Avec 53,6% des suffrages exprimés, l'ancien dirigeant du district de Mexico est élu président des États-Unis Mexicains, marquant une envie de changement pour la population mexicaine, après des décennies de bipartisme entre la droite et l'ancien centre-gauche devenu centre-droit.
Une élection historique s'est déroulée au Mexique, dimanche 1er juillet. Historique car elle a permis l'élection de Andrés Manuel López Obrador, connu à travers ses initiales ALMO, au poste de président du Mexique, avec 53,6% des voix selon l'Institut national électoral (INE) (cf lien n°1). Le tout avec un taux d'abstention de 37,2%, un taux légèrement supérieur à celui de l'élection présidentielle de 2012 (36,9%). Et ce même 1er juillet, les électeurs mexicains étaient appelés à voter pour renouveler leur parlement - Chambre des députés + Sénat -. Sachant que les deux chambres ont une dose d'élus à la proportionnelle - 40% pour les députés, 25% pour les sénateurs -, le nombre de sièges n'est pas encore totalement déterminé mais selon l'INE, sur les 300 sièges à la majorité dans la chambre des députés, 212 vont à la coalition "Ensemble nous ferons l'histoire", qui a soutenu ALMO et sa candidature à la présidence. Donc, le futur président mexicain devrait bénéficier d'une large majorité parlementaire.
Le bipartisme dégagé
Cette coalition de gauche est donc portée au pouvoir pour la première fois. Ce qui est historique car depuis des décennies, le Mexique était rythmé par le bipartisme entre le Parti action nationale (PAN, droite) et le Parti révolutionnaire institutionnel (PRI, centre-droit). Historiquement, ce dernier dirigeait le pays durant environ 70 ans, jusqu'en 2000, où le PAN gagna les élections fédérales, avec Vicente Fox comme président des États-Unis Mexicains. Cette défaite du PRI était une sanction pour la droitisation de ce parti, précurseur de ce que connaissent des partis sociaux-démocrates en Europe, car il était originellement un parti de gauche, ou de centre-gauche. Pour preuve, Obrador était membre de l'aile gauche du PRI, avant de quitter le parti dans les années 1980, fondant le Parti de la révolution démocratique (PRD), dont il fut le candidat lors des élections de 2006, où il s'estima floué face à Felipe Calderón, du PAN. Pour les élections de 2012, ALMO échoua pour la deuxième fois à l'élection présidentielle, mais face à Enrique Peña Nieto du PRI, qui permit un retour de ce parti au pouvoir.
Curieusement, pour les élections de 2018, le PRD se joignit à la coalition menée par le PAN et son candidat à la présidence, Ricardo Anaya Cortés, ne rejoignant plus ses vues avec celles d'ALMO. Pas grave pour ce dernier qui peut s'appuyer sur son parti, le Mouvement de régénération nationale (MORENA) et sur ses alliés que sont le Parti du travail et le Parti rencontre sociale. Si le programme se veut résolument de gauche, avec des propositions en matière de lutte contre la corruption, source de mauvaises dépenses publiques, contre les cartels qui vampirisent l'économie mexicaine, un renforcement en matière de formation des forces de l'ordre (social) dans un climat mortifère vu que 145 assassinats politiques ont été recensés durant la campagne électorale (cf lien n°2), une accélération de la transition énergétique avec des crédits d'impôts pour l'investissement dans les énergies renouvelables, une augmentation du salaire minimum, de l'investissement public dans les transports, etc (cf lien n°3), il n'en demeure pas moins que le nouveau président doit prendre en compte la politique internationale. Et tout particulièrement la relation avec le voisin états-unien.
Depuis l'arrivée de Donald Trump au pouvoir, les relations entre Washington et Mexico se sont fortement dégradées, en raison des prises de positions de Trump envers le Mexique, accusant de tous les maux les immigré(e)s mexicain(e)s, voulant faire payer par le Mexique un mur le long de la frontière et menaçant de mettre fin à l'Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA). Sur ce dernier point, ALMO défend le maintient de l'ALÉNA, tout en appelant à une réforme du système vu les inconvénients que ça génère dans le secteur agricole mexicain, ne permettant pas l'autosuffisance alimentaire à ses yeux. De même que l'ALÉNA a fait développer les États fédérés frontaliers avec les États-Unis en raison de l'implantation d'usines de sociétés états-uniennes, appelées maquiladoras. Ce qui forme un frein important envers l'immigration. Je peux l'affirmer car durant mes études en économie, un camarade et moi-même avons fait un mémoire sur l'immigration mexicaine aux États-Unis dans les années 2000 et que les éléments les plus significatifs sur l'immigration mexicaine à destination des États-Unis sont le taux de chômage états-unien et les États frontaliers, dans la mesure où ces derniers ont vu l'implantation des maquiladoras, permettant un niveau de développement supérieur à d'autres États fédérés mexicains. En vérité, si Trump poursuit sa politique protectionniste et oblige les firmes états-uniennes à retirer leurs usines mexicaines, il incitera davantage de mexicain(e)s à franchir la frontière, de manière légale ou non.
Il sera bon de suivre les relations entre ces deux pays dans les années à venir.
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