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JoSeseSeko

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"Il ne faut jamais prendre les gens pour des cons, mais il ne faut pas oublier qu'ils le sont." Cette phrase résume une recherche de vérité, de développer de l'information sur une variété de sujets, notamment l'économie, la politique et l'histoire. Et ce, dans plusieurs pays du monde.


Grève générale en Guyane

Publié par JoSeseSeko sur 28 Mars 2017, 16:52pm

Catégories : #Économie, #Politique, #Europe, #France, #Amériques, #Guyane, #Histoire, #Grève

Photo: AFP

Photo: AFP

Depuis le lundi 27 mars, la Guyane suit une grève générale, en raison de structures économiques peu développées, d'une insécurité galopante et d'un manque de moyens en matière de services publics. La population gréviste tient à rester attachée à la République française mais certains guyanais sentent que c'est un moment pour affirmer une démarche indépendantiste sur un département étouffé par l'administration de la métropole.

L'année dernière, pendant que le mouvement Nuit Debout s'installait place de la République à Paris, et ailleurs en France, un mouvement de grève s'installait à Mayotte dans le dénigrement général de la presse et de nombre de politiciens. En cette année d'élections présidentielles et législatives, la grève générale lancée lundi 27 mars en Guyane, à l'appel de l'union travailleurs guyanais, pour une durée illimitée, suscite une certaine torpeur de la part des politiciens. Certains candidats à la présidentielle plongent dans le ridicule sur ce département, comme Emmanuel Macron qui considère la Guyane comme une île. Et ça voudrait voter pour lui? C'est dire si "les Français sont des veaux" (Charles De Gaulle).

Une économie de l'exclusif

Mais qu'est-ce qui pousse les Guyanais à manifester, à mettre en place un arrêt de l'activité du plus grand département français, frontalier avec le Suriname et le Brésil? Les structures économiques. Certains experts indiquent que le foncier appartiendrait à une très large majorité à l'État français, de même qu'il existe un circuit faisant que les produits guyanais doivent arriver en métropole, sur le marché de Rungis notamment, avant d'être vendus auprès des citoyens guyanais. À croire qu'on est pas sorti du commerce de l'exclusif, comme au temps de l'esclavage négrier (XVIIe-XIXe siècle). En outre, les manifestants ressentent peu les effets des investissements publics annoncés par le gouvernement ces dernières années, même si ce serait plusieurs centaines de millions d'euros.

Question d'insécurité

En raison de son appartenance à la France, la Guyane apparait comme une terre prospère dans une Amérique du Sud et des Caraïbes en proie à des difficultés économiques. Pourtant, ce département est comme d'autres départements d'outre-mer, soumis à de plus amples problèmes que dans les autres départements français, comme l'indique le tweet suivant:

Et c'est sur la question de la sécurité que les crispations sont les plus nettes, où les actes violents sont plus importants que la moyenne nationale et qu'en matière d'homicides, la Guyane correspond à environ 4,7% des homicides commis en France en 2016. Et l'explication la plus fréquemment diffusée est celle de l'immigration en provenance du Suriname, d'Haïti et du nord du Brésil, mettant de côté des aspects économiques tels le taux de chômage - près de quatre fois plus que la moyenne nationale -, les revenus inférieurs à la moyenne nationale ou encore une minorité de propriétaires. Cet accent mis sur l'immigration inquiète certains Guyanais, qui y voient une utilisation de la rhétorique du Front national (cf lien), mais ce n'est pas unique en son genre que des afro-descendants se montrent xénophobes entre eux. Par exemple, les noirs en Afrique du Sud manifestent par moments une afrophobie manifeste, comme en avril 2015, mais laissent tranquille les afrikaners depuis la fin du régime d'apartheid en dépit du fait que ces derniers, comme les descendants des colons britanniques, gardent un contrôle sur les structures économiques. Il en est de même en Guyane, où le collectif des "500 frères" appelle à des moyens de la part de l'État en matière de lutte contre l'insécurité.

Occasion d'une conscience indépendantiste

Officiellement, la Guyane, tout comme la Guadeloupe, la Martinique, puis la Réunion, est un département français depuis 1946, suite à la loi de départementalisation, initiée par le poète et politicien Aimé Césaire, alors député communiste de la Martinique. Mais historiquement, ce territoire est une colonie française depuis le XVIIe siècle, où l'esclavage négrier était pratiqué, mais avec la Révolution française, la Guyane se transforma en espace pour des prisonniers, avec l'installation de bagnes à Cayenne ou à l'île du diable. Les révolutionnaires Jean-Marie Collot d'Herbois ou Jacques-Nicolas Billaud-Varenne, et à la fin du XIXe siècle, le capitaine Alfred Dreyfus, firent partie de ces prisonniers politiques envoyés en Guyane.

Cette grève générale est une occasion pour les mouvements indépendantistes, existant depuis les années 1990, de s'affirmer et de vouloir un référendum d'auto-détermination, à l'instar de celui prévu pour 2018 en Kanaky, ou Nouvelle-Calédonie. Encore faut-il qu'ils s'en sentent capables. Certaines personnalités guyanaises indépendantistes ont changé avec le temps comme Christiane Taubira par exemple. Indépendantiste dans les années 90, elle est devenue loyaliste, au point de devenir garde des Sceaux de mai 2012 à janvier 2016. Mais la France tient à garder la Guyane sous sa coupole pour deux raisons minimum. La première est la présence de mines d'or dans la partie de l'Amazonie sous contrôle guyanais, qui attire forcément beaucoup de gens, dont les immigrés des pays voisins posant problème aux yeux de certains Guyanais. La seconde est l'installation de la base aérienne de Kourou, pour les fusées Ariane envoyant des satellites dans une zone proche de l'équateur. Et pour ça, il ne serait pas question pour Paris de laisser Cayenne devenir indépendante. Il n'est donc pas étonnant de voir des politiciens défendre l'appartenance de ce département à la France, comme Jean-Luc Mélenchon par exemple:

Mais du coup, ça fait écho avec la déclaration d'un de ses maîtres à penser, François Mitterrand, qui disait en 1954, en tant que ministre de l'Intérieur: "l'Algérie, c'est la France". C'est pas comme ça que les Français non-blancs vont être incités à voter!

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