Le constat d'une mobilisation plus faible que celle du 5 décembre, à la veille du discours du Premier ministre Édouard Philippe devant présenter le contenu exact de la réforme des retraites, laisse supposer une stratégie attentiste de la part de nombreux citoyen(ne)s pour soit continuer la lutte, ou soit se résigner.
Est-ce que l'essai du 5 décembre, à savoir entre 800.000 et 1.500.000 personnes battant le pavé en France, allait-il être transformé ce mardi 10 décembre? La réponse semble être non, étant donné que sur l'ensemble de la France, entre 339.000 (police) et 885.000 citoyen(ne)s (syndicats) se sont mobilisés dans la rue. Ce qui pourrait expliquer ce recul est la chute de la proportion d'enseignants grévistes, passant de 51,5% le 5 décembre dernier à 12,5% selon les données du ministère de l'Éducation nationale (cf lien n°1). Pourtant, contrairement à jeudi dernier, l'atmosphère était parfaitement calme, notamment à Paris, où le cortège aurait rassemblé entre 31.000 (police) et 180.000 personnes (syndicats) entre la place Vauban et la place Denfert-Rochereau.
À Philippe de jouer
Même si cette mobilisation n'est pas marginale, sa moindre importance quantitative par rapport à la semaine dernière regonfle un pouvoir qui est attendu au tournant sur cette réforme des retraites. Et tout particulièrement le Premier ministre Édouard Philippe qui devra convaincre, mercredi 11 décembre, du bien-fondé de cette réforme, qui se veut la fusion des 42 régimes de retraites en un régime unique par répartition et par points, au nom de la justice sociale. Bref, il devra assumer cette réforme des retraites, à l'instar de son mentor, Alain Juppé, qui voulut rester "droit dans ses bottes" pour sa réforme des retraites face à des centaines de milliers de citoyen(ne)s, voire millions, dans les rues en novembre-décembre 1995.
Un défi assez compliqué pour lui. Convaincre de l'aspect justice sociale du système par points, c'est vouloir nier le risque que ça accentue la pauvreté des futurs retraité(e)s, à l'instar de ce qui s'observe du côté de la Suède depuis la crise financière de 2008-2009 (cf graphique).
Ensuite, indiquer quelle génération sera en premier lieu concernée par cette réforme. Celle née en 1959, comme prévu initialement dans le rapport de Jean-Paul Delevoye? Celle née en 1963? Ou celle née en 1975? Dans les trois cas, l'âge de départ serait de 62 ans. Mais il ne serait guère étonnant que le pouvoir n'ait pas l'intention de décaler l'âge de départ à la retraite pour 64, voire 65 ans. Enfin, est-ce que cette réforme ne donnerait pas les mains libres aux fonds de pensions et autres sociétés financières lorgnant sur l'épargne française, à l'instar de BlackRock, qui a l'écoute du président Emmanuel Macron? Sans compter le discrédit de Delevoye, qui après avoir dû démissionner d'un poste d'administrateur au sein de l'IFPASS car non mentionné dans sa déclaration d'intérêts auprès de la Haute autorité pour la transparence de la vie publique, a dû démissionner ce 10 décembre de son poste de président du think tank Parallaxe (5.300 euros nets/mois). De quoi voir un deuxième conflit d'intérêts révélé en 48h (cf lien n°2).
C'est dire si la pression est sur les épaules du Premier ministre, sachant que l'intersyndicale appelle à deux nouvelles journées de mobilisation, le 12 - lendemain du discours - et le 17 décembre.
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Jean-Paul Delevoye contraint de démissionner d'un autre poste dans le privé
INFO CAPITAL : Le haut-commissaire aux retraites a démissionné ce mardi midi de la présidence du think tank Parallaxe. Un cumul des fonctions qui posait problème. , Ministre et en même temps p...