La mise en application d'une partie de la réforme de l'assurance-chômage par le gouvernement répond à la logique budgétaire suivante: faire des économies sur le dos des chômeurs, en faisant mine de faire croire que ça réduirait le chômage. Mais en fait, c'est pousser à la pauvreté.
C'est parti pour la saignée des chômeurs! Une partie de la réforme de l'assurance-chômage, préparée par le gouvernement depuis le mois de juin, suscitant une réprobation de la quasi-unanimité des syndicats, y compris la Confédération française démocratique du travail, ce qu'il faut souligner, entre en vigueur ce 1er novembre 2019. Au menu, une révision de l'indemnisation chômage, une dégressivité pour les cadres ou encore un accès à une indemnité, sous conditions, pour des démissionnaires. De quoi risquer une indigestion si certain(e)s ne rejoignent pas la philosophie gouvernementale, qui cherche à faire 3,4 milliards d'euros d'économies d'ici fin 2021 (cf lien n°1).
Plus d'un million de concerné(e)s
En allant un peu plus dans le détail, la révision de l'indemnisation va fragiliser la situation de plusieurs centaines de milliers de personnes, voire des millions. En l'occurrence, l'indemnisation ne sera permise que si une personne a travaillé six mois sur les 24 derniers mois, contre quatre mois sur les 28 derniers mois auparavant. Ce qui signifie qu'il faut avoir cotisé plus longtemps pour espérer être indemnisé. De même que pour avoir des droits rechargeables, il faut désormais travailler six mois alors qu'il suffisait d'un mois pour avoir ces droits rechargeables.
Ce qui fait que qu'1,3 million de personnes, selon l'Unedic, seront concernées durant l'année 2020 de manière totale - pas d'ouverture de droits à une indemnité - ou partielle - droits réduits -. Et ce, d'autant plus que l'immense majorité des embauches en France - 85% - se font en contrat à durée déterminée (CDD) et que la majorité de ces CDD sont d'une durée de mois d'un mois (cf liens n°2, n°3). De quoi se demander si le gouvernement pense ainsi inciter à des embauches en contrat à durée indéterminée (CDI) alors qu'il tient, "en même temps", à faire dans la flexibilité du marché du travail. La dite flexibilité liée à la propension à fournir des offres d'emploi qui ne sont pas des CDI.
Au fond, ce qui donne un arrière-goût amer, c'est que le pouvoir actuel tient à imiter dans les grandes largeurs l'Allemagne, qui mena une pareille chose dans les années 2000, avec les lois Hartz en particulier. Si les économistes orthodoxes agitent le faible taux de chômage enregistré du côté de Berlin pour vanter les mérites d'une telle politique économique, ils mettent une grosse sourdine quand il s'agit d'indiquer que ces réformes ont conduit à une montée de la pauvreté, accentuée par la crise financière de 2008-2009, qui avait montré combien la pensée économique dominante (capitalisme néo-libéral) était incapable de prévoir la crise de son modèle. D'ailleurs, selon Eurostat, le taux de risque de pauvreté outre-Rhin est passé de 15,5% de la population en 2009 à 16% en 2018. En France, ce taux est passé de 12,9% à 13,4% sur la même période.
Mais une étude de l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), parue mi-octobre, indique que le taux de pauvreté - faites bien attention à la dénomination, cher(e)s lecteurs/lectrices - est passé de 14,1% de la population en 2017 à 14,7% un an plus tard. Une explication à ce résultat, selon l'Insee, est liée à la politique fiscale du pouvoir actuel, à savoir la liquéfaction de l'impôt de solidarité sur la fortune, permettant une hausse des revenus financiers, des revenus du patrimoine, au bénéfice des possédants d'une part; puis à la baisse des allocations logements HLM d'autre part. Bref, une démonstration des effets multiples d'une politique de classe.
Si le gouvernement espère que ces mesures réduiront le chômage, cela tendrait, hélas, à l'être par les biais des radiations, vu que les propositions de travail sur Pôle emploi sont majoritairement précaires et que les conseillers Pôle emploi tirent la sonnette d'alarme (cf lien n°4), quand ça n'est pas carrément du suicide, puisqu'un rapport de l'association Solidarités nouvelles face au chômage relève entre 10.000 et 14.000 suicides de chômeurs/chômeuses par an dans l'Hexagone.
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