Initialement prévu fin juin, le Tour de France prendra son grand départ le 29 août, depuis Nice, jusqu'au 20 septembre sur les Champs-Élysées, avec l'épée de Damoclès du Coronavirus planant sur les coureurs et les organisateurs et redistribuant quelque peu les cartes.
Un Tour de France sous Covid-19. C'est la principale donne pour la 107e édition de la grande boucle, l'épreuve cycliste la plus prestigieuse au monde. En raison de la pandémie mondiale, le Tour a été décalé de deux mois, ce qui va le rendre pour le moins particulier. D'ailleurs, vu la dynamique de crainte d'une deuxième vague en France se précise peu à peu, les organisateurs redoublent de vigilance quant à la tenue de l'épreuve, ayant même voulu se montrer sévère avec l'idée d'une élimination d'une équipe entière si au moins deux personnes (coureurs, directeurs sportifs, mécaniciens, etc.) étaient contaminées par le virus. Mais vu la dureté de la proposition, un (léger) assouplissement est prévu avec exclusion si deux coureurs sont testés positifs au Coronavirus et qu'un second test confirme le premier résultat (cf lien).
Bernal vs Dumoulin et Roglic?
Au niveau sportif, stricto sensu, le rapport de force entre les équipes favorites semble être moins clair que par le passé. L'équipe Ineos (ex-Sky), qui rafle la majorité des Tour de France depuis 2012, compte dans ses rangs le vainqueur en titre, le colombien Egan Bernal, premier coureur de son pays à gagner la grande boucle. Le jeune grimpeur de 23 ans a bien l'ambition de réitérer sa victoire de 2019, avec une équipe Ineos qui lui sera totalement dévouée, vu que les anciens vainqueurs Geraint Thomas et Christopher Froome n'ont pas été sélectionnés pour le Tour, notamment pour des raisons de manque de forme.
Néanmoins, Bernal aura fort à faire face à des adversaires redoutables. En premier lieu, l'équipe Jumbo-Visma qui compte sur son duo Tom Dumoulin-Primoz Roglic. Le Néerlandais et le Slovène, tous deux vainqueurs de grands Tours (Tour d'Italie 2017 pour Dumoulin; Tour d'Espagne 2019 pour Roglic) sont mentalement prêts pour vouloir entrer dans le palmarès du Tour de France, et suffisamment endurants physiquement pour y parvenir. Encore que Roglic, la question physique se pose étant donné qu'il a été victime d'une chute lors du critérium du Dauphiné Libéré, au début du mois d'août, et les prochains jours, qui commencent avec de la montagne dans l'arrière-pays niçois, serviront de test pour savoir s'il a bien récupéré ou non.
Au niveau français, la perspective de voir un coureur tricolore succéder à Bernard Hinault en tant que vainqueur français du Tour est grande. Et tout naturellement, deux cyclistes hexagonaux fournissent de grands espoirs à ce sujet, à savoir Thibault Pinot et Romain Bardet. Pinot a une histoire en mode "je t'aime, moi non plus" avec la grande boucle, notamment l'an dernier où il était le meilleur dans les Pyrénées, dominant Bernal par ailleurs, jusqu'à ce qu'une blessure à la cuisse gauche brise son élan et la perspective d'une victoire dans le Tour pour lui. Jurant vaincre la malédiction, il repart au défi, avec une équipe Groupama-FDJ qui lui est totalement dévouée, pouvant potentiellement faire jeu égal, au moins, avec Ineos et Jumbo-Visma en montagne. Et la perspective du contre-la-montre à la Planche des Belles filles, à proximité de son village de Mélisey et du soutien de ses proches, pourrait bien lui donner des ailes.
Pour Bardet, la chose est différente. Si le Coronavirus ne s'était pas exprimé, le coureur aurait fait le Tour d'Italie à la place du Tour de France, tant celui de l'an dernier a été un échec cuisant pour lui. Mais les circonstances font qu'il a une nouvelle occasion de briller sur la grande boucle, sachant que c'est sa dernière année au sein de l'équipe AG2R-La mondiale et que terminer son histoire avec cette équipe par une victoire ou un podium supplémentaire sur le Tour, après la deuxième place en 2016 et la troisième place en 2017, serait un beau cadeau. Et comme le contre-la-montre final est vallonné et à la veille de l'arrivée sur les Champs-Élysées, Bardet est moins désavantagé dans ces conditions.
Enfin, il y a le cas Julian Alaphilippe. Héros du Tour l'an passé (5e du classement général), avec ses deux victoires victoires, dont un contre-la-montre, plus 14 jours avec le maillot jaune de leader du Tour, le puncheur de Deceuninck-Quick Step est attendu pour un numéro similaire cette année. Mais ce serait pas forcément réaliste car lui-même sait que l'enchainement des étapes de montagne marquera ses limites dans ce domaine, face à de purs grimpeurs dans le style Bernal, Pinot ou Bardet, ou des rouleurs-grimpeurs en mode Dumoulin ou Roglic. Donc, il cherchera davantage à empocher des victoires d'étape et le maillot à pois de meilleur grimpeur pour réussir son Tour à lui.
En tout cas, un Tour bien particulier va commencer!