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JoSeseSeko

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"Il ne faut jamais prendre les gens pour des cons, mais il ne faut pas oublier qu'ils le sont." Cette phrase résume une recherche de vérité, de développer de l'information sur une variété de sujets, notamment l'économie, la politique et l'histoire. Et ce, dans plusieurs pays du monde.


L'enjeu écrase le jeu dans le foot mondial

Publié par JoSeseSeko sur 10 Janvier 2017, 14:35pm

Catégories : #Sport, #Football, #Europe, #Amériques, #Afrique, #Asie, #Océanie, #FIFA, #Économie, #Coupe du Monde

Photo: FABRICE COFFRINI/AFP

Photo: FABRICE COFFRINI/AFP

L'adoption par la FIFA, ce mardi, du format à 48 équipes réparties en 16 poules de 3 équipes, à partir de la Coupe du Monde 2026, montre combien la logique mercantiliste, consumériste, clientéliste du football moderne est aberrante. En tout cas, c'est une décision qui va faire parler.

Si les femmes sont de moins en moins réfractaires au football, elles risquent d'avoir tout de même la nausée avec l'information du jour. En effet, mardi 10 janvier 2017, La Fédération Internationale de Football Association, plus connue sous son acronyme FIFA, a voté à l'unanimité, lors d'un conseil, la modification du format de la Coupe du monde en passant de 32 à 48 équipes, réparties en 16 poules de 3 équipes (cf lien n°1). Une réforme voulue par le président de l'instance du foot mondial, l'Italien Gianni Infantino, au poste depuis le 26 février 2016, après le scandale qui a éclaboussé son prédécesseur, le Suisse Sepp Blatter, en 2015.

Un monde du foot divisé

Le moins que l'on puisse, c'est que l'adoption de cette réforme est loin de faire plaisir dans l'environnement du football. Dans son édition de ce mardi 10 janvier, le journal l'Équipe, qui s'est positionné contre cette idée, indique combien des joueurs, actuels et anciens, ne sont pas unanime sur le sujet. Parmi les partisans de l'élargissement, il y a Marcel Desailly. Champion du monde 1998 avec la France, l'ancien défenseur soutient cette ligne en raison de l'ampleur "sans précédent" du monde du foot. Et il en profite pour tacler les détracteurs en rappelant combien l'Euro 2016, organisé en France, où l'élargissement s'est fait aussi (16 à 24 équipes), a permis à des "petites nations" telles l'Islande ou le Pays de Galles de surprendre des équipes plus huppées sur le papier (Angleterre, Belgique). Néanmoins, on peut lui renvoyer comme effet boomerang le triomphe du Portugal, où le jeu était moche à voir et que les Portugais ont eu une chance incroyable.

Parmi ceux qui sont vent debout contre le passage de 32 à 48 équipes, Karl-Heinz Rummenigge se montre le plus véhément. L'ancien joueur de l'équipe d'Allemagne (version RFA) des années 1980 et actuel président du Bayern Munich, considère que c'est "un faux signal au monde du football" que la FIFA envoie en ce moment. De plus, il reproche à l'instance du foot global d'avoir agi "de manière antidémocratique" car les ligues et les clubs n'ont pas été consultés sur cette réforme. Puis il estime que le format actuel, i.e une Coupe du Monde à 32 équipes, réparties en 8 poules de 4 équipes, marche car il y a "l'adhésion des supporters du monde entier" et que les preuves sont faites. Un autre opposant au projet, le Belge Marc Wilmots, appuie son argumentaire sur le nombre de matchs: "Les calendriers sont déjà surchargés. Il n'y a pas lieu d'ajouter des rencontres. En plus, cela va faire baisser le niveau de l'épreuve et créer des matchs nettement moins attractifs. On augmente le nombre de matchs moyens".

Une décision économique

Alors, qu'est-ce qui a pu motiver à ce point la FIFA vers ce projet? C'est une logique économique et financière qui a primé. Un rapport de la FIFA indique qu'en cas d'adoption de la formule à 48 équipes, c'est 605 millions d'euros de recettes supplémentaires (640 millions de dollars) qui iraient dans les poches de l'instance en 2026 (cf lien n°2). Et vu combien la FIFA possède environ 1,5 milliard d'euros de réserves et que la Coupe du Monde au Brésil en 2014 a généré 4,5 milliards d'euros de revenus (cf lien n°3), elle ne compte pas cracher sur la possibilité de s'enrichir davantage. L'appât du gain est trop tentant pour le coup!

Mais cette décision n'est pas seulement économique. Ce gain potentiel permet aussi de financer les fédérations nationales ou les confédérations continentales, pour développer le football officiellement. Mais officieusement, ça peut être un moyen de mener une politique clientéliste à l'égard de certains dirigeants qui ne sont pas contre des pots-de-vin. Par conséquent, des scandales peuvent éclabousser, comme en 2015, au sujet de la gestion de Sepp Blatter et des aveux de corruption de la part de dirigeants de plusieurs fédérations. Est-ce que Infantino mettra fin à ces pratiques? Rien n'en est moins sûr.

L'enjeu au-dessus du jeu

Il reste encore des zones d'ombre dans cette formule. La plus importante étant la répartition des équipes par continent (ou confédération). Selon Le Parisien, l'Europe aurait droit à 5 places qualificatives en plus des 13 déjà existantes. Le restant irait surtout à l'Afrique et à l'Asie, en particulier pour attirer les deux puissances émergentes (Chine, Inde) dans le monde du ballon rond. Personnellement, même si j'aime le football, je n'aime pas cette réforme car elle démontre à quel point l'enjeu individuel, bourgeois, a pris le dessus sur le jeu collectif, prolétaire. En fait, il aurait mieux valu que la formule à 32 équipes soit maintenue, mais que ça répartition se fasse aux détriments de l'Europe (10 équipes au lieu de 13), pour renforcer l'Afrique, l'Asie et l'Océanie, qui s'adjugent une place supplémentaire. Une manière de renforcer ces équipes de ces continents et d'accroitre la probabilité de casser le duopole Europe-Amérique du Sud qui truste le palmarès de la Coupe du Monde depuis ses débuts, en 1930. Puis économiquement, à terme, ça restera intéressant pour la FIFA en vertu du poids démographique croissant de l'Afrique et de l'Asie, alors que l'Europe suit une trajectoire démographique déclinante.

En outre, j'étends l'argument de Wilmots sur le nombre de matchs à propos de la question de l'intégrité physique des joueurs. Le risque de blessure importante (plusieurs mois d'arrêt) n'est pas moins présent dans une Coupe du Monde, au contraire. Or, les participants seront majoritairement émoussés par leur saison dans leurs clubs respectifs et en cas de blessure, ce seront les clubs qui devront supporter le poids de l'absence. Et comme ces derniers sont hyper réticents à payer les opérations, ils en voudront beaucoup aux fédérations nationales. Mais faut croire que dans l'esprit de la FIFA, c'est "Panem et circenses" (du pain et des jeux)!

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