La mobilisation reste importante, bien que plus faible qu'avant les fêtes de fin d'année 2019 sur l'ensemble de la France. Une nouvelle qui peut satisfaire un tant soit peu le pouvoir pour ne pas battre en retraite, avec des forces de l'ordre ayant liberté de se défouler.
Cette journée de manifestation du 9 janvier, la première grande journée de l'année 2020, était grandement attendue sur le front de l'opposition au dépeçage des retraites et leur trajectoire de privatisation, à travers une ouverture aux retraites par capitalisation que des assurances ou fonds de pension, français comme étrangers, espèrent. La mobilisation reste dans la lignée des précédentes, avec 452.000 manifestants selon le ministère de l'Intérieur ou 1.300.000 selon les syndicats (cf lien n°1), même si la CGT a réévalué à 1.700.00 dans un communiqué. Néanmoins, c'est en-deçà du nombre donné pour le 17 décembre (615.000 à 1.800.000), et plus élevé que pour le 5 décembre (800.000 à 1.500.000), jour de départ de la grève contre le dépeçage des retraites.
Excitation mutuelle
Au niveau de Paris, ville qui mobilise le plus de monde, il fallait compter entre 56.000 (police) et 370.000 manifestants (syndicats) battant le pavé de la place de la République à la place Saint-Augustin (cf lien n°2). Et le moins que l'on puisse dire, c'est que la tension a été extrême tout le long du parcours. C'est simple, le cortège parisien n'a pu véritablement partir qu'aux alentours de 14h, alors qu'il devait commencer sa marche à 13h30, à cause d'un blocage par plusieurs unités de police (CRS, CSI, BAC, BRAV) devant le cortège, provoquant de la tension et prenant le risque de mener à des affrontements, dans une logique d'excitation mutuelle avec certains manifestants - les Black Blocs -, observable depuis les manifestations contre la Loi travail au printemps 2016. En outre, le vice des forces de l'ordre (social), dont très peu avaient leur numéro de matricule - le fameux RIO -, est d'imposer le rythme de la manifestation, donnant ainsi à cinq-dix minutes de marche, pour 15-20 minutes d'arrêt.
De quoi encore plus tendre des manifestants qui tiennent, à raison, à imposer leur propre rythme et à serrer au maximum les rangs pour éviter des nasses permettant à des flics de s'y engouffrer pour réprimer la tête de cortège. Un effort vain car entre la gare Saint-Lazare et la place Saint-Augustin, des nasses se sont formées, permettant aux flics de se défouler en matière de charges sur des manifestants, d'envois de gaz lacrymogène ou de tirs de LBD, auxquels certains manifestants répondirent avec des projectiles divers (pavés, fumigènes, bouteilles en verre), illustrant l'efficacité de la stratégie d'excitation mutuelle utilisée par la police milice. Ce que les chiens de garde dans nombre de mass media ne diront jamais, masquant d'une part des journalistes dans le collimateur de la police comme Rémy Buisine, journaliste de Brut connu pour ses couvertures en direct des manifs, interpellé pour cette manif du 9 janvier (cf lien n°3), et d'autre part les violences policières dans les manifs.
Gazage tous azimuts. Même un street médic était mal. #greve9janvier #GreveGenerale #police pic.twitter.com/gAySxrR1BI
— Jonathan Baudoin (@JoBaudoin) January 9, 2020
TRES GRAVE : Un tir de LBD à bout portant ! #greve9janvier #GreveGenerale #paris #reformedesretraites #ViolencesPolicières #GiletsJaunes pic.twitter.com/LxYyg7awds
— Cerveaux non disponibles (@CerveauxNon) January 9, 2020
🚨 Charge d'une extrême violence. Beaucoup de blessés #greve9janvier pic.twitter.com/dWNhZyvXEg
— Taha 📷 (@MTGphotographe) January 9, 2020
Cette nouvelle manifestation, appuyant de manière ponctuelle plus d'un mois de grève peut donner l'impression de ne pas avoir enclenché la vitesse supérieure, tant des membres du secteur privé manquent et que des membres du secteur public sont épuisés par cette lutte, qui en recoupe d'autres derrière elle (situation dans les hôpitaux, condition de travail dans l'éducation nationale, difficulté d'exercer chez les pompiers, etc.). Néanmoins, ce n'est pas un essoufflement manifeste qui permettrait au gouvernement de se réjouir. D'ailleurs, Emmanuel Macron et Édouard Philippe font tout ce qu'ils peuvent pour sauver les meubles en voulant apporter des gages auprès de la CFDT, dont le leader Laurent Berger est sensible à un compromis si la notion d'âge pivot est retirée.
Est-ce que le pouvoir serait prêt à rafistoler sa "réforme" des retraites pour la faire passer ou va-t-il jouer le matamore en affirmant que c'est tout ou rien et que les syndicats, y compris la CFDT, peuvent aller se gratter? Là est la question. Dans le second cas, cela conforterait notamment la CGT, autour de Philippe Martinez, à accentuer la pression par la reconductibilité de la grève et de nouvelles manifestations pour obtenir le retrait pur et simple. D'ailleurs, un appel pour les 14, 15, 16 janvier a été lancé (cf lien n°4).
Pour l'instant, la lutte continue.
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