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JoSeseSeko

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"Il ne faut jamais prendre les gens pour des cons, mais il ne faut pas oublier qu'ils le sont." Cette phrase résume une recherche de vérité, de développer de l'information sur une variété de sujets, notamment l'économie, la politique et l'histoire. Et ce, dans plusieurs pays du monde.


Adieu monsieur Pape Diouf

Publié par JoSeseSeko sur 31 Mars 2020, 22:20pm

Catégories : #Nécrologie, #Sport, #Football, #OM, #Ligue 1, #Diouf, #Santé, #Coronavirus, #Épidémie

Photo: Flickr/IEJ Municipales

Photo: Flickr/IEJ Municipales

Atteint du Coronavirus, l'ancien président de l'Olympique de Marseille s'est éteint à Dakar, ce 31 mars, à l'âge de 68 ans. Si son nom reste relié à des histoires de transferts douteux dont il a été levé en 2018, son bilan à la tête du club lui fait honneur et suscite encore du respect pour nombre de supporters marseillais.

Je pensais passer une soirée tranquille, posé dans ma chambre, quand je reçus une notification me plongeant dans la tristesse, à savoir la mort de Pape Diouf, à Dakar, ce mardi 31 mars, à l'âge de 68 ans, des suites du Coronavirus qu'il avait contracté dans son pays et qu'il était envisagé qu'il vienne en France pour se faire hospitaliser (cf lien). Une victime de plus de la pandémie, parmi les dizaines de milliers recensées à travers le monde selon les données officielles.

Journaliste, agent, président

En ces circonstances, un retour sur la trajectoire du personnage s'impose. Né au Tchad, Pape Diouf grandit au Sénégal, pays de ses parents, avant d'arriver en France, à Marseille, à l'âge de 18 ans. Mais au lieu de suivre une trajectoire militaire, à l'instar de son père, soldat durant la Seconde guerre mondiale, Diouf suivit des études en sciences politiques avant de travailler aux PTT - équivalent de la Poste, aujourd'hui -, puis comme journaliste au quotidien communiste La Marseillaise, s'occupant de la rubrique football, autour de l'Olympique de Marseille (OM). Après plusieurs années de journalisme sportif, il se lança en tant qu'agent de joueurs dans les années 1990. Parmi les premiers footballeurs à lui faire confiance pour gérer leur carrière, figurent le gardien Joseph-Antoine Bell ou le défenseur Basile Boli. Se faisant rapidement une solide réputation, au début des années 2000, plusieurs joueurs français ou francophones furent pris sous son aile tels Grégory Coupet, William Gallas, Marcel Desailly, Bernard Lama, Laurent Robert, Didier Drogba ou encore Samir Nasri.

Et comme les deux derniers joueurs que je viens de citer jouaient à l'OM, Diouf attira l'attention de Robert Louis-Dreyfus (RLD), pour confier à Diouf la direction sportive du club à partir de 2004, devenant un an plus tard, président du club jusqu'en 2009, année où il fut débarqué par RLD, peu avant le trépas de l'actionnaire principal du club phocéen en juillet 2009. Durant sa période de présidence du club, l'OM reprit un statut de place forte du foot français, avec des participations à la Ligue des champions durant les deux dernières années de la présidence de Diouf, à défaut d'avoir empoché des titres - deux finales de la Coupe de France (2006, 2007), deuxième du championnat en 2007 puis en 2009 -. Cependant, comme d'autres présidents après lui, il fut mis en examen en 2016 pour des histoires de transferts douteux de joueurs vers l'OM durant les années 2000, sans que ça n'aboutisse à autre chose deux ans plus tard. Une part d'ombre dans son parcours pour le moins respectable, d'autant qu'après son limogeage de la présidence de l'OM, il se lança en politique en candidatant lors des élections municipales de 2014 à Marseille, faisant face au vieux baron marseillais Jean-Claude Gaudin, maire depuis 1995, en ayant eu 5,63% des voix sur sa liste municipale.

Respecter l'institution

En ayant fait un bref rappel biographique, je vais me concentrer sur mon regard sur Pape Diouf. Ce qui risque de ne pas être objectif, mais m'oblige à devoir être loyal. Et ce sera sur sa période de présidence à l'OM, vu que je l'ai connu sous cet angle-là. Si je devais préciser le bilan de Diouf à l'OM, ça donnerait au niveau de la Ligue 1 une 5e place en 2004-2005 puis en 2005-2006, une deuxième place en 2007, une troisième place en 2008 et une deuxième place en 2009. Sans compter les deux finales de Coupe de France évoquées plus haut, la dernière étant la plus cruelle vu qu'elle s'est terminée aux tirs au but contre Sochaux et que j'y ai assisté en allant au Stade de France avec mon père, pourtant supporter du... Paris Saint-Germain (PSG). Mais ce qui me marque encore aujourd'hui, c'est que Pape Diouf tenait à faire respecter l'institution OM, au sein du club comme en-dehors. Au sein du club quand suite à une élimination prématurée de l'OM en 1/8e de finale de la Coupe de l'UEFA (actuelle Ligue Europa) en 2008, face au Zénith Saint-Pétersbourg, il fustigea l'attitude de certains joueurs ne mouillant pas assez le maillot, les comparant à "des nababs, des vizirs". En-dehors du club quand il envoya l'équipe réserve au Parc des Princes en 2006, affronter le PSG pour protester contre les conditions de déplacement pour les supporters olympiens ou ses échanges tendus avec Jean-Michel Aulas, président de l'Olympique lyonnais. Ce qui ne peut que le rendre grandement populaire auprès des supporters olympiens, qui doivent être endeuillés en ce moment.

Mais là où je vais lui donner bien plus de mérite, c'est sur sa gestion du club. Durant sa présidence, l'OM sur maîtriser ses finances, avec des excédents importants - liés à des transferts -, mais aussi un contrôle de la masse salariale, excepté lors de la saison 2008-2009, permettant à l'OM d'afficher un quasi-équilibre structurel que ses successeurs n'ont jamais pu réaliser ensuite (cf graphiques ci-dessous).

 
 

De même qu'il sût recruter malin par moments avec des joueurs Franck Ribéry, Taye Taïwo, Mamadou Niang, Djibril Cissé, Mathieu Valbuena, Lorik Cana, Steve Mandanda, Boudewijn Zenden, ou avec l'entraîneur Éric Gerets, donnant l'envie d'aller au Vélodrome et de croire que l'ère des titres serait de nouveau là. Et ce, à défaut d'avoir développé le centre de formation, la principale erreur de sa présidence à mes yeux, alors qu'un Nasri en sortit brillamment des rangs. Si ça n'a pas été le cas durant sa présidence, il en a semé les graines que son successeur, Jean-Claude Dassier sut en profiter, d'autant que le dernier service rendu par Diouf avant de quitter l'OM fut d'avoir embauché Didier Deschamps comme entraîneur du club, une fois que Gerets a indiqué son départ de l'OM.

Enfin, et non des moindres, Pape Diouf reste à ce jour le seul noir à avoir présidé un club de football européen. C'est dire si c'est symptomatique du racisme institutionnel en Europe en général, et en France en particulier. Pourquoi écris-je cela? Parce que le foot est vu comme un secteur d'activité qui offre le plus de place à la "diversité", vu la proportion de footballeurs "non-blancs" sur le terrain, notamment des noirs. Et encore, les insultes négrophobes dans les tribunes ou sur le terrain rappellent combien ils ont du mal à être pris en considération. Mais en-dehors du terrain, c'est-à-dire au sein des instances d'un club, d'une ligue ou d'une fédération, il faut alors montrer patte blanche. Déjà, très peu de joueurs noirs sont devenus entraîneurs. Je peux citer Jean Tigana, Frank Rijkaard, Ruud Gullit, Thierry Henry, Patrick Vieira, ou encore Antoine Kombouaré. Mais au sein de la direction d'un club, seul Pape Diouf est cité et comme je le rappelle, son bilan est loin d'être déshonorant à la tête de l'OM. Je peux affirmer, avec les données indiquées ci-haut, qu'il est le meilleur président de l'OM en ce début de 21e siècle.

En tout cas, il a été un exemple et il peut servir de source d'inspiration pour l'avenir, si certains y réfléchissent bien au lieu de se la jouer "je suis super-diplômé, bien dans l'esprit start-up nation et vous allez voir comme je vais bien gérer ce club" (coucou Jacques-Henri Eyraud)!

Mes condoléances à sa famille!

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