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JoSeseSeko

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"Il ne faut jamais prendre les gens pour des cons, mais il ne faut pas oublier qu'ils le sont." Cette phrase résume une recherche de vérité, de développer de l'information sur une variété de sujets, notamment l'économie, la politique et l'histoire. Et ce, dans plusieurs pays du monde.


La répression comme mode d'expression privilégié du pouvoir

Publié par JoSeseSeko sur 27 Janvier 2019, 23:05pm

Catégories : #Économie, #Politique, #Manifestation, #Gilets Jaunes, #Gouvernement, #Macron, #Police, #Lutte des classes

Photo: JoSeseSeko

Photo: JoSeseSeko

Si la 11e journée de manifestation des gilets jaunes marque un peu le pas, les violences policières contre eux restent constantes. Signe que le pouvoir tient à museler le mouvement social, quand ses partisans se mobilisent à peine.

Est-ce que le mouvement des gilets jaunes s'essouffle, comme l'assurent le pouvoir et les mass media? Si ce n'est pas un essoufflement, il faut quand même noter que la onzième journée nationale de mobilisation, samedi 26 janvier, a été moins mobilisatrice que la précédente. Selon la police, 69.000 manifestants contre 84.000 la semaine dernière. Selon les gilets jaunes, 123.151 manifestants contre 147.365 le 19 janvier dernier.

Tension continue

Le moins que l'on puisse, notamment dans le cortège parisien, où près de 10.000 personnes, réparties sur plusieurs cortèges pour se rejoindre à la place de la Bastille, ont battu le pavé humide et frais, la tension était continue. D'abord, entre gilets jaunes. En effet, dans le cortège parti des Champs-Élysées, passant devant le ministère de l'Économie et des Finances, des fascistes portant des gilets jaunes s'en sont pris à des gilets jaunes antifascistes, clamant "On ne veut pas d'antifas", ont agressé des militants du Nouveau parti anticapitaliste déclarant "faire la bise à Clément", du nom de Clément Méric, militant antifa tué par des fachos en 2013, puis près du pont de Bercy, il ont agressé des syndicalistes de SUD, de Solidaires, qui portaient leurs gilets violets, criant "pas de syndicats" au nom de l'axe apolitique du mouvement. Comme disait l'autre: "Les cons, ça ose tout. C'est même à ça qu'on les reconnaît".

Mais cette tension est surtout liée aux forces de l'ordre social. Le cortège parti des Champs-Élysées est arrivé en premier à la place de la Bastille et plus d'une heure après, un deuxième cortège fait jonction sur la place. À partir de là, la situation, auparavant calme, a tourné à l'affrontement; les flics usant sans modération et sans sommation de gaz et grenades lacrymogènes, sans compter les charges de CRS ou de la BAC pour interpeller des manifestants. D'ailleurs, c'est durant l'une de ces charges qu'une des figures des gilets jaunes, Jérôme Rodrigues, a été mutilée à l'œil par une grenade de désencerclement, alors qu'il ne faisait rien, sinon filmer ce qui se passait autour de lui. Le mutilé a porté plainte, obligeant une enquête de l'Inspection générale de la police nationale (cf lien n°1); autant dire que ça aura tendance à étouffer l'histoire, comme toute violence policière d'ailleurs.

Criminalisation

Le pendant de la répression policière croissante depuis deux mois, c'est la criminalisation du mouvement. À Bordeaux, Maxime Nicolle, un des gilets jaunes les plus médiatisés, a été interpellé dans la soirée en raison d'un refus de se disperser alors qu'il comptait, avec 200 gilets jaunes, mener une "nuit jaune" dans le centre de Bordeaux (cf lien n°2). D'ailleurs, toujours à Bordeaux, Le Média relate le procès d'un jeune manifestant (19 ans) pour "violence sur personne dépositaire de l’autorité publique [sans ITT]", "destruction d’un bien" et "rébellion". Considéré comme un anarchiste en raison d'un pull à l'effigie de la série Sons of Anarchy, qui n'évoque en rien l'anarchisme comme philosophie politique, il a été condamné à un mois de prison avec sursis plus 200 euros de préjudice moral (cf lien n°3).

Gilets Jaunes = Nuit Debout?

En parlant de "nuit jaune", une tentative, autorisée, eut également lieu à Paris, place de la République, là même où s'était développé le mouvement Nuit Debout au printemps 2016. Ce clin d'œil non voulu permet d'indiquer, comme je l'avais fait peu après la première journée de manifestation, que des similitudes sont quand même présentes entre Nuit Debout printemps 2016 et Gilets jaunes hiver 2018-2019. Une volonté de justice sociale et fiscale, une violence policière subie, un traitement médiatique passant de la bienveillance paternaliste au dénigrement systématique, une revendication à davantage de démocratie. En bref, un fourre-tout citoyenniste, comme c'était le cas au printemps 2016.

Mais un autre élément de similitude vient à l'esprit. C'est une sorte d'entre-soi "blanc, mâle". Avec des nuances. Autant pour Nuit Debout, il s'agissait de citadins parisiens, de cadres ayant fait des études supérieures, autant pour les Gilets jaunes, il s'agit d'employés, d'ouvriers de province, avec des études stoppées au niveau du Bac, avec une plus grande proportion de femmes impliquées dans ce mouvement par rapport à Nuit Debout, plus ou moins raccord avec la proportion de femmes dans les classes sociales exploitées ou exploiteuses. Mais il demeure un questionnement sur la présence, ou plutôt la non-présence des "non-blancs". Une explication serait à trouver dans le fait que ces luttes pour la justice sociale, contre les violences policières, le tout doublé de racisme institutionnel, les non-blanc(he)s habitant dans les banlieues les portent depuis des années, dans une relative hostilité à leur égard - les quartiers populaires ont mauvaise presse -, mais surtout dans l'indifférence générale face à leur sort et à leurs luttes. Puis en cas d'affrontement entre manifestants et forces de l'ordre social, les banlieusards seraient facilement accusés d'être des "casseurs", des semeurs de violence, offrant ainsi un cadeau au pouvoir (cf lien n°4). Quand bien même des collectifs comme le Comité Adama avaient appelé à la jonction avec les gilets jaunes à partir de la fin novembre (cf lien n°5).

Faible soutien gouvernemental

Si le pouvoir tient à manier l'arme de la répression par la police puis la justice ensuite, n'est-ce pas parce qu'il manque d'assise populaire? En tout cas, la marche des foulards rouges, ouvertement partisans du président Emmanuel Macron, qui s'est déroulée ce dimanche 27 janvier à Paris, donne une certaine réponse, avec 10.500 personnes mobilisées selon la police. Les organisateurs estiment avoir réussi leur coup, en espérant minimum 10.000, mais c'est un aveu de faiblesse en fait. Car les organisateurs, pro-gouvernement, estimaient que la "France silencieuse" marcherait massivement pour défendre les libertés et la politique gouvernementale face aux démonstrations des gilets jaunes. Si ce n'est pas tellement plus nombreux à marcher à Paris par rapport aux cortèges des Gilets jaunes, c'est qu'il y a un problème de popularité criant.

D'autant plus que les foulards rouges se sont distingués par leur mépris envers les gilets jaunes, clamant qu'ils seraient tous des fachos, alors que le mouvement des gilets jaunes affiche des tendances contradictoires, comme rappelé ci-haut; ou des insultes à l'égard du gilet jaune Rodrigues mutilé. Puis, comble de l'arrogance stupide, des foulards rouges se vantent de ne pas avoir manifesté dans la violence face aux flics et aux gendarmes. Mais ce qu'ils oublient, c'est que les forces de l'ordre social savent reconnaître qui elles servent et qui sont à dégommer.

Bref, la lutte continue.

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