Une crise européenne et non grecque
Suite à l'annonce des propositions du Premier ministre Aléxis Tsípras, qui semblent se joindre à ce que veulent ses créanciers, il se pourrait qu'une issue serait trouvée à la crise grecque, mais c'est loin d'être une évidence, sachant que la balle est dans le camp des partenaires européens.
Est-ce le dernier round de la crise grecque, comme le titre en une (grotesque) le journal gratuit Direct Matin, dans son édition du vendredi 10 juillet? Beaucoup veulent y croire et dans ce cas, ce serait une victoire des créanciers sur la Grèce à plate couture, en dépit du référendum où le "Non" l'a emporté, dimanche 5 juillet. En effet, Tsípras a tendu la main en faisant une liste de propositions considérée comme semblable à l'accord trouvé en juin dernier et pourtant refusé par le récent référendum.
Victoire posthume du "Oui"?
Le Parlement grec a entériné les propositions du gouvernement vendredi soir par 251 voix (sur 300). C'est dire si ça dépasse le parti Syriza, du Premier ministre, sachant que l'aile gauche de son parti n'a pas voté pour, considérant que c'est une politique d'austérité qui est exigée par le pouvoir exécutif, et au-delà, une capitulation en rase campagne de la part de Tsípras face aux autres européens, en particulier, l'Allemagne.
Du coup, beaucoup d'observateurs parlent d'une victoire posthume du "Oui" (Nai en grec), un peu comme le traité de Lisbonne voté par le Parlement après le refus du TCE par référendum en France, car les propositions grecques vont dans le sens de l'accord trouvé en juin dernier. À savoir, un relèvement de la TVA à 23% dans l'hôtellerie ou la restauration, une égalisation de l'imposition entre les îles grecques et le continent, une fiscalisation des armateurs, de l'Église orthodoxe grecque, une coupe dans les pensions de retraite, des programmes de privatisation (notamment les ports du Pirée et de Thessalonique), et enfin, une réduction des dépenses pour la défense. Mieux, selon Romaric Godin, journaliste à La Tribune, le montant de ces économies serait estimé à plus 13 milliards d'euros sur trois ans, bien plus que durant la précédente proposition de juin dernier (8 milliards d'euros).
Isolement de la Grèce
Mais cette "capitulation" est davantage signe d'un isolement de la Grèce au sein de l'Union européenne, qui n'a jamais si mal porté son nom. Car il s'agit plutôt d'une ligue contre la représentation de la Grèce, depuis que Syriza a gagné les élections législatives anticipées en janvier 2015. Et ce vote-là pour Syriza n'a jamais été digéré par les partenaires européens, l'Allemagne en première ligne. Du coup, il fallait discréditer sans scrupule Tsípras et ses alliés, en le faisant passer pour un affreux gauchiste (alors qu'il a montré depuis près de six mois une attitude de social-démocrate à l'ancienne), n'accorder aucune importance au message des électeurs grecs en raison de la soi-disant supériorité de la politique d'austérité à l'échelle continentale, qui n'est pourtant pas efficace d'après plusieurs économistes reconnus (prix Nobel Joe Stiglitz et Paul Krugman, James K. Galbraith, Thomas Piketty, etc.).
Du côté d'Athènes, il fallait résister jusqu'à la fin de l'année car des élections législatives auront lieu au Portugal et en Espagne, deux pays où les vagues d'austérité ont été appuyées et où la gauche radicale locale (Bloc de gauche ou la Coalition démocratique unitaire au Portugal; Podemos ou Gauche unie en Espagne) peut jouer un rôle d'arbitre ou de vainqueur. Du coup, les propositions grecques pourraient bien briser cet élan du côté des gauches radicales dans ces deux pays-là, et les rendre marginaux.
Déni démocratique
Toujours est-il que désormais, la balle est dans le camp des partenaires européens. Deux choix s'imposent pour eux.
- Accepter la proposition grecque en estimant qu'elle consacre leur victoire, à l'usure, sur le gouvernement grec, et qu'à l'avenir, il faudra se plier à la Troïka, sous peine de sortir de la zone euro.
- Considérer que c'est encore insuffisant pour les créanciers européens, qui agiraient alors comme des enfants capricieux qui en veulent toujours plus, et par conséquent, provoqueraient le "Grexit" tant redouté et tant renforcé ces derniers jours.
Et là, ce ne serait pas vraiment une capitulation de la part de Tsípras et une fin de la crise grecque. Ce serait mettre le reste de l'UE devant ses responsabilités et ouvrir une nouvelle page dans la crise européenne actuelle. Et certains observateurs (journalistes, économistes, politiciens, etc.) estiment que ce serait un bon coup de la part du gouvernement grec, d'autant plus que si les créanciers acceptent en contrepartie de renégocier la dette publique, en la restructurant ou en annulant une partie.
En tout cas, l'UE a montré son visage. Celle d'un club antidémocratique, soumis à une règle de pensée qu'est l'orthodoxie économique, qui peine à être efficace. Une oligarchie sourde aux messages de certaines populations qui ont connu un effondrement de leur niveau de vie, et par ce biais, elle renforce un extrême (l'extrême-droite), qui monte dans l'ensemble de l'Union, mais davantage dans le Nord que dans le Sud de l'UE.
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