La Banque centrale européenne annonce, jeudi 22 janvier, vouloir racheter plusieurs milliards d'euros de titres de dette publique sur un an et demi, à partir de mars 2015.
Il était attendu par les marchés financiers et les investisseurs, ils n'ont pas été déçus. Mario Draghi, président de la Banque centrale européenne (BCE) et ancien cadre de la banque d'affaire Goldman Sachs, a "sorti le bazooka" en annonçant un programme de rachat de titres de dette publique, qui sera mis en place entre mars 2015 et septembre 2016.
60 milliards d'euros par mois
Durant cette période, la BCE va programmer un achat mensuel de 60 milliards d'euros de titres de dette publique émis par les États membres de la zone euro, de telle manière à ce que ces pays se retrouvent moins exposés sur les marchés financiers, quitte à ce que certains particuliers y perdent de leur intérêt. Sur la période allant jusqu'à septembre 2016 ce serait 1.080 milliards d'euros qui seraient injectés par la BCE sur les marchés financiers.
Lutte contre la déflation
C'est un changement de stratégie de la part de l'institution de Francfort car jusqu'à présent, elle ne jouait que sur son taux directeur, pour réguler et relancer l'économie "réelle", via les marchés financiers. Le problème, c'est que le taux directeur est désormais très proche de 0 (0,15%, inchangé depuis juin 2014) et que ça n'a pas eu les effets espérés sur la croissance - atone dans la zone euro depuis plusieurs mois déjà, avec une logique d'austérité qui fait empirer les choses - et que la menace d'une déflation est grandissante au fur et à mesure.
Par conséquent, Draghi se retrouve à agir en faisant de "l'assouplissement quantitatif", ce que les anglo-saxons appellent "quantitative easing", ce qui est inhabituel pour la BCE, en raison de l'influence allemande qui a une peur historique de l'inflation (mais pas de la déflation?), tandis que d'autres banques centrales de pays développés depuis la crise de 2008 (Réserve fédérale américaine; Bank of England; Bank of Japan) ont eu moins de scrupules à utiliser cet instrument de politique monétaire, afin de rendre leur devise plus compétitive et de relancer l'économie.
Baisse du cours de l'euro
L'un des effets les plus attendus et qui a été le plus observés dans les premières heures qui ont suivi l'annonce du président de la BCE, est la baisse de la valeur de l'euro, notamment par rapport au dollar. Depuis quelques jours, le taux de change euro/dollar était descendu en-dessous de 1,2$ - du jamais vu depuis 2006 -, suite à la décision de la Banque nationale suisse de faire varier sa monnaie, le franc suisse, indépendamment de l'euro. Ce jeudi, l'euro s'est échangé à moins de 1,15$ sur les marchés. Ce qui est une première depuis 2004!
Et dire qu'il y a quelques mois encore, ce taux de change était à hauteur de 1,40$. Soit près de 18% de baisse de valeur de la monnaie unique par rapport au billet vert. Et la tendance pourrait permettre à revenir à cette parité "1€ = 1$". Il faudrait remonter à 2002-2003 pour voir ça! En tout cas, les entreprises exportatrices européennes se frottent les mains, notamment les françaises, qui avaient bien besoin de ça pour leur compétitivité. Puis cela renforcerait, si les effets économiques s'en ressentent, la pensée de l'ancien ministre de l'Économie Arnaud Montebourg, qui martelait à qui voulait l'entendre que l'euro était bien trop fort, bien trop pénalisant pour l'économie française. Mais l'euro reste un débat qui va continuer à l'avenir!
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