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JoSeseSeko

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"Il ne faut jamais prendre les gens pour des cons, mais il ne faut pas oublier qu'ils le sont." Cette phrase résume une recherche de vérité, de développer de l'information sur une variété de sujets, notamment l'économie, la politique et l'histoire. Et ce, dans plusieurs pays du monde.


Vent d'espoir pour l'Algérie

Publié par JoSeseSeko sur 3 Mars 2019, 17:01pm

Catégories : #Économie, #Politique, #Afrique, #Algérie, #Bouteflika, #FLN, #Élections, #Manifestation

Photo: Twitter

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La série de manifestations en Algérie et ailleurs contre la candidature d'Abdelaziz Bouteflika pour un cinquième mandat s'intensifie et parallèlement, les craintes des pays en relation avec Alger aussi, sur du risque de guerre civile et de retour du terrorisme, comme durant les années 1990.

"Non au 5e mandat de Bouteflika". Ce cri est lancé depuis quelques semaines par plusieurs dizaines, voire centaines de milliers de manifestants en Algérie et dans la communauté algérienne vivant à l'étranger, notamment en France, l'ancien colonisateur, contre la candidature d'Abdelaziz Bouteflika, au pouvoir depuis 1999. Avec le soutien de Djamila Bouhired, héroïne de la guerre d'Algérie, qui avait été condamnée à mort en 1957 par l'armée française, finalement graciée en 1962, peu avant l'indépendance (cf lien n°1), qui a manifesté avec les dizaines de milliers de manifestants à Alger, le 1er mars. En outre, ce dimanche, la communauté algérienne vivant en France manifeste également contre la candidature de Bouteflika, sachant que ce 3 mars est la date limite de dépôt de candidature pour l'élection présidentielle, prévue le 18 avril prochain (cf lien n°2).

La jeunesse dans la rue

Cette série de manifestations est surtout l'œuvre de la jeunesse algérienne. Comme l'indique le journaliste Abdou Semmar dans un entretien auprès du Média (cf vidéo), la majorité de la population algérienne a moins de 35 ans. Parmi eux, beaucoup sont à peine âgés de 20 ans. Ce qui fait que des millions d'algérien(ne)s n'ont connu que Bouteflika au pouvoir et n'ont pas connu la guerre civile, dite "décennie noire", qui fit plusieurs dizaines de milliers de morts et près d'un million de personnes déplacées, durant les années 1990. Et cette jeunesse contestataire est aussi une jeunesse qui est exposée à un chômage de masse, en dépit des capacités économiques du pays, notamment en matière de pétrole et de gaz qui ne profite plus tellement à l'ensemble de la population, mais à une bourgeoisie qui est liée au pouvoir politique à travers une corruption généralisée et une presse muselée, censurée. Et ce qui pourrait être, en cas d'échec de la contestation ambiante, l'enclenchement d'un processus similaire à celui que connaît le Venezuela actuellement, tant les structures économiques, avec un grave problème de réserves de change par exemple, sont vraisemblablement similaires selon Semmar.

L'Algérie n'est pas la Syrie

Cependant, le gouvernement, mené par le Front de libération nationale (FLN), le parti de la lutte pour l'indépendance algérienne et ancien parti unique, a commencé à ressortir cette rhétorique du retour aux années 1990 pour discréditer des manifestations considérées comme pacifiques, avec très peu de violences policières ou de violence envers les forces de l'ordre social recensées jusqu'à présent. Mais surtout, le Premier ministre Ahmed Ouyahia a fait agiter la menace d'un scénario à la syrienne, en guerre civile et régionale depuis 2011 (cf lien n°3), pour dissuader les esprits d'aller plus loin dans leurs revendications, et donc de menacer un régime politique dans lequel l'armée, pour l'instant muette, n'est pas sans influence sur la conduite de la politique algérienne depuis l'indépendance.

Ce parallèle lancé par le Premier ministre algérien est indigne, selon le journal Tout sur l'Algérie (cf lien n°4), indiquant que l'Algérie présente une plus grande homogénéité que la Syrie "au niveau confessionnel" - certaines minorités, notamment les kabyles ne sont pas tellement évoquées dans l'article - ; la présence des algérien(ne)s sur les réseaux sociaux est vue comme une alternative à l'information étatique et aux chaînes privées détenues par des affairistes en lien avec l'État; puis ce qu'ils tirent des leçons de l'extérieur, notamment de la Syrie et de la Libye, pour éviter de tomber dans les mêmes travers que ces pays en guerre civile, de même que le refus de récupération politique tant par les mouvements islamistes que par les partis de gauche ou d'extrême-gauche, plus laïcs et plus portés par la transformation sociale. Ce qui peut nous faire penser que cette protestation n'est pas apolitique, bien au contraire, mais qu'elle est surtout apartisane, et qu'elle cherche à être autonome dans sa ligne de conduite face à un pouvoir affaibli par la santé de Bouteflika, qui fait office de fantôme depuis 2014.

Craintes occidentales

Cette jeunesse algérienne en mouvement, en train de renouveler le moteur de l'histoire, ne fait pas que des heureux. Elle soulève volontiers des craintes dans les pays occidentaux, et tout particulièrement en France. Paris observe avec appréhension ce qu'il se passe du côté d'Alger et est tenté de rechercher le statut quo avec les autorités algériennes dans la mesure du possible, tant l'ancienne métropole et l'ancienne colonie ont des relations importantes mais complexes depuis l'indépendance (1962). La première crainte est démographique. Un million de personnes ont la double nationalité franco-algérienne et plusieurs millions de français(es) ont des origines algériennes. En cas de crise grave en Algérie, voire de guerre civile, voir un afflux d'exilé(e)s algérien(ne)s ne ferait qu'accroître les tensions en France, mais aussi dans le reste de l'Union européenne, sur la question migratoire, déjà ô combien sensible depuis le début de la guerre civile syrienne.

La deuxième crainte est liée à l'histoire. Quelque part, Paris pourrait être tenté, comme Alger, d'agiter le spectre du terrorisme, car la décennie noire a servi de terreau à des groupes terroristes, notamment le GIA, qui ont mené des attentats en France, notamment celui dans la station de RER Saint-Michel à Paris, en juillet 1995. Et avec ce qu'a produit l'intervention occidentale dans la Libye voisine, où le terrorisme a un terrain d'entraînement, si l'Algérie venait à revivre une guerre civile, des groupes terroristes, notamment Daech, pourraient s'y installer et ainsi se rapprocher des pays européens, qui sont des cibles de choix.

En tout cas, ce sont les algérien(ne)s qui prennent leur destin en main, et c'est à soutenir de vive voix!

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