Même s'il est difficile de le croire aujourd'hui, tellement on cherche à réduire l'incertitude dans ce domaine, le sport fournit quand même des paradoxes. Un championnat de clubs peut être le plus important (financièrement) au monde, il n'en demeure pas moins que l'équipe nationale liée à ce championnat se vautre complètement.
Dans le cas du football, c'est l'Angleterre qui illustre ce paradoxe. En effet, la Premier League, le championnat anglais, est le championnat de club le plus important au monde, sur nombre de tableaux. Au niveau financier tout d'abord, avec plus d'un milliard d'euros de droits télévisuels; au niveau sportif, avec la grande majorité des meilleurs joueurs de la planète qui se retrouvent de Londres à Newcastle, en passant par Liverpool et Manchester; puis enfin des clubs historiques qui reviennent au sommet grâce à des budgets astronomiques, tels Manchester City, de nouveau champion d'Angleterre avec son propriétaire émirien, Sheikh Mansour ben Zayed Al Nahyan. Vu comme ça, l'équipe d'Angleterre devrait être capable de ramener la coupe du monde. Eh ben non. Encore raté cette année au Brésil, où les anglais se sont faits piteusement éliminer de leur poule. Ce qui risque de faire sonner la retraite internationale pour certains joueurs, tels Steven Gerrard. Ce dernier a vraiment pas de chance car il s'apprêtait (enfin) à être champion d'Angleterre avec Liverpool, son club de toujours, mais par sa faute, qui plus est, les Citizens prennent le titre sur le fil.
Dans le cas du rugby, c'est la France. Le Top 14 est considéré comme beaucoup comme le championnat de clubs le plus important au monde, notamment au niveau financier. Les grands joueurs de rugby y relancent et terminent par la grande porte leur carrière, tels Jonny Wilkinson, qui s'est offert (on peut le dire) pour ses adieux, un doublé coupe d'Europe-Championnat de France historique avec Toulon, club historique revigoré par son président français, Mourad Boudjellal. Vu l'attractivité qu'il y a pour les clubs français, l'équipe de France de rugby y trouverait des bénéfices avec des joueurs gagnant en expérience. Que nenni! La tournée en Australie qui vient de s'achever, est une nouvelle fois catastrophique pour le XV de France. 3 défaites dans la valise! Et ce, en plus d'un Tournoi des VI nations guère brillant, avec 3 victoires (dont la 1ère, miraculeuse contre l'Angleterre au Stade de France), et 2 défaites. Ce qui fait que Philippe Saint-André, l'entraîneur du XV de France, a le pire bilan d'un entraîneur à ce poste depuis la professionnalisation du rugby en 1995, et n'est en aucun cas exempt de tout reproche. Et la coupe du monde de rugby aura lieu l'an prochain, organisée chez le rival anglais.
Une des causes communes dans ces exemples, qui ne sont finalement pas des paradoxes comme j'ai présenté tantôt, est liée au temps de jeu, à l'importance des internationaux dans les clubs. En Premier League, les internationaux anglais sont minoritairement des titulaires indiscutables, notamment du côté des milieux offensifs, des attaquants et aussi du côté des gardiens. La concurrence étrangère dans ces postes-clés les oblige plus à cirer le banc de touche que de tâter le terrain, et en jeter plein la vue. Est-ce que cette élimination prématurée va réveiller les têtes pensantes de la Fédération anglaise du foot et les clubs? Ça m'étonnerait dans la mesure où même s'il y eut des remous, suite à la non-qualification de l'Angleterre pour l'Euro 2008 en Suisse et en Autriche, il n'y a pas eu de bouleversement.
Le même cas de figure s'y trouve dans le Top 14. Les internationaux français, dans leurs clubs respectifs, ne sont guère des titulaires, notamment à des postes-clés comme pilier gauche, pilier droit et surtout demi d'ouverture. D'ailleurs, sur ce dernier poste, qui correspond souvent à celui du buteur dans une équipe de rugby, sur les 14 clubs de l'élite française de l'ovalie, 10 ont pour titulaire un demi d'ouverture étranger. Symptomatique d'une frilosité des clubs à donner de l'expérience à de jeunes français, et du coup, la sélection nationale en pâtit de manière implacable.
Mais est-ce que les supporteurs seront sensibles à ces problématiques de fond? Ben voyons! Ils diront que c'est seulement la faute de l'entraîneur, et ne chercheront qu'à consommer des matchs. Rien de plus!