Suite à l'annonce du retrait états-unien de l'accord de Paris, une vague d'indignation s'est développée à l'intérieur des États-Unis et à l'international. Dans ce dernier cas, la réaction est risible car la politique environnementale des autres pays riches est similaire à celle de Washington, rechignant à véritablement lutter contre le réchauffement climatique.
Tout le monde hurle au loup depuis l'annonce du retrait des États-Unis de l'accord de Paris sur le climat par le président Donald Trump. La vague d'indignation sur cette décision est internationale. Notamment en France, pays où l'accord sur la lutte contre le réchauffement climatique a été trouvé en décembre 2015. Emmanuel Macron, le nouveau président français, a lancé un discours offensif envers Trump, parlant d'une "faute" de la part du président états-unien, et profitant de l'occasion qui lui est donnée, pour détourner le slogan de Trump en 2016 "Make America great again" (rendons sa grandeur à l'Amérique) en "Make our planet great again" (rendons sa grandeur à notre planète). Ce qui a enthousiasmé la cour pro-Macron sur les réseaux sociaux ou dans les mass media.
Une opposition intérieure
Le premier effet de la déclaration du locataire de la Maison-Blanche est d'avoir fait réveiller une opposition intérieure. En effet, plusieurs États, comme la Californie, ou des communes comme New-York ou Pittsburgh ont fait savoir qu'ils appliqueraient l'accord de Paris, critiquant de fait la position du président états-unien (cf liens n°1 et n°2). Le gouverneur de Californie, Jerry Brown, parle même d'une désertion de la part de Trump au sujet du réchauffement climatique.
Cette opposition n'est pas seulement politique. Elle est également économique. Plusieurs entreprises, dont le pétrolier Exxon Mobil (cf lien n°3), plusieurs patrons de grandes entreprises, de banques (cf lien n°4) affirment depuis plusieurs mois, et encore plus depuis le 1er juin, leur opposition à un retrait de l'accord de Paris. Pourquoi? Parce que l'emploi se fait essentiellement dans les énergies renouvelables, avec des investissements devenus massifs ces dernières années sur ce secteur économique, selon plusieurs études économiques aux États-Unis. Reste à voir l'ampleur des futures manifestations contre cette décision, aux quatre coins du pays.
Un isolement partiel
La réaction indignée du reste du monde laisse entendre que Washington va se retrouver isolé au niveau diplomatique. Pour certains (cf lien n°5), c'est une occasion pour plusieurs pays ou espaces communautaires de s'affirmer au niveau international comme des champions de la lutte contre le réchauffement climatique. Et tout particulièrement la Chine et l'Union européenne (UE). Pour Pékin, la décision de Trump est une perche tendue pour améliorer son image car la Chine est le premier pollueur de la planète en termes d'émissions de CO2 - les États-Unis étant deuxièmes sur ce classement, mais premiers en termes d'émissions de CO2 par habitant -. D'ailleurs, plusieurs projets d'investissements dans les énergies renouvelables ont été lancés par Pékin, et cela pourrait tendre à s'accélérer, car beaucoup d'observateurs pensent que la décision états-unienne va servir d'électrochoc salutaire. Pour l'UE, c'est une nouvelle occasion en or pour affirmer auprès de la population qu'elle sait s'opposer aux États-Unis, et non pas seulement s'aligner sur ce que fait Washington.
Mais l'isolement sera-t-il seulement diplomatique? C'est la tendance qu'on peut observer. "Tout le monde regarde encore les États-Unis avec des grands yeux et consomme des produits américains" déclare l'économiste Thomas Porcher dans l'émission C dans l'air du 2 juin 2017 (cf vidéo ci-dessous), pointant du doigt combien les États-Unis sont largement pardonnés pour leurs fautes (guerre en Irak, crise des subprimes) et se demandant jusqu'où le reste du monde peut aller pour sanctionner l'attitude de Trump. Peut-être qu'il faudrait faire du protectionnisme envers les États-Unis car après tout, Washington compte faire du protectionnisme et il peut se le permettre en tant que pays riche.
Bal des faux-culs
Par conséquent, on assiste à un bal des faux-culs en direct car ça joue les vierges effarouchées, notamment dans l'UE, mais ça tient à échanger économiquement avec les USA. Cette dépendance économique, en Europe comme ailleurs, est doublée d'une dépendance militaire. Par exemple, l'Europe de l'Est tient à avoir de bonnes relations avec les États-Unis car elle a une peur manifeste de la Russie, qui se sent elle-même menacée du fait que ces pays (Pologne, Lettonie, Lituanie, Estonie, Ukraine) intègrent ou soient proches d'intégrer l'Organisation du traité de l'Atlantique nord. Ou encore, du côté du Japon car Tokyo tient à un soutien militaire de la part de Washington face à la Chine et à la Corée du Nord. Tant que cet équilibre économique et militaire, avantageux pour les États-uniens, n'est pas menacé, l'indignation collective en matière d'environnement est tout bonnement hypocrite.
Cette hypocrisie est même double car ces pays, notamment les plus développés, ne valent pas mieux que les USA en matière d'environnement. Que ce soient des dirigeants comme Macron, Justin Trudeau, Angela Merkel, qui disent prendre avoir conscience du danger mais qui "font des politiques économiques climatosceptiques" souligne Porcher, membre du collectif les Économistes atterrés. Des exemples? Merkel qui a relancé le charbon en Allemagne, comme souhaite le faire Trump, depuis la catastrophe nucléaire de Fukushima, le 11 mars 2011; Trudeau qui maintient un projet d'oléoduc dans la province de l'Alberta, contrairement à ses engagements de campagne. Enfin, si le gouvernement français, en la personne d'Édouard Philippe, Premier ministre, dénonce la "décision calamiteuse" de Trump, il n'en reste pas moins que le locataire de l'hôtel Matignon est un ancien d'Areva, pro-nucléaire, et que lui et Macron ne comptent pas tellement réduire la dépendance de la France au nucléaire, alors que 19 centrales sur 58 seront en fin de vie d'ici 2022.
Bref, c'est pas demain la veille que l'écosocialisme et la décroissance verront le jour, vu que le modèle productiviste-consumériste made in USA a envahi les têtes et les corps. Et comme le disait Ghandi: "Il y a assez de tout dans le monde pour satisfaire aux besoins de l'homme, mais pas assez pour assouvir son avidité".
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