En ce 26 juin 2014 (ou 8 Messidor an CCXXII), il est bon de se rappeler qu'il y a 220 ans de cela, le 26 juin 1794 (8 Messidor an II), eut lieu la bataille de Fleurus, dans l'actuelle Belgique. L'issue en fut une victoire française déterminante face à une coalition qui commença à battre de l'aile.
Mais avant cela, il faut se rappeler que les armées de la République avaient eu beaucoup de difficultés en 1793, au point que les coalisés (anglais, espagnols, autrichiens, prussiens notamment) étaient en mesure d'envahir la France révolutionnaire, mais que la situation a été rétablie. Sur la fin de l'année 1793 et au début 1794, les troupes françaises gagnèrent des batailles décisives à Wattignies, à Toulon, à Wissembourg ou encore à Tourcoing, desserrant l'étau qui était mis en place par les coalisés. En outre, des généraux de valeur se révélèrent, tels Jean-Baptiste Jourdan, Jean-Victor Moreau, Jean-Baptiste Kléber, François-Séverin Marceau, Lazare Hoche, Louis Desaix ou encore Jean-Étienne Championnet, tout en étant surveillés par les représentants en mission (députés de la Convention), tels Louis-Antoine de Saint-Just ou Philippe Le Bas par exemple. Néanmoins, des troupes ennemies restaient massivement présentes sur le front du Nord, occupant la Belgique.
C'est dans ce contexte que se situe la bataille de Fleurus. L'armée de Sambre-et-Meuse, anciennement composée de soldats de l'armée du Nord, était dirigée par Jourdan, qui vainquit les autrichiens à Wattignies. Face à lui, l'armée autrichienne commandée par le prince Frédéric de Saxe-Cobourg, qui subit de lourdes défaites face aux français depuis la fin de l'année 1793 (justement à Wattignies, face à Jourdan, et à Tourcoing, face à Moreau), et dont il serait bon de clouer le bec. Le combat de Fleurus dura toute la journée, sous une forte chaleur. Les autrichiens auraient pu emporter la bataille mais Kléber, commandant l'aile gauche de l'armée, enfonça un tel coup sur l'aile droite autrichienne que ces derniers furent repoussés. Kléber, de nouveau décisif, comme il le fut avec Marceau quand ils furent envoyés en Vendée, pour vaincre les rebelles royalistes du côté de Cholet, Le Mans, ou encore Savenay. À propos de Marceau, deux chevaux furent tués sous lui au moment de Fleurus, lui qui commanda l'aile droite.
Par ailleurs, la garnison de Charleroi s'était rendue la veille, ne pouvant ainsi rendre service à Saxe-Coubourg, lassé et obligé de battre en retraite, avec plus de 5000 hommes perdus dans la journée. Faits marquants, Saint-Just, représentant en mission, s'était volontairement mis en première ligne pour insuffler de la motivation, de l'élan aux soldats, et que durant la bataille, la montgolfière, inventée une décennie auparavant par les frères Montgolfier, fut utilisée pour la première fois au niveau militaire, afin d'observer au loin les mouvements ennemis et d'en faire un rapport aux officiers au sol pour qu'ils puissent modifier leur stratégie. Mais bizarrement, la montgolfière n'eut plus été réutilisée durant le reste des guerres de la Révolution et durant l'ensemble des guerres du 1er Empire et il a fallu attendre la Guerre de Sécession, aux États-Unis, pour qu'elle redevienne un ballon d'observation utile aux armées.
En tout cas, la victoire de Fleurus fut perçue comme la fin de la menace d'invasion de la France par le Nord, la Belgique devenant une annexion de la République (l'objectif des "frontières naturelles" est clairement prononcé), et qu'il y avait même une possibilité d'envahir la Hollande, afin d'installer une république "sœur". Mais cette bataille eut également pour conséquence d'exacerber les tensions au sein du Comité de salut public et de la Convention, certains considérant que la Terreur n'avait plus de raison d'être, et firent porter le chapeau à Robespierre, provocant ainsi, un mois plus tard, le 9 Thermidor.
Vive la République, vive la France!