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JoSeseSeko

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"Il ne faut jamais prendre les gens pour des cons, mais il ne faut pas oublier qu'ils le sont." Cette phrase résume une recherche de vérité, de développer de l'information sur une variété de sujets, notamment l'économie, la politique et l'histoire. Et ce, dans plusieurs pays du monde.


Une fête de l'Huma boboïsée?!

Publié par JoSeseSeko sur 16 Septembre 2019, 14:14pm

Catégories : #Économie, #Politique, #Europe, #France, #PC, #Médias, #L'Humanité, #Socialisme, #Communisme

Photo: JoSeseSeko

Photo: JoSeseSeko

La fête de l'Humanité, qui s'est déroulée le weekend du 14 septembre, a de nouveau attiré des centaines de milliers de personnes sur trois jours. Mais elle donne de plus en plus l'image amère d'une réunion de bobos des grandes villes, à mille lieues de l'esprit d'un rassemblement de prolétaires, de campagnards, tel que le Parti communiste souhaite (encore) le revendiquer.

Si la fête de l'Humanité est un événement à part dans l'année, c'est par plusieurs casquettes. La casquette médiatique puisqu'il s'agit du journal l'Humanité, fondé par Jean Jaurès en 1904, dont la situation financière demeure fragile ces dernières années. Une occasion de faire connaître le journal aux curieux. La casquette culturelle avec des concerts d'artistes, avec différents genres musicaux représentés, sur plusieurs scènes dans le parc départemental de La Courneuve (Seine-Saint-Denis). Puis, la casquette politique puisque le Parti communiste français (PCF) est le principal organisateur de l'événement, étant donné qu'historiquement, l'Huma est lié au PCF, et que ça permet des débats politiques sur l'échelle locale, nationale voire internationale.

Un exutoire pour bobos

Voilà pour le décor. Mais une fois à l'intérieur, qu'est-ce ça donne? Si historiquement, la fête de l'Huma se veut ouverte à tous, et tout particulièrement aux prolétaires ayant une occasion d'avoir un temps de loisir mais aussi d'accès à des discussions politiques les concernant au premier chef et permettant au PC de revendiquer haut et fort l'image du parti de la classe ouvrière, cette vision des choses s'est altérée avec le temps. En fait, il est tentant de dire que la fête de l'Huma est un exutoire pour bobos qui veulent jouer au gaucho, se donner une bonne conscience sans chercher à s'inscrire dans la lutte des classes, voire en trollant tel Alexandre Benalla - le barbouze impuni d'Emmanuel Macron - et que les prolos, qu'ils/elles soient blanc(he)s ou non-blanc(he)s, vivant dans La Courneuve ou d'autres villes de banlieue parisienne, ou bien habitant dans la campagne bretonne, lorraine, bourguignonne, voire au niveau des montagnes pyrénéennes, alpestres, jurassiennes ou vosgiennes ne sont plus tellement en mesure d'être présent(e)s et par conséquent d'avoir voix au chapitre.

Pourquoi j'écris cela? D'une part, parce que des personnes que je connais l'ont observé à leur tour et ont décidé de ne plus remettre les pieds à la fête de l'Huma, mais d'autre part, ces dernières relèvent la tendance inflationniste des billets pour venir à la fête, quand on n'est pas un(e) militant(e) communiste. Je me souviens que la première fois que j'allais à la fête de l'Huma - c'était en 2009 -, le tarif normal était de 30 euros. Et moins quand il s'agit des militant(e)s. 10 ans après, ce tarif basique est proche de 50 euros. Cette politique inflationniste est juste discriminante pour les prolétaires, les paysans, car comme le rappelle l'économiste Thomas Porcher durant une intervention dans la fête de l'Huma, un smicard a, en moyenne, 35 euros qui lui restent dans le mois pour les loisirs. Et il indiquait cette donnée par rapport au mouvement des gilets jaunes, dont le point de départ est la question de la fiscalité des hydrocarbures et qu'en-dehors de Paris, la dépendance à la voiture est énorme (50% des travailleurs/travailleuses vivant en Seine-Saint-Denis utilisent la bagnole pour aller bosser; 65 à 70% au niveau de la grande couronne; 85% en-dehors de l'Île-de-France, la région la plus desservie en transports en commun). Bref, c'est une contradiction très forte qu'il faut soulever auprès du PCF, entre ses aspirations à défendre le prolétariat, souligner la lutte des classes et suivre concrètement une ligne excluant le dit prolétariat, à l'instar de ce que font les partis bourgeois.

Délocalisation à l'horizon?

Face à cette amertume sur la question de la billetterie de la part des organisateurs de la fête de l'Huma - similaire à ce qui se fait dans les stades de football, traduisant l'embourgeoisement de ce sport d'ailleurs -, un autre sujet a pris de l'ampleur le weekend dernier, c'est l'avenir de la fête de l'Huma. Indépendamment de la situation du journal, la question du maintien de ce rendez-vous au parc départemental de La Courneuve se pose car le site va être utilisé pour accueillir le village des Médias pour les Jeux olympiques de 2024 organisés à Paris, avec des travaux prévus pour commencer l'an prochain. De quoi se demander si la fête de l'Huma va être délocalisée.

Ce ne serait pas la première fois car avant de se fixer à La Courneuve, la fête de l'Humanité, à ses débuts, était installée du côté de Bezons (Val-d'Oise), avant de changer de lieu. Selon certain(e)s militant(e)s communistes avec qui j'ai discuté, la fête de l'Huma 2020 migrerait vers Ivry (Val-de-Marne) mais d'autres, comme le speaker de la fête de l'Huma, affirment que "probablement", l'événement resterait localisé sur La Courneuve et que les négociations, en cours, pousseraient à l'optimisme. C'est peut-être un détail de parler de ça, mais pour plusieurs fédérations du PC, notamment celles de l'Île-de-France, ça compte beaucoup pour organiser la logistique, la délimitation des stands, sachant qu'il n'est pas dit qu'en cas de déplacement de la fête de La Courneuve vers Ivry, il y ait autant d'espace pouvant être consacré à cet événement.

Peut-être qu'on assiste à la fin d'une époque!

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