L'évolution du Coronavirus accroit la probabilité d'un scénario de récession, que le pouvoir actuel aimerait bien éviter, tant ça ferait tâche. Mais la pandémie force les autorités à accentuer les limitations de déplacement et à intervenir au soutien des entreprises pour enrayer l'impact du Covid-19.
"Quand la Chine tousse, le monde s'enrhume". Ce n'est pas la première fois que j'utilise cette expression au sujet des conséquences économiques du Coronavirus, au départ en Chine, et désormais réparti sur le reste du monde, et tout particulièrement en Europe, avec l'Italie et la France en particulier. À l'heure actuelle, les données officielles (cf lien n°1) - à prendre avec précaution tant elles sont sujettes à discussion -, font état de 111.317 cas dans le monde, dont 80.735 en Chine, et de 3.892 morts, dont 3.120 en Chine. Mais si en Chine, ça tend à se raréfier, ailleurs dans le monde, c'est une montée en puissance inquiétante. Et notamment en Italie, troisième pays comptant le plus de personnes atteintes par le Covid-19 (7.375) et deuxième pays comptant le plus de morts (366).
Coup d'arrêt économique
Par conséquent, difficile de maintenir une activité économique habituelle dans une telle situation. Et ce, d'autant plus que la majorité des cas recensés de l'autre côté des Alpes est dans le Nord du pays, notamment dans les régions de Lombardie, d'Émilie-Romagne ou de Vénétie par exemple. Or, ces régions du Nord de l'Italie sont les territoires les plus industrialisés, les plus riches. Ce qui pousse, sûrement à regret, le gouvernement italien à sonner le coup d'arrêt économique en mettant en quarantaine ces régions-là, concernant 16 millions d'habitant(e)s. C'est comme si on mettait la région Île-de-France, région la plus riche de France et la plus peuplée (environ 12 millions d'habitant(e)s) en quarantaine, avec une activité économique à l'arrêt. C'est dire l'ampleur de la dangerosité de la pandémie, et si elle passe l'hiver, s'inscrivant ainsi dans la durée, le scénario d'une récession globale ne serait pas à exclure, ou du moins, elle pourrait être localisée en Europe.
En France, on n'est pas encore à l'idée d'une quarantaine, mais le gouvernement accentue des mesures de limitation de circulation des personnes, avec notamment la décision d'interdire tout rassemblement supérieur à 1.000 personnes, y compris en plein air, contre un seuil de 5.000 personnes dans un lieu confiné auparavant. Mais on y reviendra un peu plus tard. L'enjeu économique du Covid-19 se pose déjà car le ministre de l'Économie et des Finances, Bruno Le Maire, indique désormais, ce lundi 9 mars, que l'impact du virus sur l'économie française est de "plusieurs dixièmes de points de PIB", s'appuyant d'ailleurs sur une note de conjoncture de la Banque de France, révisant sa prévision de croissance pour le premier trimestre 2020 à 0,1%, contre une prévision de 0,3% de croissance auparavant. Pour tenter de pallier ces difficultés, le ministre a annoncé un renforcement du soutien financier de l'État, via la Banque publique d'investissement, auprès des entreprises touchées par le Covid-19, et potentiellement une exonération de cotisations sociales pour les entreprises déclarant avoir subi des effets récessifs par la pandémie, ainsi qu'une prise en charge partielle en cas de chômage technique (cf liens n°2, n°3).
En attendant, l'économie montre combien elle n'est pas insensible à cette crise sanitaire d'ampleur, démontrant combien la Chine a pris un poids économique important ces 30 dernières années, passant du statut "d'atelier du monde" à celui de "laboratoire du monde", marquant un bond en avant technologique. J'avais indiqué également que la Chine importe beaucoup de matières premières, en premier lieu le pétrole, qui voit désormais son principal commanditaire freiner sa demande. Au point que les pays producteurs de pétrole, membres ou non de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), s'effritent au sujet de la guerre des prix. Et tout particulièrement l'Arabie Saoudite et la Russie, en désaccord total sur la marche à suivre; Riyad souhaitant freiner la production de pétrole pour enrayer la chute du prix du baril, passé de 62 dollars en début janvier à 43 dollars le 6 mars. Mais à l'heure actuelle, la chute devient un krach, avec un prix du baril passant ce 9 mars en-dessous de 32 dollars, tendant vers les 30 dollars. De quoi aggraver la tension sur les marchés financiers, où les bourses s'effondrent pour cette saison (cf lien n°5).
En-dehors de l'or noir, d'autres secteurs d'activité se prennent de plein fouet le Covid-19. Notamment le sport professionnel, dont on oublie, à tort, l'aspect économique. En Italie, les mesures gouvernementales font que depuis près deux semaines, les matchs de football se déroulent à huis clos, que des épreuves cyclistes (Strade bianche, Milan-San Remo) sont reportées à une date ultérieure, que les matchs de l'équipe de rugby d'Italie dans le cadre du Tournoi des Six nations sont reportés, notamment celui contre l'Angleterre, que l'écurie de Formule 1 Ferrari est dans une situation délicate en cas de présence de salarié(e)s atteint(e)s par le virus, etc. En France, le match de Ligue des champions PSG-Dortmund se déroulera à huis clos, mercredi prochain, sachant que le match Strasbourg-PSG, prévu samedi dernier, a été reporté en raison du Coronavirus. De même que le match France-Irlande, dans le cadre du Tournoi des Six nations, est reporté. Par contre, l'épreuve cycliste Paris-Nice a été maintenue et s'est lancée depuis hier, dimanche 8 mars. Signe que dans l'Hexagone, ça recherche moins à appliquer des mesures fortes que chez nos amis transalpins, pour ne pas trop affecter les affaires.
Cependant, le huis clos pourrait devenir devenir la norme jusqu'à ce que le pic soit atteint. Ce qui semble ne pas être pour tout de suite.
[EDIT 22h52]: Le gouvernement italien a décidé d'appliquer la mise en quarantaine de toute l'Italie. Arrêt total de toute activité économique dans la péninsule, y compris le sport - arrêt du championnat italien de foot -. Les marchés financiers vont sûrement voir rouge!
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