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JoSeseSeko

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"Il ne faut jamais prendre les gens pour des cons, mais il ne faut pas oublier qu'ils le sont." Cette phrase résume une recherche de vérité, de développer de l'information sur une variété de sujets, notamment l'économie, la politique et l'histoire. Et ce, dans plusieurs pays du monde.


L'Eco ou le nouveau Franc CFA

Publié par JoSeseSeko sur 23 Décembre 2019, 18:55pm

Catégories : #Économie, #Afrique, #Eco, #Franc CFA, #Europe, #France, #Françafrique

Photo: Flickr/jbdodane

Photo: Flickr/jbdodane

L'annonce de la fin du Franc CFA dans quelques jours en Afrique de l'Ouest francophone aurait de quoi faire plaisir à nombre d'activistes mobilisés depuis des années contre cette devise datant de la période coloniale. Mais en vérité, les contours de l'Eco, future devise appelée à être commune, y compris pour les non-francophones, restent encore trop flous pour se convaincre d'une tutelle française, voire européenne, au niveau monétaire.

Dans le registre "il ne faut jamais prendre les gens pour des cons, mais il ne faut pas oublier qu'ils le sont", la question de la fin du Franc CFA en est une grande illustration. Lors de son déplacement en Côte d'Ivoire, samedi 21 décembre, Emmanuel Macron et son homologue ivoirien Alassane Ouattara ont annoncé la fin du Franc CFA et son remplacement par l'Eco dans les pays francophones d'Afrique de l'Ouest formant cette union monétaire créée après 1945 pour le 1er janvier 2020. Soit dans un peu plus d'une semaine (cf lien n°1). Dans cet événement qualifié d'historique, ça comprend également la fin de "la centralisation de 50% des réserves au Trésor français" ainsi que la fin de la présence d'administrateurs français dans les instances de gouvernance de l'Union monétaire (cf lien n°2).

Noyer le poisson

À première vue, il y aurait de quoi se réjouir de cette avancée pour l'Afrique de l'Ouest francophone, avec l'établissement de l'Eco, appelé à s'élargir au reste de l'Afrique de l'Ouest, non-francophone, et tout particulièrement le Nigeria, première puissance économique africaine, qui accepterait une union monétaire de l'ensemble de l'Afrique de l'Ouest sous la condition sine qua non de la suppression du Franc CFA. Cependant, il y a de quoi se méfier sur cette substitution Franc CFA-Eco. D'abord, le Franc CFA, subdivisé en deux zones économiques et monétaires, l'Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) et la Coopération financière en Afrique centrale (CEMAC). C'est seulement celui de l'UEMOA qui disparaît, en théorie. Par conséquent, celui de la CEMAC va demeurer, non sans que ça pose question, y compris au sein des pays concernés que sont le Tchad, le Cameroun, le Gabon, le Congo-Brazzaville, la Guinée-équatoriale et la Centrafrique (cf lien n°3).

Ensuite, et c'est peut-être le plus important dans cette histoire, c'est la politique de change qui sera adoptée avec l'Eco. Si à terme, avec l'intégration des pays non-francophones à l'union monétaire, le taux de change devrait être flottant avec le reste des devises mondiales, il est pour le moment (quasi) certain que l'Eco va rester sur une parité fixe avec l'euro, comme l'est actuellement le Franc CFA, avec toujours la France comme garant de cette parité monétaire fixe. Ce qui signifie que Paris ne lâche pas tellement de lest sur le fond et que sauf intégration monétaire et changement de régime de change, cela ne fait que répéter une structure monétaire qui ne favorise pas l'investissement local, la création et la répartition des richesses par les travailleurs locaux; mais au contraire le maintien d'une captation des structures économiques et sociales par des firmes extra-africaines, notamment françaises, et une économie de rente qui ne ruisselle pas dans l'économie dite "réelle" (cf lien n°4).

Il serait bien dommage de se contenter de ces miettes du côté de l'Afrique francophone, où le débat sur le Franc CFA a été puissant ces dernières années, quitte à ce que Paris s'irrite d'un "sentiment anti-français" enraciné par la pratique impérialiste de l'Hexagone en Afrique (cf lien n°5). De même qu'en France, au sein des afrodescendant(e)s ou autre descendant(e)s de pays colonisés par la France, se contenter de paroles telles le "colonialisme a été une erreur profonde, une faute de la République" (cf lien n°6) est signer un blanc-seing pour ne pas exiger réparation de la part d'une république bourgeoise tortionnaire, dont les méthodes ont inspiré le nazisme car comme le rappelait Aimé Césaire, et je terminerais là-dessus, dans son Discours sur le colonialisme:

  • "il vaudrait la peine d'étudier, cliniquement, dans le détail, les démarches d'Hitler et de l'hitlérisme et de révéler au très distingué, très humaniste, très chrétien bourgeois du xxe siècle qu'il porte en lui un Hitler qui s’ignore, qu’Hitler l'habite, qu'Hitler est son démon, que s'il le vitupère, c'est par manque de logique, et qu'au fond, ce qu'il ne pardonne pas à Hitler, ce n'est pas le crime en soi, le crime contre l'homme, ce n'est pas l'humiliation de l'homme en soi, c'est le crime contre l'homme blanc, c'est l'humiliation de l'homme blanc, et d'avoir appliqué à l'Europe des procédés colonialistes dont ne relevaient jusqu'ici que les Arabes d'Algérie, les coolies de l’Inde et les nègres d'Afrique.

  • Et c'est là le grand reproche que j'adresse au pseudo-humanisme: d'avoir trop longtemps rapetissé les droits de l'homme, d'en avoir eu, d'en avoir encore une conception étroite et parcellaire, partielle et partiale et, tout compte fait, sordidement raciste."

 

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