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JoSeseSeko

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"Il ne faut jamais prendre les gens pour des cons, mais il ne faut pas oublier qu'ils le sont." Cette phrase résume une recherche de vérité, de développer de l'information sur une variété de sujets, notamment l'économie, la politique et l'histoire. Et ce, dans plusieurs pays du monde.


Quel euro pour la France?

Publié par JoSeseSeko sur 4 Mai 2017, 11:33am

Catégories : #Économie, #Politique, #Europe, #France, #Élections, #Euro, #Macron, #Le Pen

Photo: AFP/Eric FEFERBERG

Photo: AFP/Eric FEFERBERG

Les deux finalistes de l'élection présidentielle ont donné lors du débat d'entre-deux-tours une vision différente de l'euro. Reste à savoir la crédibilité du propos tenu sur ce sujet par ces candidats de droite ou d'extrême-droite.

Le débat d'entre-deux-tours de l'élection présidentielle s'est tenu, mercredi 3 mai, sous une atmosphère tendue entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen. Les deux finalistes de l'élection présidentielle ont plus donné l'impression de se lancer des petites phrases, des invectives qui se veulent assassines plutôt que de vouloir dégager une pensée profonde et une réflexion sur différentes thématiques. En général, ce débat a été un pugilat montrant combien le niveau a baissé en France avec ces deux finalistes. Mais il y a un sujet qui a poussé les deux candidats à adopter une ligne visiblement opposée l'une de l'autre, c'est sur l'euro.

Un "euro fort"

La monnaie unique connait de vives critiques ces dernières années, tout comme la construction européenne telle qu'elle est actuellement. Tout particulièrement à gauche car les économistes hétérodoxes soulignent combien l'euro a produit une perte de souveraineté, avec une Banque centrale européenne indépendante de tout contrôle politique, démocratique, que son arrimage sur la politique économique de l'Allemagne en fait un choc asymétrique seulement positif pour Berlin et que son couple avec les politiques d'austérité a pour but d'éradiquer toute tentative d'alternative de la part de la gauche radicale dans les pays membres.

Le candidat d'En Marche souhaite voir, une fois élu, un "euro fort". Mais que veut-il dire par là? Est-ce vouloir un euro dont le taux de change serait élevé, notamment auprès des États-Unis? Est-ce vouloir réitérer une politique que fut celle du "franc fort" dans les années 1980 et 1990? Dans le premier cas, est-ce un vecteur de croissance pour l'économie de l'Union européenne en général, et pour la France en particulier? Non car ça rendrait encore une fois préjudice à la compétitivité des pays membres de la zone euro, avec une capacité amoindrie d'exportations en-dehors de l'espace communautaire, une facture alourdie au niveau des importations, notamment dans l'énergie (pétrodollars), puis ça poussera les citoyens des pays membres de la zone euro à faire des dépenses touristiques aux États-Unis, qui n'en demandent pas tant. Quant au second cas, la politique du "franc fort" ne fut pas considérée comme un symbole de réussite (cf lien n°1). Elle correspondait à un arrimage sur le deutschemark à tout prix, y compris si ça ne servait pas les structures économiques de la France, comme dans les années 1990, quand la réunification allemande provoqua une crise au sein du système monétaire européen, obligeant la France à apprécier sa monnaie et à "travailler pour la Prusse".

Une monnaie commune

Durant la campagne, et même auparavant, la candidate du Front national martèle qu'avec elle, la France sortirait de la zone euro. Mais ces derniers jours, le ton a changé. Pour preuve, lors du débat, elle déclare vouloir changer l'euro pour la transformer en monnaie commune, à l'issue d'une phase de négociation avec les partenaires européens, notamment l'Allemagne. Ce genre de proposition est historiquement issu de la gauche, avec Jean-Pierre Chevènement et le Mouvement républicain et citoyen, de même que Le Pen copie Jean-Luc Mélenchon et la France insoumise sur la question de la négociation, qui correspond au "Plan A" du candidat de gauche radicale qui a fait 19,58% des voix au premier tour. Une façon pour elle de draguer ouvertement ces électeurs qui sont critiques de l'euro et qui seraient plutôt sensibles à un Frexit de gauche. Remarque, ce n'est pas la première fois que Le Pen fille copie un des candidats à la présidentielle.

Mais là où son idée de changer l'euro pour faire revenir ainsi le franc vire à une blague de sa part, c'est qu'elle fait croire que le système de monnaie commune dans l'UE a existé, avec l'ECU à la fin des années 1990. Or, selon différents économistes interrogés (cf lien n°2), l'ECU servait seulement d'unité de compte et puis, quid d'un flottement monétaire entre le franc utilisé au niveau national et l'euro, utilisé au niveau international. La candidate du FN n'en pipe mot. Du coup, il est fort à parier, comme le disait l'économiste et philosophe Frédéric Lordon depuis quelques années, que "le FN ne fera pas la sortie de l'euro" (cf lien n°3). Et que ceux qui semblent y croire s'aliènent complètement l'esprit sur ce point, et laissent ainsi envisager "un compromis post-mondialisation" qui laisserait intacte la domination du capital et des capitalistes sur les travailleurs.

Vivement dimanche!

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