Un rapport publié lundi 8 décembre fait état d'une croissance de la pauvreté outre-Manche, alors que le taux de chômage atteint un niveau historiquement bas. Une mauvaise nouvelle pour la coalition Conservateurs/Libéraux-démocrates au pouvoir.
L'embellie britannique, où l'austérité serait source de croissance, de réduction du déficit public, du chômage, des inégalités, est-elle justifiée? Le rapport Feeding Britain, publié lundi 8 décembre, s'inscrit en porte-à-faux par rapport à cette vision angélique de l'économie britannique, racontée par le Mainstream. Ce rapport, effectué par des députés Conservateurs et Travaillistes indique un accroissement de la pauvreté chez Albion.
Hausse des salaires inférieure à celle des prix
Sans le dire explicitement, le rapport montre une perte en pouvoir d'achat des ménages britanniques, plus importante peut-être que dans d'autres pays développés. Entre 2003 (gouvernement Travailliste de Tony Blair) et 2013 (gouvernement Conservateur/Libéral-démocrate de David Cameron), les salaires ont crû de 28% au Royaume-Uni. Ce qui est plus qu'en France et en Allemagne soit dit en passant. Néanmoins, cela ne compense pas la hausse du niveau des prix de certains biens et services. Pour le même intervalle, le Royaume-Uni est le pays développé, selon les auteurs du rapport, qui a connu la plus forte inflation au niveau général (+30%), inflation marquée pour des produits tels la nourriture (+47%), l'énergie (+153,6%), ou les loyers dans l'immobilier (+35,6%).
En outre, les 20% des ménages britanniques les plus pauvres gagneraient à peine 9.530 dollars en moyenne annuelle, ce qui fait des ménages britanniques les plus pauvres des plus pauvres, en comparaison avec d'autres pays de l'OCDE, selon le rapport. Enfin, le rapport indique une dépendance accrue des ménages les plus pauvres pour le logement, l'alimentation et l'énergie puisque la part consacrée à ces 3 dépenses (que l'on peut considérer de première nécessité) est passé de 31% en 2003 à 40% en 2013 dans le budget des 10% des ménages les plus pauvres d'Albion.
Un déficit qui ne se résorbe pas (facilement)
Ce rapport tombe à un moment où le gouvernement de David Cameron a du mal à faire passer la pilule de forcer davantage de coupes budgétaires pour un déficit public qui se réduit faiblement. Il est encore prévu à près de 6% du Produit intérieur brut pour 2014, sachant que la croissance est encore inférieure à 2% du PIB pour 2014. Dans le viseur des Conservateurs, la Sécurité sociale, avec des suppressions de postes dans ce service public. Problème, c'est que cette suppression pourrait viser principalement l'Angleterre, et non l'Écosse, puisque cette dernière compte contrôler les centres de Sécu sur son sol, en vertu de transferts de souveraineté qui sont des gages pour le Premier ministre britannique suite à la victoire à la Pyrrhus du "non" à l'indépendance de l'Écosse au moment du référendum du 18 septembre.
Par ailleurs, ce déficit est lié à un problème de recettes fiscales qui n'augment pas des masses, malgré la baisse du chômage. Mais c'est juste que les emplois trouvés par les anciens chômeurs sont des emplois à faible niveau de salaire. Du coup, pas mal de travailleurs pauvres ne peuvent pas être imposables, et c'est un manque à gagner pour les finances publiques.
Pression électorale
La coalition au pouvoir peut difficilement se permettre de se planter sur les questions économiques, en cette année électorale vu qu'en Mai prochain, ce seront les élections générales. Des élections qui semblent promises à l'opposition travailliste mais ces derniers, notamment leur leader Ed Miliband, sont loin d'avoir une majorité à eux seuls d'après les sondages, et encore moins d'être en tête. Paieront-ils cher leur politique "d'Union sacrée" avec la coalition au moment du référendum écossais? Si tel est le cas, beaucoup d'électeurs traditionnellement travaillistes pourraient s'abstenir, voter pour des partis à la gauche du Labour (les Verts par exemple), voire même pour le parti ultraconservateur Ukip de l'eurodéputé Nigel Farage, qui donne également du fil à retordre à la majorité gouvernementale.
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