La jonction faite entre la manifestation des gilets jaunes et la marche pour le climat, samedi 21 septembre, montre combien des problématiques mises en opposition par un pouvoir soucieux de satisfaire la classe dominante sont en fait reliées, et que la répression policière n'en est que plus importante.
Si on devait formuler une métaphore à l'égard des gilets jaunes, ce serait celle d'un magma qui se forme sous terre et qui remonte, se transformant en lave en remontant à la surface via une éruption volcanique. Si durant l'été, quelques centaines de gilets jaunes continuaient ce round face au pouvoir, il est clair que le 21 septembre, date du 45e round, a montré qu'en dépit de la répression policière exercée, ce mouvement n'a pas perdu de sa capacité à entrer en éruption. Cela étant, c'est en se greffant avec la marche pour le climat que l'idée d'un retour de flamme semble s'opérer, faisant ainsi comptabiliser 50.000 personnes battant le pavé parisien selon les organisateur (15.000 selon la police).
Excitation mutuelle
Cependant, ce que les mass media n'arrivent qu'à faire retenir auprès des téléspectateurs, ce sont les images de violences, de dégradations de la voie publique, organisées par le cortège de tête, et tout particulièrement les black blocs, notamment sur le boulevard Saint-Michel. Si des black blocs ont effectivement cassé en premier lieu une agence bancaire peu sécurisée, ça reste dans leur tactique habituelle. Mais cela génère de l'excitation du côté de la police qui trouve une justification toute faite pour gazer, charger l'ensemble des manifestants. Ce qui fait que des gosses ont reçu du gaz lacrymogène. Et comme on est dans une logique d'excitation mutuelle, des black blocs ont cassé les vitres d'une agence d'assurance après plusieurs charges de flics accompagnées d'envois de gaz. Par conséquent, le cortège dût reculer et fut cantonné au niveau du jardin du Luxembourg pendant plusieurs dizaines de minutes avant de pouvoir repartir.
Mais la tension restait palpable, avec des flics chargeant et/ou gazant à tout va, s'en prenant ainsi gratuitement à des manifestant(e)s comme à l'angle du boulevard de Port-Royal et du boulevard Arago par exemple, ou bien chargeant deux secondes à peine après avoir lancé une sommation, comme sur l'avenue des Gobelins par exemple. Un scénario qui se répète jusqu'à Bercy, où la présence des manifestants à proximité de l'AccorHotels Arena dût pousser les forces de l'ordre à y aller manu militari. Sinon, il en ressort plusieurs dizaines d'interpellations, pour la joie du ministère de l'Intérieur, dont celle d'un policier venu manifester (cf lien n°1). Mais au-delà, il y a de quoi avoir une image ternie d'une police milice tellement imprécise que des touristes présents sur les Champs-Élysées ont été gazé(e)s. Mais, pour nombre de mass media, c'est de la faute des Gilets jaunes si le tourisme baisse à Paris, et non les violences policières (cf lien n°2)!
Avant cette journée de mobilisation, plusieurs éditorialistes, ayant pignon sur rue, imaginaient que la marche pour le climat et les gilets jaunes ne rejoindraient pas leurs forces, feraient bande à part. Force est de constater, une fois encore, qu'ils se sont bien trompés. Par conséquent, ça relance l'incantation à la "convergence des luttes", ou plutôt à la jonction des luttes, tant le pouvoir actuel nourrit des oppositions contre lui. Notamment avec une nouvelle réforme des retraites, qui ferait adopter le système de retraites par points, tel qu'il est appliqué en Suède depuis plusieurs années.
Si plusieurs manifestations ont eu lieu sur ce sujet depuis le début du mois de septembre, que ce soit une manif des avocats ou une journée de grève à la RATP, il est surprenant que ces actions se fassent en bande à part, ni le même jour. Ce qui ne donne pas l'impression d'avoir un grand impact sur l'opinion. Mardi 24 septembre, une manifestation organisée notamment par la CGT et Solidaires est prévue, mais ça reste encore dans l'aspect "faisons bande à part". Peut-être que les directions syndicales restent encore défiantes à l'égard des gilets jaunes, contrairement à leurs bases, mais si ça tient à faire bloc contre une politique gouvernementale jugée peu efficace, hypocrite - notamment sur l'écologie - et injuste, l'idée d'une jonction des luttes pourrait donner un sens offensif.
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