Le yo-yo des gilets jaunes
L'acte 21 est le moins mobilisateur depuis le début du mouvement, mais cela ne permet pas de dire s'il y a un essoufflement ou si c'est une tactique pour revenir de manière plus intensive battre le pavé pour d'autres dates.
À force, on s'habitue de voir des défilés de gilets jaunes le samedi. Et le 6 avril n'a pas fait exception. Cela étant, le décompte fait par les gilets jaunes serait de 73.289 manifestants, dont 21.600 à Paris, répartis sur deux cortèges. Ce qui est bien moins que la semaine dernière (102.713), et en fait, l'acte 21 est celui qui a le moins mobilisé depuis le 17 novembre, date de lancement de la première journée de mobilisation nationale de ce mouvement social.
Coups de pression
Vu ce faible nombre recensé, masqué par une mobilisation parisienne plutôt constante, ça peut donner raison au gouvernement et à la (ré)pression qu'il mène envers ce mouvement, où ça se joue à l'usure tels des boxeurs sur un ring de boxe. D'ailleurs, le ministère de l'Intérieur se targue d'avoir procédé à plusieurs interpellations avant la manifestation, notamment à Paris, puis les forces de l'ordre (social) ont une certaine latitude à mettre des coups de pression, à mener des personnes en garde à vue sans véritable raison. Par exemple, des membres de la rédaction du site Le Media ont été mis en garde à vue à la fin de la manifestation parisienne qui avait rejoint l'arche de La Défense, samedi, pour être finalement relâchés ce dimanche 7 avril. Si ce n'est pas considéré comme de l'intimidation de la part d'un pouvoir aux abois envers la liberté de la presse auprès de vous, chers lecteurs et chères lectrices, c'est dire si la pente sécuritaire se transforme en virage totalitaire, avec un consentement aveugle.
Nos camarades de @LeMediaTV, Chloé et Guillaume, ainsi que @lucasgautheron, viennent de sortir de garde à vue. Immense soulagement. Aucune poursuite. Cette opération était un abus de plus, une fumisterie de plus, de la part d'un pouvoir aux abois. Merci pour tout le soutien reçu.
— Aude Lancelin (@alancelin) 7 avril 2019
Hello les twittos journalistes. Des membres de l'équipe de @LeMediaTV sont depuis hier en garde à vue sous des prétextes à crever de rire, si ce n'était pas douloureux et révélateur de la dérive de nos institutions. On fait quoi ? Vous dites quoi ? Positionnez-vous bordel.
— kouamouo (@kouamouo) 7 avril 2019
Bon ba c’est parti pour un petit topo à dérouler post garde à vue 🤷♀️
— Snae (@snae_bpkc) 7 avril 2019
Or donc, hier manif gilets jaunes jusqu’à La Défense. Rien à signaler. Mais vraiment rien hein. Difficile de faire marche plus tranquille dans le climat actuel.
Bref, on rentre tranquillement avec 5 amis ... pic.twitter.com/tkHZEdQ0np
Finalement, est-ce que les gilets jaunes n'essaient pas de faire endormir un pouvoir en se mettant en sommeil, tel un volcan où le magma se compresse, en attendant qu'il se dégaze, remontant à la surface et provoquant ainsi une éruption volcanique? Cette analogie que je fais peut correspondre à l'attitude des gilets jaunes, durant le mois de février et le début du mois de mars, car on pouvait observer une baisse de la mobilisation sur l'ensemble de la France, puis lors du 16 mars (acte 18), une remontée spectaculaire dans la mobilisation eut lieu, avec les images de violences matérielles, symboliques, sur les Champs-Élysées, largement diffusées; puis la convergence faite avec la marche du siècle au sujet du climat et la marche des solidarités contre le racisme d'État.
Du coup, la question est de savoir si ce phénomène pourrait se répéter ou pas. Deux dates sont évoquées pour voir un effet similaire, voire amplifié, en comparaison avec le 16 mars. Le 20 avril et le 1er mai. Le 20 avril car c'est un samedi, le premier samedi des vacances de Pâques pour Paris; puis le 1er mai, histoire de voir si la jonction avec les syndicats prendrait forme ou pas, tant gilets jaunes et syndicats ont une relation pour le moins complexe.
Affaire à suivre!