À défaut d'avoir pu gagner le Tournoi des VI Nations, le XV de France a su marquer les esprits et la victoire contre l'Irlande, samedi 31 octobre, laisse imaginer un avenir plein de succès pour Fabien Galthié et ses joueurs, d'autant plus que leur manque d'expérience va s'estomper au fil du temps.
Le temps des victoires prometteuses est-il arrivée pour le XV de France dans cette décennie 2020? En tout cas, le chemin pris par Fabien Galthié, sélectionneur de l'équipe nationale, offre de belles perspectives. Au sortir du dernier match d'un Tournoi des VI Nations 2020 allongé, en raison du contexte sanitaire (Coronavirus), et victorieux contre l'Irlande (35-27), l'équipe de France termine deuxième du Tournoi, son meilleur classement depuis... 2011, à égalité de points avec l'Angleterre, mais avec une plus faible différence de "goal average", plus favorable à Albion. Et quelques esprits chagrins se diront qu'avoir laissé l'Angleterre prendre le point de bonus défensif a empêché les bleus d'avoir gagné ce Tournoi 2020 bien particulier.
Relance du French flair?!
Mais ce serait oublier qu'à l'entame du premier match, justement contre l'Angleterre, finaliste de la dernière Coupe du monde de rugby, le XV de France n'était pas donné favori, en raison d'un renouvellement, d'un rajeunissement de l'effectif appelé par Galthié et son staff, avec la crainte que l'inexpérience du haut niveau international porte préjudice face au squad entraîné par l'Australien Eddie Jones. Mais c'est passé et la perspective de victoire finale en sortit grandie après ce match et encore plus après une victoire au courage au Pays de Galles, ouvrant même l'espoir d'un Grand Chelem - le premier depuis 2010 -, mais une douche écossaise - c'est bien le mot! - a glacé l'esprit du coq qui ressort tout de même ragaillardi.
Ce qui fait plaisir à voir, c'est un XV de France pouvant lancer des attaques ou saisir la moindre opportunité de ballon de récupération pour foncer vers l'en-but adverse et planter des essais, relançant l'expression anglo-saxonne de French flair, désignant un jeu de mouvement (souvent avec des passes) et d'instinct. Et à ce compte-là, la charnière Antoine Dupont-Romain Ntamack illustre cette renaissance. Les deux compères jouent ensemble en club (Stade Toulousain) et en sélection, ce qui facilite les automatismes, et sont des facteurs X qui empoisonnent les défenses adverses. Notamment le demi de mêlée Dupont, dont la capacité à trouver des intervalles ou à être au soutien du porteur de balle lui permet de pouvoir filer à l'essai. Quant à Ntamack, il dégage une sérénité dans son jeu au pied, pouvant servir d'arme offensive comme avec ce coup de pied par-dessus la défense réceptionné par Virimi Vakatawa pour le dernier essai français contre l'Irlande. Sans oublier sa fiabilité dans les tirs au but (pénalités, transformations) et son travail défensif, qui en font un demi d'ouverture presque complet, à seulement 21 ans.
Outre ces satisfactions individuelles, auxquelles on peut ajouter celles concernant le troisième-ligne aile et capitaine Charles Ollivon, véritable relais entre les avants et les 3/4 et capable d'aller marquer des essais ou la paire de centres Gaël Fickou-Virimi Vakatawa, il y a une ossature collective qui se dégage de la part du squad de Galthié, avec une mêlée française reprenant du poil de la bête, et notamment un axe 2-8-9-10-15 qui donne envie, avec le talonneur Julien Marchand, le troisième ligne centre Gregory Alldritt, la charnière Dupont-Ntamack déjà évoquée, et l'arrière Anthony Boutier, qui fait partie des révélations de ce Tournoi, avec un énorme jeu au pied notamment dont les Anglais s'en souviennent bien volontiers.
Mais là où c'est le plus porteur d'espoir, c'est que ce XV de France relativement inexpérimenté, est bien perfectible. En premier lieu, une indiscipline encore manifeste (au moins 10 pénalités concédées par match), avec des cartons jaunes à force (Alldritt au Pays de Galles, Bouthier contre l'Irlande). Ensuite, une faiblesse dans les duels aériens, exposant la rush défense française et parfois un manque de soutien auprès du porteur de balle.
Mais cela est en grande partie lié à cette jeunesse tricolore qui doit accumuler de l'expérience pour gommer peu à peu ces faiblesses dans le jeu, pour être encore plus redoutable face aux autres nations de l'hémisphère Nord (Angleterre, Irlande, Pays de Galles, Écosse, Italie), mais surtout face aux sélections de l'hémisphère Sud (Afrique du Sud, Nouvelle-Zélande, Australie, Argentine), qui savent optimiser les faiblesses de leurs adversaires en général.
En tout cas, en un an, le XV de France version Galthié a bien changé et dans l'optique de la Coupe du monde 2023, organisée en France, c'est porteur, à condition de continuer dans cette marche en avant.