Les résultats des élections anticipées du 22 octobre donnent une large victoire de la coalition conservatrice menée par Shinzo Abe. Premier ministre depuis 2012, il pourrait rester jusqu'en 2021, ce qui serait un record de longévité pour le Japon d'après-guerre.
Les élections se suivent et se ressemblent au Japon. L'empire du soleil-levant donne encore sa confiance à Shinzo Abe et à son gouvernement, au sortir d'élections législatives anticipées, dimanche 22 octobre. La coalition conservatrice du Parti libéral-démocrate (PLD) et du Kōmeitō reste la grande gagnante de ces élections avec 313 sièges sur les 465 de la Chambre des représentants. Une victoire pas totalement satisfaisante puisque la coalition gouvernementale a perdu 11 sièges par rapport aux précédentes élections de 2014.
Une opposition morcelée
Si l'opposition s'est effectivement un peu renforcée vu les résultats des urnes, il n'en demeure pas moins que cette dernière demeure morcelée dans son attitude à tenir face au gouvernement de Abe. D'un côté, il y a le Parti démocrate constitutionnel (PDC, centre-gauche), issu d'une scission du Parti démocrate progressiste (PDP) en septembre 2017, lui-même fondé par une fusion entre le Parti démocrate du Japon et le Parti de la restauration réalisée en 2016. Et de l'autre, le Parti de l'espoir (PE, centre-droit), formant la scission de droite du PDP. Ces deux partis concentrent 105 sièges à la chambre (55 pour le PDC, 50 pour le PE) mais sont opposés par rapport aux propositions gouvernementales. Le PDC ne remet pas totalement en cause la politique économique du Premier ministre, appelée les Abenomics, dont l'objectif est de lutter contre la déflation, la plaie de l'économie japonaise depuis les années 90, et serait prêt à soutenir une réforme de la protection sociale sous un angle plus nataliste, en raison d'une démographie très vieillissante du Japon, obligeant l'empire à se tourner vers l'immigration. Ce qui est mal vu par les nationalistes et les traditionalistes nippons.
Mais le PDC ne tient pas à ce que la Constitution soit modifiée, notamment l'article 9 lié à la défense et au pacifisme, devenu la doctrine du Japon depuis l'après-guerre. Or, le PE ne serait pas totalement opposé à une révision de l'article 9 de la Constitution mais compte en profiter pour semer le trouble au sein du PLD pour vouloir mettre fin aux Abenomics, qui n'ont pas eu le succès escompté. Du coup, le PDC s'est entendu avec d'autres partis pacifistes comme le Parti social-démocrate (PSD) et le Parti communiste japonais (PCJ) pour des candidatures uniques au niveau du scrutin majoritaire (la Chambre des représentants étant composée de 60% d'élus à la majorité et des 40% restants à la proportionnelle). Ce qui a bien profité au PDC mais en contrepartie, le PSD a pu élire 2 députés (contre 4 en 2014) et il reste 12 députés pour le PCJ, contre 21 il y a trois ans.
Le prétexte international
La révision de la Constitution est un objectif avoué du Premier ministre depuis plusieurs années. Jusqu'à présent, elle n'a pas pu se faire en raison du seuil des 2/3 du Parlement japonais (Chambre des représentants + Sénat) qui semble difficile à atteindre pour le gouvernement de Abe, même s'il est muni d'une confortable majorité dans les deux assemblées. Mais l'occasion semble meilleure que jamais car au niveau intérieur, le Premier ministre pourrait bénéficier d'un coup de pouce du PE sur cette question très sensible au Japon.
Mais c'est surtout au niveau de l'extérieur que l'appel à une révision de la Constitution a servi de prétexte. En effet, les essais nucléaires de la Corée du Nord ont accru les tensions dans l'Asie de l'Est et l'escalade verbale entre Kim Jung-Un, le dictateur nord-coréen, et le président des États-Unis, Donald Trump, aggrave la situation. Et comme Washington est un allié important pour Tokyo, ce dernier n'entend pas se laisser menacer par Pyongyang. Néanmoins, une remilitarisation massive du Japon réveillerait de vives tensions avec une autre grande puissance qu'est la Chine. Pékin, allié théorique de Pyongyang d'ailleurs, garde encore le souvenir de l'expansionnisme de Tokyo durant les années 1930 avec l'invasion du nord de la Chine (Mandchourie) par les autorités nippones, où des charniers comme celui de Nankin furent commis et jamais totalement condamnés par le Japon après la guerre. Sans compter des revendications de territoires au niveau de la mer de Chine, où pourrait trainer du pétrole offshore. Et comme la Chine et le Japon sont deux puissances économiques rivales, c'est dire si l'Asie de l'Est est un baril de poudre dont on ne mesure guère la dangerosité pour le reste du monde.
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