À la suite des éléments découverts sur l'histoire du charnier de Maluku, à proximité de Kinshasa, en République Démocratique du Congo, une manifestation s'est déroulée à Paris, samedi 18 avril, sans vraiment intéresser grand monde.
Signe de l'hypocrisie prévisible dans une France post-attentats de Charlie Hebdo, il y a eu du monde pour dénoncer le Tafta, en cours de négociation, et dont les dégâts ne seront que futurs, tandis qu'une manifestation à propos de massacres actuels en République Démocratique du Congo ne passionne pas les foules. Et les médias se tourneront davantage vers le premier cas, car le second reste à cacher, vu qu'il s'agit d'un charnier. Petite anecdote, au moment du rassemblement des marcheurs, 16 policiers, gendarmes et agents de la RATP entouraient un noir menotté. Quelle preuve de courage des forces de l'ordre!
150-200 personnes
Cette marche de ce samedi à Paris, en hommage aux 450 corps découverts dans une fosse commune établie à l'arrache, est passée dans l'indifférence générale car il y a déjà peu de marcheurs. Étant au plus près, j'estime qu'il y a eu 150 à 200 personnes qui ont fait cet effort. Soit quasiment le même nombre par rapport à la manif sur la question des femmes violées à l'Est de l'ex-Zaïre. Et pourtant, en janvier dernier, suite aux manifestations réprimées dans le sang par la police congolaise à Kinshasa et dans d'autres villes du pays, une manif bien plus conséquente en nombre (2.000-3.000 personnes) avait eu lieu à Paris à ce moment-là.
Pourquoi une telle différence? Pour de multiples raisons: la concurrence avec la manifestation contre le Tafta organisée par des syndicats, des associations altermondialistes ou des partis de gauche radicale et d'extrême-gauche qui tombe le même jour, pas de bol. Ensuite, les mésententes entre les groupuscules ou sections françaises des partis d'opposition au président Joseph Kabila. Enfin, l'asymétrie d'information à ce sujet a eu pour conséquence de rendre des Français d'origine congolaise ou des Congo-zaïrois exilés en France indifférents à cet événement. À rajouter aussi, le manque de relations entre les partis/groupuscules d'opposition congo-zaïrois avec des partis politiques français ou des titres de presse français, qui ont davantage de moyens pour capter l'attention d'un auditoire qui pourrait être sensible sur cette actualité congolaise. Mais y ont-ils intérêt, de chaque côté? Là est la question!
Un charnier macabre
Mais le motif de cette marche est la découverte, au début du mois d'avril, d'une fosse commune à Maluku, une commune proche de Kinshasa, où gisent 450 cadavres en lente décomposition. Notamment des étudiants (plus femmes et enfants). Or les étudiants furent ceux qui s'opposèrent le plus aux tentatives de réformes cherchant à pérenniser Kabila au pouvoir, au moment de la "loi électorale", en janvier dernier, et bien sûr, ce furent eux les grandes victimes de la police kabiliste.
Et les réactions gouvernementales suite à ce charnier sont pathétiques. Le porte-parole du gouvernement, Lambert Mende, parle des cadavres de cette fosse commune comme "des indigents". Ce qui énerve les esprits, d'autant plus qu'une sépulture digne de ce nom n'a pas été respectée, ce qui est culturellement insultant de la part du gouvernement. En outre, l'ONU s'en mêle, demandant l'exhumation des corps, afin de tirer au clair sur l'origine des cadavres. Toujours est-il que le pouvoir à Kinshasa est aux abois et utilise tous les moyens possibles pour y rester. Ce qui peut mener à violer la Constitution.
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RDC : l'ONU demande la clarté sur la fosse commune de Maluku - Afrique - RFI
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http://www.rfi.fr/afrique/20150415-rdc-onu-maluku-fosse-commune/