La domination de l'équipe Jumbo-Visma et de son leader, le Slovène Primoz Roglic, laisse imaginer une victoire de ce dernier à Paris, dimanche prochain, à moins que son compatriote Tadej Pogacar, deuxième du classement général, à 40 secondes, ne vienne jouer les trouble-fêtes et renverser la situation.
La dernière semaine de ce Tour de France 2020, si anachronique en raison du Coronavirus, va commencer ce mardi 15 septembre avec les Alpes au menu, sans oublier le contre-la-montre en côte, se terminant à la Planche des Belles filles, samedi 19 septembre, veille de l'arrivée sur les Champs-Élysées. Une dernière semaine copieuse pour des coureurs passablement fatigués et marqués par la litanie de chutes observées depuis le grand départ du Tour, à Nice, ayant mis à mal bien des ambitions de certains cyclistes. On y reviendra à travers les cas français.
Démonstration Jumbo-Visma
Ce qui attire l'attention, c'est la démonstration de puissance de l'équipe Jumbo-Visma et de son leader Primoz Roglic. Le Slovène, vainqueur du dernier Tour d'Espagne, quatrième du Tour en 2018, est bien parti pour être le premier slovène à gagner la grande boucle, sachant qu'il a gagné une étape jusqu'à présent (Sisteron/Orcières-Merlette). Et ce, grâce notamment à son équipe qui imprime un train d'enfer dans les étapes en altitude, prenant ainsi le dessus sur l'équipe Ineos (ex-Sky), qui était la référence en la matière, avec son leader Egan Bernal, vainqueur du Tour 2019.
Cela a été particulièrement visible lors de l'étape Lyon/Grand Colombier, où les Jumbo-Visma ont vissé la course à leur rythme effréné et dominé les Ineos, au point que Bernal a explosé, perdant plus de sept minutes face à Roglic et ses dernières chances de pouvoir gagner une deuxième fois consécutive le Tour. Mais déjà, lors de l'étape Châtel-Guyon/Puy Mary, il affichait quelques faiblesses face à Roglic mais le tenant du titre limitait la casse. Maintenant, est-ce qu'il a les jambes pour renverser la vapeur et partir à l'abordage? J'en doute.
Mais Roglic n'a pas l'assurance de la victoire finale à Paris. Et celui qui joue le rôle de trublion est son compatriote Tadej Pogacar. Le jeune coureur de 22 ans, vainqueur de deux étapes sur ce Tour (Pau/Laruns; Lyon/Grand Colombier), est à 40" de Roglic et vu le profil des étapes alpestres, le grimpeur slovène peut encore surprendre son monde. Il est vrai que je ne l'avais pas cité parmi les favoris, au départ du Tour. Un oubli fâcheux car Pogacar a quand même terminé troisième de la Vuelta l'an dernier, son premier grand tour. Épreuve remportée par Roglic. Il tient la distance sur trois semaines et le contre-la-montre en côte de samedi peut tout à fait lui convenir car c'est plus l'état de forme qui joue et puis Pogacar est champion de Slovénie du contre-la-montre, devant... Roglic. Signe que dans ce domaine, il peut donner du fil à retordre à son compatriote.
Comme évoqué ci-haut, ce Tour est marqué par une litanie de chutes depuis la première étape, autour de Nice. Et les coureurs français pouvant jouer un rôle au classement général n'ont pas été épargnés sur ce point. Tout d'abord Thibault Pinot. Dès la première étape, le coureur français a été pris dans la chute collective à trois kilomètres de la ligne d'arrivée, lui procurant un mal de dos qui persiste encore aujourd'hui et qui a mis à terre ses ambitions de victoire à partir des étapes pyrénéennes. Un énième manque de chance pour le grimpeur Franc-comtois dans son histoire complexe avec la grande boucle, poussant Bernard Hinault, dernier vainqueur français du Tour (1985), à sortir une critique acerbe et démesurée envers Pinot. Ensuite, Guillaume Martin. Surprenant troisième du classement général au sortir des Pyrénées, le coureur Normand, alors en bonne forme, semblait bien parti pour continuer à bien figurer au classement général, mais une chute lors de l'étape Île d'Oléron/Île de Ré a provoqué des douleurs au dos - comme pour Pinot -, l'handicapant sur des étapes en altitude et Martin se retrouve actuellement 11e du classement général. Est-ce qu'il sera en mesure d'avoir récupéré avec la journée de repos, lundi 14 septembre, pour repartir de l'avant durant ces étapes alpestres? Les prochaines heures nous le diront.
Enfin, Romain Bardet. Ne devant pas initialement participer au Tour, si le Coronavirus ne s'était pas pointé, le grimpeur Auvergnat répond finalement présent et était également bien placé au classement général pour viser le podium. Mais une lourde chute lors de l'étape Châtel-Guyon/Puy Mary annihila ses chances car bien qu'ayant terminé l'étape, Bardet fut contraint à l'abandon pour cause de commotion cérébrale. De quoi souligner l'intérêt de porter un casque sur la route, quelque part.
N'oublions pas tout de même la lutte pour la troisième place, entre Rigoberto Uran, Miguel Angel Lopez, Adam Yates, Richie Porte et Mikel Landa vu que ces coureurs se tiennent en 42". Ce qui promet de l'animation sur cette dernière semaine de Tour.