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JoSeseSeko

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"Il ne faut jamais prendre les gens pour des cons, mais il ne faut pas oublier qu'ils le sont." Cette phrase résume une recherche de vérité, de développer de l'information sur une variété de sujets, notamment l'économie, la politique et l'histoire. Et ce, dans plusieurs pays du monde.


Rogoff/Reinhart ou le mainstream se maintenant dans l'erreur!

Publié par JoSeseSeko sur 25 Juin 2013, 21:10pm

Catégories : #Économie, #Mainstream, #Austérité, #Rogoff, #Reinhart, #Recherche, #Dette publique, #FMI

Rogoff/Reinhart ou le mainstream se maintenant dans l'erreur!

Depuis quelques mois, on peut observer avec un certain bon sens que les politiques d'austérité recommandées en ce moment en Europe (avec comme ultime exemple, la suppression de la télévision publique ERT en Grèce par le gouvernement actuel) sont des saignées dignes des médecins de Molière, tuant davantage les malades qu'elles ne les guérissent, tel fut le cas en Amérique Latine dans les années 1980-1990, région connaissant une crise de la dette publique et une hyperinflation à cette époque.

Kenneth Rogoff et Carmen Reinhart, professeurs d'économie à Harvard, ex-économistes en chef au Fonds Monétaire International, dont on enseigne leurs modèles à la fac (j'écrirai plus tard un article plus détaillé sur l'enseignement de l'économie à l'université), ont publié un article de recherche fin 2010, intitulé “Growth in a Time of Debt”, dans l'American Economic Review, démontrant qu'au-delà du seuil de 90% de dette publique, un pays entrait en récession (-0,1% en moyenne). Voilà une justification scientifique, implacable des politiques d'austérité en Grèce par exemple! Ceci impliquant une réorientation de la dépense publique, de telle manière à ce qu’elle soutienne la croissance (dépenses en R&D), en considérant qu’une dépense publique réduite peut être plus efficace et qu’il faut baser une croissance moins dépendante du secteur public vu que la puissance publique, à cause de son endettement, a une marge de manœuvre économique rétrécie.

Or, Thomas Herndon, doctorant à l'université d'Amherst, a repris les données de Rogoff et Reinhart dans un working paper du Political Economy Research Institute, intitulé “Does High Public Debt Consistently Stifle Economic Growth? A Critique of Reinhart and Rogoff”, datant du 15 avril dernier et a conclu que pour ce même seuil de dette publique, un pays pouvait connaitre de la croissance (2,2% en moyenne) et non une récession, car Rogoff et Reinhart ont omis quelques pays dans leur calcul économétrique. Or, l’omission de variables est considérée comme la médaille d’or des biais dans un calcul économétrique, faussant les résultats et donc l’interprétation à donner. Et voilà comment on arrive à un effet papillon! Une politique de rigueur voulant assainir les comptes publics et baser une croissance moins liée au secteur public finit par provoquer une récession, une aggravation de la dette publique, du chômage, etc.Une petite cause (erreur de calcul) aux grandes conséquences (austérité, récession, aggravation de la dette publique, chômage, etc).

D’ailleurs les « Prix Nobel » d’Économie américains Paul Krugman ou Joe Stiglitz ou encore le collectif Les Économistes Atterrés en France considèrent que l’austérité finit par provoquer la récession, l’aggravation de la dette publique, le chômage ; que la crise présente depuis 2008 dans les pays développés a des similitudes avec celle de 1929 (modération salariale face aux gains de productivité) et qu’une réponse à cette crise peut s’exprimer à travers une relance publique de type keynésien. Mais l’efficacité espérée n’est pas (encore) au rendez-vous.

Au-delà de la remise en cause du calcul, c'est la profession d'économiste qui est elle-même remise en cause, de plus par ceux qui la représentent le plus souvent. Or, en tant qu'économistes (et je m'y inclus même si je n'ai pas véritablement terminé mon cursus universitaire en économie), nous sommes censés être prudents dans les réponses que nous avons à apporter. Mais surtout, j'espère que cela servira de leçon pour les économistes en devenant plus humbles d'une part, puis d'autre part à prendre en compte ou à émettre des alternatives loin d'être fanfaronnes (fédéralisme budgétaire, révision du statut et des objectifs de la Banque Centrale, monnaie commune au lieu de monnaie unique, réforme de la fiscalité, etc).

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