Après 27 ans de présence au sommet de l'État burkinabé, Blaise Compaoré a démissionné, vendredi 31 octobre, suite à des manifestations dans la capitale Ouagadougou, et à l'intervention de l'armée.
Un militaire en chasse un autre
Dans cette ancienne colonie française, devenue "indépendante" en 1960 sous le nom de Haute-Volta, le pouvoir exécutif est tenu par des militaires depuis une trentaine d'années. Le premier d'entre eux, Thomas Sankara, est celui qui changea le nom du pays en Burkina Faso et mit en œuvre une politique anticolonialiste et volontariste, afin que le Burkina soit autosuffisant, quitte à se fâcher avec la France et sa politique de la "Françafrique". Ses efforts allaient porter leurs fruits quand le "Che africain", comme il était surnommé, en référance à Che Guevara, fut assassiné le 15 octobre 1987, à la suite d'un putsch dont son plus proche compagnon d'armes, Blaise Comparoé, en tira profit.
Tout porte à croire que c'est lui qui commandita la mort de Sankara, et durant 27 ans, il se montra conciliant avec la France et les autres puissances occidentales. Mais il ne voulait pas lâcher le pouvoir comme un skieur tenant à son tire-fesses. Et la goutte d'eau fut sa volonté de réviser, une fois encore, la Constitution burkinabé, afin de pouvoir se représenter aux élections présidentielles prévues l'année prochaine. Mais la population, et surtout la jeunesse, n'en voulait plus et a eu gain de cause. Mais désormais, le pouvoir sera assuré provisoirement (mais ça peut durer) par l'armée, avec le général Honoré Traoré, avant la mise en place d'élections d'ici fin 2015. Il va falloir redoubler de méfiance du côté des citoyens burkinabés, d'autant plus que Traoré a des relations étroites avec Compaoré.
Kabila sur la sellette
Les événements de Ouagadougou pourraient bien s'exporter dans d'autres capitales africaines, en particulier à Kinshasa. Le pouvoir congo-zaïrois, sous la coupole de Joseph Kabila depuis l'assassinat de son père, Laurent-Désiré Kabila, en 2001, envisage également une révision de la Constitution de 2006, et notamment de l'article 220: "La forme républicaine de l'Etat, le principe du suffrage universel, la forme représentative du Gouvernement, le nombre et la durée des mandats du Président de la République, l'indépendance du pouvoir judiciaire, le pluralisme politique et syndical, ne peuvent faire l'objet d'aucune révision constitutionnelle." Auquel il faut rajouter l'article 70 qui stipule: "Le Président de la République est élu au suffrage universel direct pour un mandat de cinq ans renouvelable une seule fois."
Or, Kabila a été réélu, de manière pathétique, en 2011, qu'il est désormais sur la sellette, montrant combien le kabilisme, censé s'opposer au mobutisme, en est le grand héritier. À mon avis, pas mal d'observateurs vont scruter le comportement du pouvoir en RDC dans les prochaines semaines, et la rue congo-zaïroise, avec les partis d'opposition, dont l'Union pour la démocratie et le progrès social d'Étienne Tshisekedi, compte bien s'inspirer de l'exemple burkinabé pour se faire entendre, voire même renverser le pouvoir, si Kabila agit comme Compaoré.
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