L'accord trouvé entre la Grèce et les partenaires européens implique une politique d'austérité imposée par l'Allemagne, sans aucune restructuration ou annulation partielle de la dette publique grecque. L'Union européenne reste bien fragile.
Ouf! Les marchés financiers, comme les dirigeants européens sont soulagés par l'accord trouvé au sujet de la Grèce. Il faut dire que la réunion de l'Eurogroupe, rassemblant les ministres des Finances de la zone euro, à Bruxelles, a duré tout le week-end (samedi 11 et dimanche 12 juillet). Il faut dire qu'un Grexit (sortie de la Grèce de la zone euro) aurait montré à la face du monde combien l'Union européenne (UE) porte mal son nom.
"Le Grexit a disparu"
Du coup, les déclarations pleuvent. Le président du Conseil européen, le Polonais Donald Tusk, a tenu son évangile sur Twitter:
"Le sommet de la zone a trouvé un accord à l'unanimité. Nous sommes tous prêts pour un programme d'aide pour la Grèce via le Mécanisme européen de stabilité (MES), avec des réformes sérieuses et un soutien financier."
EuroSummit has unanimously reached agreement. All ready to go for ESM programme for #Greece with serious reforms & financial support
— Donald Tusk (@eucopresident) 13 Juillet 2015
Le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne, déclare même que "le Grexit a disparu". Cette nouvelle est saluée, vous vous en doutez bien, mes chers lecteurs, par les marchés financiers. Le CAC 40, l'indice boursier de Paris, voit son cours remonter depuis l'ouverture à 9h, ce matin. Signe que les investisseurs se félicitent de la nouvelle.
Une austérité imposée à Syriza
En y regardant de plus près, l'accord implique une politique d'austérité. En effet, les signataires de l'accord indiquent que la Grèce doit non seulement faire des réformes sur la fiscalité (hausse de la TVA, élargissement de l'impôt sur le revenu, coupe dans les pensions de retraite, ce qu'a proposé le Premier ministre grec Aléxis Tsípras à ses créanciers, contrairement au référendum du 5 juillet dernier, mais aussi un respect total du Traité de Stabilité, Coordination et Gouvernance, en place depuis 2012, un plan de privatisations à hauteur de 50 milliards d'euros, une réduction des coûts de l'administration publique, une annulation de la décision de la Cour constitutionnelle grecque sur la réforme des retraites de 2012, etc.
Bref, c'est un plan d'austérité qui est imposé au gouvernement Syriza-Grecs indépendants, appelant à remettre en cause toutes les lois votées depuis l'élection de Tsípras, en janvier dernier. Et ce, d'autant plus que l'Eurogroupe exige que les premières mesures soient votées au Parlement grec d'ici le mercredi 15 juillet.
Le Grexit, toujours là
Puis, c'est écrit noir sur blanc dans l'accord, dont vous trouverez le lien ci-dessous d'une copie fournie par le Financial Times, chers lecteurs, il n'y a pas de contrepartie à propos de la dette. Un passage est très clair là-dessus: "L'Eurogroupe souligne que des réductions [nominales] de la dette ne peuvent pas être entreprises." Pas question, pour les européens, d'organiser une restructuration ou une annulation partielle de la dette publique grecque.
Puis si l'accord n'est pas entériné, notamment par le Parlement grec, alors la Grèce sera virée de la zone euro. Donc, deux choix cornéliens sont offerts à Tsípras et à sa majorité: soit accepter cet accord et renier tous les engagements pris par le passé et parfois tenus depuis l'arrivée au pouvoir, afin de soulager la souffrance du peuple grec; soit, refuser cet accord et quitter de facto la zone euro, alors que ses compatriotes y sont fermement attachés, et devoir recréer la drachme comme devise nationale. En bref, la soumission ou l'expulsion!
Un accord à l'allemande
Quand bien même sur la forme, ce serait la France qui aurait réussi son coup, par son attitude "conciliatrice", selon la grande presse et que l'objectif de maintenir la Grèce dans la zone euro "est atteint" selon le président François Hollande, au bout du compte, c'est bien l'Allemagne qui tire les ficelles, une fois encore. Le texte est clairement dans la lignée de la chancelière Angela Merkel et de son ministre des Finances, Wolfgang Schaüble. Berlin ne compte pas lâcher le morceau face à Athènes, et les conservateurs d'outre-Rhin entendent bien détruire Syriza et la menace qu'il représente sur le reste de l'Europe, en particulier en Espagne et au Portugal, où les élections législatives approchent et que la gauche radicale dans la péninsule ibérique peut jouer les arbitres, voire être en position de jouer la gagne.
On ne peut que rejoindre certains observateurs, comme le prix Nobel d'économie Paul Kurgman dans son blog du New York Times, qui évoquent un coup d'État mené par les "partenaires européens" envers la Grèce avec un accord dont les mesures ressemblent à "de la folie". En tout cas, on est véritablement loin d'en avoir terminé avec cette crise européenne, dont la trame principale se déroule à Athènes, mais qui peut se délocaliser à Madrid, Lisbonne, Dublin, Rome ou Paris.
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