Les élections du 14 décembre au Japon ont renforcé le gouvernement conservateur sortant, de Shinzo Abe, mais il y a des signes de déconnexion.
Le Parti libéral-démocrate (droite) de Shinzo Abe s'est renforcé aux élections à la Chambre basse du Parlement nippon, le 14 décembre dernier, avec 290 sièges à lui seul, plus les 35 sièges de son allié, le Komeito. Soit 325 sièges sur les 475 de la Chambre. Un triomphe pour le Premier ministre.
Urnes boudées et opposition en apparence laminée
Mais au-delà de cette nouvelle composition de la Chambre basse du Parlement, à la faveur du Premier ministre, c'est qu'il y a un sentiment de lassitude de la part de la population japonaise envers ses élus. La preuve, le taux d'abstention est de 48%. Un niveau record depuis l'après-guerre. Ce qui montre à quel point la démocratie japonaise n'affiche pas une santé reluisante, à l'instar des pays occidentaux et des populations locales face au suffrage universel, de nos jours.
L'opposition semble laminée, mais certaines forces ont pu tirer leur épingle du jeu pour attirer les critiques envers la gestion libérale-conservatrice menée par Abe. Le Parti démocrate du Japon (centre-gauche) est passé de 62 à 73 députés, renforçant sa position de principal parti d'opposition. Mais il y a une étonnante poussé du Parti communiste japonais (gauche). En effet, le PCJ est le parti qui a connu la plus forte progression (relative), puisqu'il a plus que doublé le nombre de ses députés, passant de 8 à 21 élus. Un niveau que ce parti n'avait plus connu depuis 1996 et l'élection de 26 députés communistes. Il y a tout de même une recomposition de l'opposition qui s'est organisée avec ces élections.
Un nationalisme renforcé
Sitôt les résultats annoncés, Shinzo Abe a signalé son intention de réviser la Constitution de 1947, appelée parfois la Constitution de la paix, suite à la défaite nippone en 1945. Cette volonté se veut un moyen de caresser dans le sens du poil l'électorat traditionaliste japonais, flatter la puissance militaire du Japon expansionniste, mais ce projet divise la population, qui tient à ce pacifisme des autorités, préférant se concentrer sur l'économie, le commerce, et une révision de la Constitution ne manquerait pas d’accroître les tensions avec la Chine.
Ça nous semble étranger, nous autres européens ou africains, mais il faut savoir que l'antagonisme entre Tokyo et Pékin est profond depuis des décennies. D'autant plus que durant les années 30, où l'ex-empire du Milieu était en guerre civile, les nationalistes de Tchang Kaï-chek contre les communistes de Mao Zedong, l'empire du Soleil Levant en profita pour envahir la Mandchourie (province chinoise) en 1931, puis de lancer une guerre en 1937, qui se poursuivit jusqu'en 1945. Et cette guerre, avec des éléments atroces (charnier de Nankin), n'est guère débattue au Japon, le PLD de Shinzo Abe préférant vivre dans le déni.
Poursuite des Abenomics
N'empêche, avec sa victoire, Shinzo Abe peut continuer sa politique économique volontariste, appelée communément Abenomics. Cette politique consiste à pratiquer une relance budgétaire massive, doublée d'une émission de billets importante de la part de la Banque du Japon, avec pour objectif de lutter contre la déflation, la plaie de l'économie japonaise depuis les années 90. Après des débuts intéressants (inflation supérieure à 2%, jamais-vu depuis plus de 20 ans), cette politique connait un essoufflement, à tel point que le Japon est en récession pour 2014. Et cette récession a justement causé la dissolution de la Chambre basse et ces élections anticipées.
Ce qui m'amène à penser que les électeurs sont quelque peu schizophrènes, car c'est le gouvernement actuel qui mène à la récession, mais il est renforcé dans son choix dangereux par les électeurs qui sont allés aux urnes. Finalement, les électeurs les plus rationnels seraient les abstentionnistes, alors que ces derniers, inquiets de la tournure économique actuelle, laissent faire. C'est à se demander où se trouve la logique dans tout ça.
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