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JoSeseSeko

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"Il ne faut jamais prendre les gens pour des cons, mais il ne faut pas oublier qu'ils le sont." Cette phrase résume une recherche de vérité, de développer de l'information sur une variété de sujets, notamment l'économie, la politique et l'histoire. Et ce, dans plusieurs pays du monde.


Danton, le corrompu guillotiné

Publié par JoSeseSeko sur 5 Avril 2014, 12:14pm

Catégories : #Histoire, #France, #Révolution Française, #République, #Convention, #An II, #Danton, #Robespierre

Danton, le corrompu guillotiné

Il y a 220 ans de cela, le 5 avril 1794 (16 Germinal An II si on respecte le calendrier républicain), Georges Danton, un des grands meneurs de la Révolution française, fut guillotiné. Sa mort fut la conséquence d'un procès politique mené par le Comité de Salut public, afin d'en terminer avec la "lutte des factions", comme il était coutume de dire à ce moment-là.

En-dehors de son grand talent oratoire, aux yeux de la postérité et des historiens "bien-pensants" (Alphonse Aulard au XIXè siècle, Louis Madelin au XXè siècle, Jean Tulard de nos jours), Danton est passé pour un brave type, un homme appelant à "de l'audace, encore de l'audace, toujours de l'audace" pour la patrie en danger. En outre, il est passé pour une victime de la "dictature" de Maximilien Robespierre, ce monstre appelant au sang, selon ces mêmes "bien-pensants".

En premier lieu, Danton fut loin d'être un brave type. Ce fut un corrompu notoire, et il faut croire que la France adore ce genre de personnage puisque Danton a sa statue dans Paris, près de l'Odéon dans le VIè arrondissement, une rue à son nom, toujours dans ce même arrondissement; contrairement à l'Incorruptible Robespierre. Il est prouvé, grâce à l'historien Albert Mathiez, que Danton reçut 30 000 livres en 1791, de la part du roi Louis XVI, via son idole Mirabeau. Or, à cette période, Danton jouait le révolutionnaire extrémiste, appelant à la déchéance du roi. Ce fut pour mieux cacher son double-jeu, comme Mirabeau, à qui il tenta d'être son sosie politique. Par ailleurs, il était ministre de la justice au moment des "Massacres de septembre" 1792, et son laissez-faire sur cet événement est encore très troublant de sa part. Comme il le dit lui-même, à propos de la Révolution: "de l'eau trouble, facilitant une bonne pêche".

Ensuite, il est difficile de voir une ligne politique claire chez Danton. Il menait un double-jeu avec Mirabeau, il basculait à droite-à gauche en fonction des circonstances, de ses affinités avec d'autres révolutionnaires tels Robespierre, Jacques Brissot ou Camille Desmoulins par exemple. En 1793, après l'exécution de Louis XVI, il théorisa les "frontières naturelles" de la France: « Ses limites sont marquées par la nature. Nous les atteindrons toutes, des quatre coins de l’horizon : du côté du Rhin, du côté de l’océan, du côté des Alpes. Là doivent finir les bornes de notre République et nulle puissance ne pourra nous empêcher de les atteindre. » Son amitié avec le général Charles Dumouriez lui fut reprochée quand ce dernier trahit la France, offrant ses services à la coalition après sa défaite à Neerwinden, compliquant l'objectif des frontières naturelles. Ce fut lui qui instaura le Tribunal révolutionnaire en mars 1793, car il était le leader du Comité de Salut public, fondé à cette période-là et quelques mois plus tard, en mode volte-face, il demanda "l'économie du sang des hommes", s'étant retiré du Comité entre-temps pour vouloir voir Robespierre à sa place, et s'opposer constamment à l'Incorruptible. Néanmoins, il y a une idée qui fut constante chez lui, c'est l'émancipation des esclaves noirs. En 1791, il initia dans le club des Jacobins (dans lequel faisait également partie Robespierre) l'expulsion des députés des colonies, défenseurs d'un système raciste. Il fut enthousiaste au moment de l'abolition du 16 pluviôse an II (4 février 1794), placée selon lui sous le signe du "compas des principes" et du "flambeau de la raison", mettant à mort l'Anglais (l'Angleterre étant de la coalition contre la France républicaine à cet instant-là).

Enfin, je voudrais terminer cet article avec un comparatif entre Danton et Robespierre. Comme je l'ai écrit ci-dessus, on ne voit pas de ligne politique claire chez Danton. Chez Robespierre, il y a une ligne de conduite, à travers sa référence intellectuelle, Jean-Jacques Rousseau. Les relations entre les deux personnages furent amicales; Robespierre adressant ses condoléances puis ses félicitations à Danton quand ce dernier perdit sa 1ère femme, Gabrielle Charpentier, alors qu'il était en mission en Belgique -influençant son discours sur les frontières naturelles-, et quand il se remaria avec Louise Gély, âgée de 16 ans. Mais ces relations se détériorèrent en 1794, menant à la rupture mortelle entre eux. Robespierre, ainsi que d'autres membres du Comité, dont Louis-Antoine de Saint-Just ou Bertrand Barère, se doutait des manigances de Danton pour discréditer le pouvoir exécutif, ou négocier en douce une paix avec les coalisés, et ne supportait guère l'influence du tribun sur Desmoulins, ami de Robespierre depuis leur passage à Louis-le-Grand. Et comme dit l'historien Henri Guillemin dans la vidéo ci-dessus: "si Danton n'avait pas été liquidé le 5 avril, il aurait été parfaitement un de ceux qui, le 27 juillet 1794, vont hurler à la mort de Robespierre". Car Danton jugea que la France allait être une "sale démocratie (...) une République de Wisigoths dont rêve Robespierre", dans les Souvenirs de Théodore de Lameth. En fait, Danton était "un thermidorien en puissance" (Guillemin).

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