Enfin, il y a des erreurs stratégiques en cascade durant les courses, des arrêts au stand non maîtrisés, etc. Bref, un échec collectif.
Du côté de chez Red Bull, le troisième larron du championnat, l'ambiance est plutôt positive. Le passage d'un moteur Renault à un moteur Honda semble être réussi, notamment pour Verstappen, qui affiche des progrès significatifs, ne serait-ce qu'en ayant obtenu les deux premières pole-positions de sa (jeune) carrière cette année. Et vu les progrès réalisés par le moteur Honda tout au long de la saison, bien que sur des GP où le moteur est grandement important (Canada, Belgique, Italie), Red Bull n'a pas été à son avantage, l'écurie autrichienne pourrait se sentir pousser des ailes par le motoriste japonais pour 2020. À condition néanmoins de ne pas façonner une voiture uniquement pour Verstappen.
En effet, l'impression que Red Bull fait tout pour le pilote néerlandais suppose que le coéquipier doit se débrouiller, et tant pis si ça casse. Le français Pierre Gasly en sait quelque chose vu qu'il était le coéquipier de Verstappen en début de saison et qu'il s'est fait remplacer comme un malpropre par le Thaïlandais Alex Albon durant la trêve estivale. Ce dernier n'a pas mieux réussi mais il a été maintenu aux côtés de Verstappen pour l'an prochain, peu avant un Grand prix du Brésil où Gasly, sur la Toro Rosso - petite sœur de Red Bull -, termina deuxième, montrant ainsi à tous, et notamment ses détracteurs, qu'il est un pilote talentueux et qu'il faut le considérer ainsi. En tout cas, la capacité de Red Bull à jouer les titres l'an prochain dépendra surtout de l'évolution du moteur Honda.
Une lutte qui semble inaccessible pour d'autres écuries, et tout particulièrement Renault. L'écurie française a tout simplement raté son année 2019. L'objectif du losange était de rester la quatrième force du paddock, tout en se rapprochant des trois top teams évoqués ci-haut. D'où le recrutement de l'Australien Daniel Ricciardo aux côtés de l'Allemand Nico Hülkenberg. Non seulement, ce rapprochement ne s'est pas observé - excepté peut-être sur les GP du Canada et d'Italie grâce au moteur -. Pis, Renault a terminé cinquième au championnat des constructeurs, largement devancé par McLaren, qui utilise un moteur... Renault. C'est dire si le châssis a été complètement foiré cette année côté français. Par contre, il est notable de souligner les progrès du moteur Renault en matière de puissance et de vitesse de pointe. Cependant, l'écart avec les moteurs Ferrari et Mercedes reste important, notamment en matière de fiabilité, et Honda fournit des efforts dans son rattrapage.
En tout cas, 2020 doit sonner comme une revanche pour l'ex-Régie, avec désormais le Français Esteban Ocon comme coéquipier de Ricciardo. ce dernier doit aussi affirmer un leadership et une capacité à motiver les ingénieurs, les mécaniciens, comme de grands champions tels Schumacher, Hamilton, Vettel ou encore Fernando Alonso savent ou ont su le faire pour décrocher des titres.