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JoSeseSeko

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"Il ne faut jamais prendre les gens pour des cons, mais il ne faut pas oublier qu'ils le sont." Cette phrase résume une recherche de vérité, de développer de l'information sur une variété de sujets, notamment l'économie, la politique et l'histoire. Et ce, dans plusieurs pays du monde.


Gaza-Goma: même combat? Pas aux yeux de beaucoup, hélas!

Publié par JoSeseSeko sur 19 Novembre 2023, 16:01pm

Catégories : #Économie, #Politique, #Afrique, #Congo-Zaïre, #Moyen-Orient, #Palestine, #Israël, #Europe, #France, #Manifestation, #Panafricanisme

Photo: JoSeseSeko

Photo: JoSeseSeko

Si l'actualité autour de la guerre israélo-palestinienne a fait réveiller certains afro-descendants autour de la situation en République démocratique du Congo, l'idée d'une convergence sur ces deux sujets bien similaires reste encore une chimère, tant ça fait bande à part.

Si certains ont le don d'ubiquité, ils ont pu l'utiliser grandement samedi 18 novembre, à Paris, avec deux manifestations à part. L'une pour la République démocratique du Congo (RDC, ex-Zaïre), l'autre pour la Palestine. Personnellement, j'ai pu suivre les deux, même si j'ai suivi celle pour la Palestine sur la fin, préférant suivre en premier lieu et intégralement celle concernant la RDC. Et ce, pour deux raisons: la première, c'est que l'ex-Zaïre devrait susciter davantage d'attention médiatique, et j'y reviendrai ensuite dans ce billet. La deuxième, c'est que j'en suis originaire. Mais si vous lisez les articles de ce blog depuis ses débuts (septembre 2012), ceux consacrés au Congo-Zaïre, comme j'aime à le dire, sont légion et vous n'en seriez pas étonnés, cher(e)s lecteurs/lectrices.

Géant endormi

Cette parenthèse personnelle étant fermée, la première raison suscitée doit être développée. Un silence coupable règne par rapport à la RDC dans la grande presse, en France comme ailleurs. Il faut dire que ce pays, grand comme environ 5 fois la France, le plus peuplé de la francophonie, avec près de 100 millions d'habitants, suscite les convoitises de toutes parts, notamment sur ses diverses ressources naturelles - cuivre, zinc, étain, diamants, cobalt, coltan, bauxite, manganèse, uranium, or, gaz, pétrole, etc. - plus le potentiel hydroélectrique que permet le fleuve Congo. Ce qui contraste avec le niveau de pauvreté de la majeure partie de la population congo-zaïroise - 70% vivant avec moins de 1,90 dollar par jour selon la Banque mondiale; 20% ayant accès à l'électricité -. Cela n'étonne pas les personnes qui connaissent la théorie de la "malédiction des ressources naturelles" (syndrome hollandais) ou des marxistes conséquents - autrement dit, non-occidentaux - qui analysent le Congo-Zaïre comme un pays martyr du capitalisme, dans un continuum d'exploitation sur plusieurs siècles, initié par l'esclavage négrier, continué par la colonisation belge, poursuivi par un néocolonialisme occidental - mais aussi chinois -, avec un voisin maintenant la RDC en mode sommeil, à savoir le Rwanda.

Ce qui amène à la raison de cette manifestation du 18 novembre, car elle est liée à la guerre larvée dans les provinces du Nord et Sud Kivu depuis 1996, conséquence de long terme du génocide des tutsis au Rwanda voisin en 1994 et du déplacement d'un million de hutus rwandais, dont des génocidaires qui se cachèrent aussitôt, fournissant un prétexte au Rwanda de Paul Kagame pour appuyer plusieurs rébellions. La première (1996-1997), aidant Laurent-Désiré Kabila à mettre fin à la dictature de Joseph-Désiré Mobutu, le Judas de Patrice Lumumba. La seconde (1998-2003), visant à renverser Kabila pour mieux lorgner sur le coltan, le bauxite et autres minerais présents dans les provinces du Nord et Sud Kivu, mais qui n'a pas totalement réussi, en dépit de l'assassinat de Kabila père en 2001 et de l'accession de son fils, Joseph Kabila. La troisième, avec le général Laurent Nkunda de 2004 à 2009 pour déstabiliser le régime de Kabila fils. Puis enfin en 2013 et depuis 2022, le M23, prenant la suite de Nkunda. Et cette résurgence du M23 peut jouer un rôle dans les élections présidentielle, législatives, sénatoriales et provinciales, prévues le 20 décembre prochain, où Félix Tshisekedi, président en exercice depuis 2019, après une élection contestée fin 2018, tient à se faire réélire, devant faire face à de multiples candidatures, dont celle du Dr Denis Mukwege, directeur de l'hôpital Panzi de Bukavu, témoin direct des crimes commis dans l'Est du Congo-Zaïre de toutes parts - armée et police congolaises, rebelles congolais, rebelles ougandais, rebelles rwandais pro-hutus, armée rwandaise, casques bleus de l'ONU, etc. -, notamment le viol des femmes comme arme de guerre, et prix Nobel de la paix en 2018.

Un front commun possible?

Toujours est-il que dans l'Est de la RDC, plusieurs millions de morts sont à déplorer depuis 1996. Mais les estimations varient de 6 à 18 millions de morts (cf liens n°1, n°2), avec un manque de fiabilité des informations posant problème pour la quête de justice et de paix que demande la population congo-zaïroise, ainsi que sa diaspora présente en Occident. Sans compter les 7 millions de déplacé(e)s recensés par l'ONU ces derniers temps (cf lien n°3). Une tragédie qui remonte néanmoins à la surface à la lumière de l'évolution du nouveau chapitre de la guerre israélo-palestinienne commencé le 7 octobre dernier avec l'offensive du Hamas et la réponse israélienne, obligeant à rappeler combien l'alliance objective entre le Hamas et le gouvernement de Benjamin Netanyahu a conduit à cette situation où se sont les civils, israéliens puis (et davantage) palestiniens qui souffrent le plus. D'où les manifestations pro-palestiniennes à travers le monde, y compris en France, par rapport à un continuum colonial israélien soutenu par l'Occident, empêchant le droit du peuple palestinien à disposer de lui-même, tout comme l'Occident profite de l'endormissement prolongé du Congo-Zaïre. De même que les pro-israéliens, comme les pro-rwandais, usent de la même rhétorique qui est de jeter l'accusation d'antitutsisme (ou d'antisémitisme) suite à la moindre critique faite envers le rôle du Rwanda en RDC (ou d'Israël en Palestine).

Maintenant, il est navrant de constater plusieurs choses: d'abord, la situation en RDC suscite une indifférence - "haine doublée du mensonge" (Ernst Hello) - de la part des français afro-descendants, qui ne se mouillent pas le maillot tout en partageant, a minima, quelques contenus sur les réseaux sociaux à ce sujet. Ensuite, les pro-palestiniens musulmans originaires d'Afrique du Nord (Maroc, Algérie, Tunisie), prompts à se mobiliser pour la cause palestinienne, omettent dans les grandes largeurs la cause congolaise, et celle d'autres pays d'Afrique subsaharienne, alors que dans le cas contraire, un soutien à la cause palestinienne s'observe, avec une continuité historique à travers l'exemple du soutien mutuel entre l'ANC, parti au pouvoir en Afrique du Sud depuis la présidence de Nelson Mandela, et le Fatah, parti palestinien. Dans tous les cas, cela illustre combien le panafricanisme reste (hélas) une idée manquant de matérialité politique, notamment en raison de la négrophobie profonde en Afrique du Nord par exemple et que si certains afro-descendants, tant au nord qu'au sud du Sahara, ont parmi leurs références intellectuelles le psychanalyste et philosophe Martiniquais Frantz Fanon, ils ont sacrément oublié une phrase attribuée à ce penseur panafricain du milieu du 20e siècle: "l'Afrique a la forme d'un revolver dont la gâchette se trouve au Congo". Il serait plus cohérent de former un front commun car il matérialisera, pour une fois, une action panafricaine, internationaliste et renforcera un "Sud global" qui tend à vouloir faire sa place sur la résolution des problèmes internationaux.

Pour finir, j'aimerais vous partager quelques vers d'un poème que j'avais écrit en 2009, l'intitulant Gaza-Goma, même combat, pendant qu'il y avait l'opération Plomb durci entre l'armée israélienne et le Hamas d'un côté, et la rébellion de Nkunda soutenue par le Rwanda - jusqu'à ce que soit trop visible et gênant pour Kagame -, de l'autre.

Quel que soit le conflit,
Ce sont les populations qui paient le prix
De la volonté meurtrière des dirigeants,
Et doivent compter leurs morts, dont les enfants.
À Gaza comme à Goma,
L'homme de pouvoir exerce sa domination
En mettant au silence les populations,
Plongeant l'Humanité dans le coma.

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