Le baril de pétrole continue sa baisse de prix, qui devient de plus en plus dangereuse pour l'économie mondiale, sous divers angles.
La semaine va se terminer avec un prix du baril de pétrole qui est encore au-dessus de la barre des 60 dollars à Londres (62 plus précisément), voire-même en-dessous du côté de New-York. Mais la trajectoire actuelle inquiète davantage qu'elle ne rassure les marchés financiers, les économistes et des institutions. L'Agence internationale de l'énergie, dans son rapport publié le 12 décembre, demande aux pays producteurs de pétrole de réduire leur production pour 2015 en raison d'une demande globale déclinante.
La Russie et le Venezuela scrutés de près
La grande inquiétude liée à cette évolution du prix du pétrole ces derniers mois concerne notamment la Russie et le Venezuela. Moscou, un des principaux producteurs d'or noir dans le monde pourrait être déstabilisé par cette volatilité soudaine du prix du pétrole, d'autant plus qu'il reste en froid avec les pays occidentaux en raison des sanctions économiques prises par ces derniers à cause de l'implication (plus ou moins directe) de la Russie dans les troubles qui secouent l'Ukraine depuis presque un an.
Le Venezuela est également sous l’œil du cyclone car Caracas, membre fondateur de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), utilise la manne pétrolière pour financer les programmes sociaux depuis les mandats de Hugo Chávez, et pourrait difficilement le faire avec un prix du baril qui flanche.
Frilosité des compagnies pétrolières
D'autres pays sont susceptibles de subir les contrecoups de cette chute du prix du pétrole (presque une division par deux) depuis six mois. Par exemple le Congo-Brazzaville, l'Angola, ou le Nigéria. Ces pays du continent africain, dont les deux derniers cités sont membres de l'OPEP, peuvent craindre des investissements amoindris de la part des compagnies pétrolières dans leurs puits, comme Total par exemple. Le cours baissier du baril rend ces dernières frileuses, vu qu'elles perdent également de la valeur. Les actions de groupes pétroliers tels Exxon Mobil, Chevron ou ConocoPhillips ont baissé de près de 2% (minimum) depuis juin 2014. Cela dit, il faut relativiser vu qu'elles ont une situation qui reste largement favorable.
Contexte géopolitique minimisé
Par ailleurs, on le mentionne peu, mais la présence de l'organisation État islamique en Irak et au Levant (EIIL, ou encore Daesh), a un rôle éminent dans cette trajectoire actuelle du prix du baril. En effet, l'EIIL contrôle notamment le nord de l'Irak, très riche en pétrole. Du coup, pour se financer, Daesh vend ce pétrole irakien de manière tellement bradée que des traders à Londres ou d'autres places financières l'achètent, cassant ainsi le niveau de prix global.
Demande chinoise qui coince
Mais Daesh ne suffit pas, cela va de soi, à expliquer la baisse actuelle du cours du pétrole. Il y a notamment la Chine qui est devenue, par sa demande, une vache à lait pour les pétroliers. Or, la croissance chinoise commence à tousser, au moment même où l'ex-empire du Milieu dépasse les États-Unis en tant que première économie mondiale, d'après les données du Fonds monétaire international. Et si la croissance chinoise tousse, c'est que la demande dans le marché local tend à décliner. Et toutes choses égales par ailleurs, comme disent les économistes depuis Léon Walras, le prix ne peut que baisser.
Retard de l'alternative "verte"
Mais le plus dangereux reste à venir. En effet, un prix du pétrole qui baisse pourrait attirer davantage de consommateurs. Le problème est que les réserves d'or noir dans le monde n'ont plus que quelques décennies à tenir. Et en ce temps de changement climatique, il serait plein de bon sens que de penser à investir tout de suite dans les énergies renouvelables (éolien, solaire, électrique, marine, etc.) puisqu'une fois que le contexte géopolitique sera d'une influence moindre, le prix tendra inexorablement à crever le plafond. Et nombre d'économistes l'anticipent. Or, en retardant les décisions d'investissement alternatifs du côté des entreprises ou de la puissance publique, c'est vouloir s'exposer à un effet boomerang qui sera encore plus difficile à digérer au niveau économique, social et écologique.
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