L'organisation d'une manifestation par le mouvement 269 Life Libération Animale le 10 mai, date de la commémoration de l'esclavage négrier et de ses abolitions, crée la polémique car les organisateurs refusent de décaler la date, en dépit des critiques justifiées des afro-descendants sur ce choix de date. Preuve d'une négrophobie bien ancrée dans les esprits, y compris chez les végans.
Une simple publication d'un événement sur le réseau social Facebook et toute une polémique qui enfle dans une soirée. Comment est-ce possible? Ben grâce à l'association 269 Life Libération Animale, qui milite pour l'antispécisme, le véganisme, pour la protection des animaux, a publié sur sa page Facebook, mardi 11 avril, une invitation à une manifestation devant l'Assemblée nationale le 10 mai prochain, pour abolir le "statut de propriété des animaux, dans le cadre de la journée commémorative de l'esclavage". Même si l'événement a été lancé le 23 février, c'est seulement sur la journée du 11 avril que les discussions ont pris de l'ampleur.
Insulte envers les afro-descendants
Une organisation en un pareil jour a aussitôt suscité la colère, l'indignation des afro-descendants, qui justifient leur positionnement critique par rapport à la signification de cette date, liée à la loi Taubira sur l'esclavage négrier. D'où le sentiment d'être insulté, une fois encore, et de ne pas être pris en compte par les militants de 269 Life, car ces derniers ne comptent pas changer la date, et même considèrent qu'ils n'auraient rien compris à la vertu de cette action, déclarant avoir le soutien de la militante afroféministe et communiste Angela Davis, ainsi que celui du mouvement Black Lives Matter. Ce qui est loin d'être une évidence absolue dans le cas précis du 10 mai.
D'ailleurs, dans leur réponse qui se veut argumentée à ces critiques d'afro-descendants, mais aussi de blancs choqués par cette attitude qu'ils jugent négrophobe, l'association végan fait une analogie entre l'esclavage humain et l'esclavage animal, au nom de la convergence des luttes. Mais bien sûr, cet appel à la convergence des luttes est quand ça arrange ces militants antispécistes, blancs pour la majorité d'entre eux. Cette analogie, qui semble partir d'un bon sentiment, est une aberration et une révélation d'une bêtise profonde et raciste car il y a une différence fondamentale entre l'esclavage animal et l'esclavage humain, tout particulièrement l'esclavage négrier. Ce dernier a joué un rôle dans l'édification du capitalisme, avec la ponction de main-d'œuvre issue du continent africain à destination des Amériques et des Caraïbes durant plusieurs siècles, faisant des plantations (canne à sucre, cacao, café, indigo, coton, etc.) une préfiguration des usines telles qu'on les connait depuis le XIXe siècle. Mais aussi la constitution de quelques fortunes qui investirent ensuite dans la métropole pour enrichir les puissances coloniales européennes à l'aube de la révolution industrielle (cf lien n°1). Et bien entendu, les conséquences sont désastreuses pour le continent africain, perdant de la main-d'œuvre capable de produire, de consommer, d'investir, générant moins de débouchés et donc, un frein au développement économique et humain.
Discrédit du véganisme
Avec cet entêtement couplé d'une volonté de censurer, car les messages Facebook sur la principale conversation au sujet de l'événement ont été désactivés, prouvent que les têtes pensantes - si elles pensent - ont vu combien l'opposition était virulente et large. Mais le mal est fait et ça jette un discrédit sur la cause végan qui mérite pourtant de l'attention. Mais à agir de la sorte, c'est contre-productif envers des personnes qui pourraient être sensibles à ce sujet. C'est ce que tente de souligner le président du Cran, Louis-Georges Tin, demandant aux organisateurs de cet événement "de ne pas faire de rapprochement entre la cause des animaux et la traite négrière". "Cela nous heurte profondément et dessert votre cause légitime" ajoute-t-il.
Il n'empêche, si les organisateurs avaient parmi eux quelqu'un de lucide, ce dernier dirait: "Par respect envers les afro-descendants Français, faisons notre mouvement un autre jour. Comme ça, ce serait plus visible pour nous". Mais même pas cette lucidité-là ne semble être venue dans leur esprit étriqué! C'est dire l'aliénation qu'il y a dans leurs têtes. Il faudrait faire appel à des greffes de cerveau d'urgence pour ne plus avoir ce genre de situation pourtant facilement évitable.
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