À l'heure du coup d'envoi de la coupe du monde, jusqu'au 18 décembre au Qatar, celle-ci peine à être populaire chez les amoureux du foot tant elle pue l'embourgeoisement de ce sport, acteur visible de la société capitaliste.
Dans le registre "les cons, ça ose tout. C'est même à ça qu'on les reconnaît", le président de la Fédération internationale de football association (FIFA) Gianni Infantino est un nouveau champion. Samedi 19 novembre, veille du lancement de la 22e Coupe du monde de football, il s'est lancé dans un discours offensif, vociférant contre l'hypocrisie occidentale et lançant une phrase qui se veut rassembleuse et qui est la suivante: "Aujourd'hui, je me sens qatarien, aujourd'hui je me sens arabe, aujourd'hui je me sens africain, aujourd'hui je me sens gay, aujourd'hui je me sens handicapé, aujourd'hui je me sens travailleur immigré." (cf lien n°1). De la part d'un occidental (italo-suisse) blanc, c'est osé de parler ainsi. Sauf sur un point, il s'est bien installé au Qatar et par conséquent, défend mordicus son nouveau pays. Ce comportement de chien de garde se voit dans d'autres domaines - hein, Cyril Hanouna? -.
FIFA hypocrite
Dans son monologue de chien de garde, Infantino est parvenu à glisser la phrase suivante: "Sur les travailleurs immigrés, nous avons pris des leçons du monde occidental, notamment des Européens. Je suis européen, je pense à ce que nous avons fait dans quatre coins du monde depuis 3 000 ans, peut-être est-ce à nous de nous excuser pour ce que nous avons fait pendant ces 3 000 années. J'ai abordé ce sujet des travailleurs immigrés dès le début. Combien d'entreprises qui gagnent des millions ici en parlaient avec les autorités avant nous ? Aucune." Un propos que pourrait tenir n'importe quel antiraciste politique, reliant ainsi le capitalisme et le racisme. Sauf que quand c'est déclaré par le président d'une institution officiellement sans but lucratif mais qui est une multinationale qui se fait des milliards d'euros de bénéfices sur les compétitions qu'elle organise; le tout en étant exempté fiscalement, c'est pour faire dans l'anesthésie politique et continuer dans le registre "circulez, il n'y a rien à voir", comme cela est le cas depuis l'attribution de la coupe du monde 2022 au Qatar, fin 2010.
Comme il ne fait pas les choses à moitié, Infantino osera dire que la FIFA se soucie des travailleurs, des handicapés et que l'institution fournit des progrès depuis le début de son mandat, en 2016. Sauf qu'il omet de mentionner que s'il y a eu des progrès, c'est surtout en réaction aux publications multiples dans la presse sur les conditions de travail et les milliers de morts (entre 6.500 et 15.000) parmi les prolétaires immigrés - Indiens, Pakistanais, Népalais - exploités par le Qatar et les pressions menées par les syndicats au sein de l'Organisation internationale du travail et les Organisations non gouvernementales comme Amnesty international, sachant que des prolétaires ont été expulsés du Qatar des ces derniers mois pour avoir manifesté en raison de salaires impayés par leurs exploiteurs (cf lien n°2). C'est dire le culot déployé par Infantino l'hypocrite.
Cette coupe du monde, qui est la dernière avec le format à 32 équipes puisque celle de 2026 comptera 48 équipes, a de quoi ne plus trop bercer d'illusions sur l'embourgeoisement du football à travers cette grand-messe prévue tous les quatre ans. Et le temple du Qatar ne fait que diviser les amoureux du ballon rond. Comme évoqué ci-haut, le nombre de morts provoque un émoi chez les supporters et ces dernières semaines, notamment en Allemagne, des banderoles appelant au boycott ont été massivement répandues (cf lien n°3). L'investissement mis - 200 milliards de dollars - est sans commune mesure, avec l'établissement de stades climatisés. Ce qui relève, pour certains écologistes, du non-sens écologique, à l'heure où la COP 27 réunie à Charm el-Cheikh (Égypte) se termine de manière contrastée.
Enfin, et non des moindres, cette Coupe du monde se déroule en novembre-décembre. Une exception car cela se passe en juin-juillet. Ce qui rend plus difficile le fait d'attirer du monde, notamment des enfants pour regarder les matchs car la période scolaire est chargée à ce moment de l'année. Et si ajoute le fait que le Qatar fit appel à des faux supporters pour remplir les stades et les fans zones, que ces derniers devaient être initialement payés pour leur figuration et que ce ne sera pas le cas, ou encore que la diffusion d'alcool sera interdite à proximité des stades alors qu'il était envisagé que ce soit le cas, c'est dire si la coupe est pleine (cf liens n°4, n°5).
Bref, les personnes allant au Qatar, quoi qu'elles puissent en dire, ont fini par adopter le mantra du capital dans le monde du foot: "Sois supporter-consommateur et tais-toi".
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