Vous allez risquer de moins me voir sur mon blog avant les vacances de Noël, vu que mes partiels vont majoritairement avoir lieu en cette période de fin d'année et que je ne dois pas me permettre de les rater, dans l'optique d'un Master 2 en économie internationale l'an prochain. Mais ce n'est pas une raison pour que vous ne regardez pas et ne réagissez pas à mes articles (si besoin est tenté de le rappeler, ^^ !
Au début du mois, Mr Louis Gallois, ancien président d'EADS et de la SNCF, a présenté son rapport au 1er ministre Jean-Marc Ayrault et mardi dernier, le président François Hollande durant sa conférence de presse s'y est fortement référé, signe que le "rapport Gallois" sur la compétitivité n'est pas forcément déjà mis à la poubelle des rapports inutilisables, comme certains précédents.
D'abord, pour relancer la compétitivité des entreprises françaises, leur capacité à l'exportation (vu que c'est un enjeu majeur en ce moment), le rapport préconise une politique d'offre à travers l'accès facilité au crédit pour les entreprises via la Banque Publique d'Investissement, la montée en gamme, donc l'innovation à travers le crédit impôt-recherche, une déduction fiscale sur l'Impôt sur les Sociétés pour les firmes qui réinvestissent, une sanctuarisation du budget du ministère de la Recherche, ou encore, ce qui est uniquement regardé par la presse, une baisse des cotisations sociales afin de diminuer le coût du travail. Par rapport à ce dernier exemple, je vais être clair. Contrairement à la presse en général et au président LUI-MÊME, qui considèrent le coût du travail en France comme la cause unique ou principale du manque de compétitivité par rapport à l'Allemagne notamment, il est bon de rappeler que dans l'industrie automobile, le coût du travail allemand est plus cher qu'en France, mais cela n'empêche en aucun cas les entreprises allemandes de dégager des excédents commerciaux, là où leurs rivales françaises accumulent les déficits commerciaux. Pourquoi? Car les entreprises allemandes sont tournées vers l'innovation, la montée en gamme (la fameuse DEUTSCHE QUALITÄT ne se dément pas!) et l'utilisation de matières premières issues de pays proches (République Tchèque, Slovaquie, Pologne...). Puis la baisse des cotisations sociales va être principalement compensée par la hausse de la TVA, de la CSG qui iront financer les comptes de la Sécurité Sociale, rendant plus régressive qu'elle ne l'était déjà la fiscalité française. Or, en économie, un impôt progressif (tel l'Impôt sur le Revenu des Personnes Physiques) est économiquement efficace et socialement juste car il est clair et crée moins de distorsions. De plus, théoriquement, une baisse des cotisations sociales, surtout si elle se fait au niveau de hauts salaires (jusqu'à x3,5 SMIC) considérés comme soumis à la concurrence internationale et source de forte valeur ajoutée, peut générer une hausse des emplois et des mêmes salaires, pouvant mener ainsi à une hausse de la consommation. Mais rien ne dit que les entreprises vont jouer le jeu de cette manière (intérêt à se faire des marges) puis empiriquement, on a vu que les exonérations de cotisations sociales faites sur les bas salaires (entre 0,8 et 1,4 SMIC de mémoire) menées depuis pile 20 ans n'ont pas généré des emplois, ni amélioré la compétitivité des entreprises!
Ensuite, ce même rapport relance la question du gaz de schiste, avec une insistance particulière sur la recherche, ce qui est très louable et raisonnable selon moi. En effet, d'une part, les technologies actuelles utilisées pour l'extraction de ce gaz (fracturation hydraulique) n'en maîtrisent pas sa sortie, provoquant des dégâts environnementaux tels la pollution des nappes phréatiques, ce à quoi les écologistes montrent leur opposition à un tel projet en France mais d'autre part, les pays exploitant depuis peu cette ressource, notamment les États-Unis depuis 2009, ont vu leur prix du gaz fortement diminuer (division par deux au USA en 3 ans!), générant un gain économique (revenu, emploi et pouvoir d'achat)!
Si on trouve des techniques moins coûteuses pour l'environnement, générant un fort gain en revenus, en emplois et en pouvoir d'achat, cela permettrait de réduire l'importation de gaz en France et améliorerait la balance commerciale. Pour autant, faut-il que ce soit sur des terres inhabitées aux yeux de l'État, sinon il se mettra dans l'obligation de payer une rente aux riverains vivant à proximité d'une exploitation potentielle de gaz de schiste et/ou de leur trouver un meilleur endroit où vivre.
Donc, par rapport à la question posée, on ne peut pas vraiment parler de virage au fond chez le président dans la mesure où cela épouse ses convictions sociales-libérales (à la mode New Labour ou SPD), la preuve en est, l'oubli volontaire de la fusion de l'Impôt sur le Revenu des Personnes Physiques avec la CSG pour créer un Impôt sur le Revenu progressif, collectant à la source puis ayant une large assiette fiscale. Mais sur la forme, c'est un "changement" qui a eu lieu! Il a en quelque sorte respecté son slogan de campagne!