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JoSeseSeko

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"Il ne faut jamais prendre les gens pour des cons, mais il ne faut pas oublier qu'ils le sont." Cette phrase résume une recherche de vérité, de développer de l'information sur une variété de sujets, notamment l'économie, la politique et l'histoire. Et ce, dans plusieurs pays du monde.


Justice ou vengeance pour Nahel?

Publié par JoSeseSeko sur 30 Juin 2023, 12:59pm

Catégories : #Fait Divers, #Europe, #France, #Manifestation, #Police, #Médias

Photo: JoSeseSeko

Photo: JoSeseSeko

La mobilisation durant la marche blanche en hommage à Nahel, adolescent mort mardi 27 juin pour un refus d'obtempérer lors d'un contrôle policier, a vite tourné à la répression policière, excitant de jeunes manifestants à répliquer par la suite, jusque dans la soirée. La crainte d'un embrasement général tend à s'accroitre, vu combien ce crime policier exaspère les esprits.

Est-ce le crime de trop? En voilà une question qui se pose depuis le décès de Nahel, mardi 27 juin, à Nanterre. Toujours est-il qu'une marche blanche fut organisée par la famille du défunt et des associations de victimes de violences policières, jeudi 29 juin, autour de la station de RER A Nanterre-préfecture. Environ 6.000 personnes seraient venues pour cette marche qui a commencé dans une atmosphère fort calme, mais une fois à proximité du lieu du crime, changement d'ambiance avec une police intervenant sans coup férir. Des témoignages de participants à la marche et de journalistes concordent sur le fait que la bascule a été à l'initiative des forces de l'ordre, incitant ainsi les esprits les plus déterminés à en découdre pour casser ce qui peut être sur leur passage. Une atmosphère qui a duré jusque dans la nuit, sachant que d'autres villes de banlieue parisienne ou de province ont connu une nuit fort agitée (cf lien n°1).

Apaisement?

Pendant ce temps, l'enquête judiciaire suit son chemin, avec le policier auteur du tir mortel mis en examen pour homicide volontaire et qui aurait demandé pardon auprès de la famille du défunt durant sa garde à vue (cf lien n°2). Une démarche qui pourrait contribuer à l'apaisement en temps normal. Mais cela semble sans effet, sachant que la logique répressive du pouvoir est la norme. Les mois d'opposition au sujet de la réforme des retraites et leur répression crescendo nous reviennent en mémoire. En tout cas, si le gouvernement comptait faire dans l'apaisement après un début d'année sous haute tension, c'est un échec patent!

Et ce, d'autant plus que des initiatives de couvre-feu sont désormais mises en œuvre comme à Clamart (92) depuis la nuit dernière, jusqu'à nouvel ordre municipal. Bien des élus (de droite) tiennent à ce que cela se généralise, voire même chez des anciens dirigeants de la police, que l'État d'urgence soit instauré (cf lien n°3). En octobre 2005, quelques jours après les trépas de Zyed Benna et Bouna Traoré, l'État d'urgence fut instauré. Il n'empêcha pas l'embrasement des banlieues durant trois semaines, soit dit en passant. Sachant qu'à l'époque, les réseaux sociaux étaient à leurs balbutiements et que filmer des interpellations, des contrôles, n'était pas banalisé comme aujourd'hui. Par conséquent, il  a à craindre que des mesures coercitives de ce genre voient leur efficacité se diluer face à une exaspération et une détermination de jeunes banlieusard(e)s à en découdre, quitte à casser leur propre quartier et ruiner le travail de leurs aînés.

Méfiance, voire hostilité

Justement, à propos des aînés, la question de la responsabilité des parents se pose dans ce genre d'histoires. Certains, ayant une réflexion individualiste, digne de la pensée libérale dominante, estiment que les parents ayant des racines extra-européennes développent une certaine lâcheté qui fait que leur progéniture construit une certaine ingratitude à l'égard du pays, avec une mise sous silence des violences (parfois mortelles) au niveau intra-communautaire (entre afro-descendants par exemple) et qu'il y a pire ailleurs qu'en France en matière de violences policières comme illustration racisme institutionnel, sans que cela n'émeuve les militants français (cf lien n°4). Dans ce genre d'analyse, qui ne manque pas d'arguments convaincants, l'angle mort est le regard individualiste porté exclusivement sur la famille, en mode si la victime s'est retrouvée dans cette situation, avec le recensement médiatique de son passé (ou passif), c'est de la faute de la famille. Mais la famille est une institution parmi d'autres, telles l'État ou les entreprises. Mais les deux dernières institutions sont mises de côté, pour ne pas admettre un questionnement global, systémique, des rapports sociaux dans le cadre du capitalisme. In fine, cela veut dire qu'il n'y a pas d'analyse de l'aliénation, frappant à la fois les parents et les enfants, car le capitalisme laisse entendre une place pour le mérite alors que les faits économiques et sociaux démontrent un verrouillage profond des structures économiques et sociales.

Toujours est-il que les esprits les plus déterminés, y compris les plus jeunes, affichent une grande méfiance générale. Mais la frontière avec l'hostilité est poreuse. Tout particulièrement à l'égard des médias et des journalistes. Comme au temps des gilets jaunes, plusieurs manifestants veulent s'en prendre aux journalistes qui vont sur le terrain, pour en réalité leur faire payer ce que leurs confrères/consœurs de salon vocifèrent à l'égard des quartiers populaires. Ce qui est une triple peine car les journalistes de terrain ne portent pas leurs confrères/consœurs de plateau télé dans leur cœur, les considérant comme des saboteurs ou des chiens de garde; qu'ils sont moins bien payés pour leur travail journalistique; et qu'ils sont davantage exposés aux risques d'être blessés par des manifestants ou par des policiers. Ce qui n'a pas manqué ces derniers jours avec des journalistes pris à partie par les deux camps.

Une lutte est partie pour durer, quitte à être une lutte mortelle. Maintenant, faut-il en passer par le fait de brûler et piller - traduction littérale de la chanson "Burnin and lootin" de Bob Marley et des Wailers - pour que cette fraction des exploités se fasse entendre, voire craindre? Voilà une (triste) question.

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