La mort de Nelson Mandela, le jeudi 5 décembre, a tellement pris de la place dans les médias qu'elle a occulté un autre décès, le même jour. Celui de Pierre Aliker.
Pierre Aliker, son nom ne m'évoquait pas grand-chose personnellement, mais mes parents, qui ont travaillé en Martinique durant quelques années, m'ont rappelé qu'il était le 1er adjoint à la mairie de Fort-de-France, durant les multiples mandats d'Aimé Césaire, dont il est le compagnon de route le plus proche. Je m'excuse de mon ignorance auprès des martiniquais qui liraient cet article et tiens à tenter de rattraper pour rendre hommage à un grand homme également.
Pierre Aliker, dont la famille était déjà impliquée dans la vie politique martiniquaise avec son frère aîné, André Aliker, journaliste et militant communiste assassiné en 1934, étudia la médecine, devenant le premier martiniquais interne des Hôpitaux de Paris. Au moment de la Libération, il rejoint la liste municipale communiste, menée par Aimé Césaire, qui remporte la mairie de Fort-de-France, et dont la collaboration entre deux hommes ayant pour objectif commun d'améliorer le cadre de vie des martiniquais, en répartissant mieux les richesses de l'île face au pouvoir économique des békés (descendants de colons français du XVIIè-XVIIIè siècle), et en recherchant une autonomie par rapport à la métropole, qui voit sa centralisation remise en son sein. Césaire et lui ont fondé le Parti progressiste martiniquais en 1958, après avoir quitté le Parti communiste, renforçant leurs convictions autonomistes. Il s'est retiré de la vie politique en 2001, tout comme Aimé Césaire, son camarade qui mourut en 2008.
Pourvu qu'on parle davantage de cet homme qui a également droit aux honneurs de la République!