Du respect au mépris: réactions contrastées après le non grec
Le "non" des grecs à l'accord du 25 juin entre la Grèce et ses créanciers ne laisse personne indifférent dans le monde politique et intellectuel français. Il marque encore un clivage droite-gauche, pour qui en doute encore, même si cela est devenu plus subtil de nos jours.
Pour voir de telles réactions à un vote d'une population par référendum, il faut bien remonter au "Non" des français et des néerlandais au Traité constitutionnel européen, il y a 10 ans déjà. Et pourtant, le référendum en Écosse l'an dernier a bien fait des remous auprès des possédants. Mais là, ce coup de tonnerre du Zeus électoral pousse aux commentaires diamétralement opposés, malgré que le ministre des Finances grec Yanis Varoufakis quitte son poste alors que c'est la ligne du gouvernement auquel il appartient qui a gagné.
Cris de joie...
Les personnes les plus joyeuses sont naturellement du côté de la gauche radicale. Le Front de gauche, coalition regroupant notamment le Parti communiste (PC), le Parti de gauche (PG) et Ensemble!, salue volontiers cette victoire du gouvernement d'Alexis Tsipras en effectuant un rassemblement place de la République, à Paris, comme ce fut le cas quelques jours auparavant. L'eurodéputé Jean-Luc Mélenchon, fondateur du PG, en a profité pour glisser une pique envers le gouvernement allemand, qui soutenait le "Oui", ainsi qu'au président du Parlement européen, le social-démocrate allemand Martin Schulz, dont les prises de position sur le référendum en ont exacerbé plus d'un.
Madame #Merkel et Monsieur #Schäuble doivent arrêter d'être psychorigides car ils vont provoquer une catastrophe. #bfmpolitique #BFMTV
— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) 5 Juillet 2015
Monsieur #Schulz a appelé à un gouvernement de technocrates. Mais la démocratie a gagné. #bfmpolitique #BFMTV
— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) 5 Juillet 2015
Le leader communiste Pierre Laurent n'est pas en reste. Très inspiré, il rend hommage au pays où le terme démocratie a fait acte de naissance en Europe, et de sa réponse face aux tenants de l'orthodoxie économique et politique.
Les chantages financiers et mesquineries pol n'auront ps raison du souffle de dignité et de liberté qui envahit le berceau de la démocratie.
— Pierre Laurent (@plaurent_pcf) 5 Juillet 2015
Chez les écologistes aussi, c'est des félicitations à tous crins. La députée et ancienne ministre Cécile Duflot souligne le vote massif des jeunes grecs pour le "non", ces derniers étant la plus grande cible de la politique d'austérité présente depuis 5 ans. La numéro 1 du parti écolo, Emmanuelle Cosse, souligne que le couple franco-allemand ne peut pas rester sourd au message des électeurs grecs.
Ce que tout le monde doit avoir en tête aussi c'est le score du #oxi chez les jeunes grecs. Plus de 80 %.
— Cécile Duflot (@CecileDuflot) 6 Juillet 2015
La France, l'Allemagne et l'Europe doivent entendre l'appel du peuple Grec pour construire une Europe plus solidaire et démocratique 1/3
— Emmanuelle Cosse (@emmacosse) 5 Juillet 2015
Au Parti socialiste, c'est l'aile gauche qui se réjouit (pas l'aile droite). Le député et ancien ministre Benoit Hamon rappelle que c'est loin d'être terminé car le nouveau cycle de négociations qui va s'ouvrir devra forcément plancher sur la restructuration de la dette publique grecque à ses yeux.
Les grecs ont massivement approuvé la position de @atsipras. L'UE doit réouvrir les négociations. Il faudra restructurer la dette grecque.
— benoithamon (@benoithamon) 5 Juillet 2015
... déception et alarmisme
De l'autre côté de l'échiquier politique, à l'exception du Front national qui démontre son respect au résultat du référendum, ça se montre plus discret et plus alarmiste. Les anciens Premiers ministres François Fillon et Alain Juppé, tout comme le député Laurent Wauquie appellent à un changement dans le fonctionnement de la zone euro, ainsi qu'à une responsabilité assumée des grecs, qui donnent l'impression, pour eux, d'avoir abusé des largesses européennes (si on interprète leurs dires).
Les grecs ont dit non au plan de soutien européen. C’est le choix d’un peuple souverain qui doit en assumer toutes les conséquences...
— François Fillon (@FrancoisFillon) 5 Juillet 2015
On ne peut faire fonctionner une monnaie unique sans un véritable gouvernement économique. ➡️ http://t.co/6xe0R8vx1W #Grexit #Grefenderum
— Alain Juppé (@alainjuppe) 6 Juillet 2015
Référendum grec: l'illustration que décidément oui, en Europe il faut tout changer
— laurent wauquiez (@laurentwauquiez) 5 Juillet 2015
L'ancien ministre François Bayrou, ne cache pas quant à lui ses craintes sur l'ensemble de l'Europe, et estime que la Grèce est entrée dans "une période de grave et durable incertitude".
Nous sommes entrés dans la zone des tempêtes. https://t.co/GxDuK8dXXp #Greferendum
— François Bayrou (@bayrou) 5 Juillet 2015
Des bien-pensants désabusés
Nombre d'éditorialistes qui ont pris position pour le "Oui", aux Échos, au Monde, ou à Libération, ont eu du mal à accepter cette défaite personnelle. La seule réjouissance qu'ils ont est le départ de Varoufakis. Pour le coup, ils s'en donnent à cœur joie sur cette nouvelle
La démission de Y Varoufakis : un geste de Tsipras qui est peut être un très joli coup politique ! Très fort.
— Dominique Seux (@dseux) 6 Juillet 2015
Varoufakis viré en fait
— Leparmentier Arnaud (@ArLeparmentier) 6 Juillet 2015
.@yanisvaroufakis n'avait-il pas expliqué qu'en cas de non, il reviendrait avec un accord en 24h ou 48h? Quelque chose m'échappe.
— Jean Quatremer (@quatremer) 6 Juillet 2015
Il faut dire que certains ne comprennent pas cette victoire du "Non", s'offusquent même que la démocratie se soit exprimée (avec une abstention tout de même notable). Le pseudo-philosophe mais véritable danger politique Bernard-Henri Lévy ne mâche pas ses mots contre Tsipras, les électeurs grecs, qui agissent quelque part contre l'ordre établi auquel BHL adhère sans scrupule.
La vraie question: qui a gagné? Le peuple grec, vraiment? Ou un démagogue qui s'est servi de son peuple et, hélas, s'en servira encore ?
— Bernard-Henri Lévy (@BHL) 5 Juillet 2015
Un référendum incompréhensible. Sans question clairement posée. Sans campagne électorale. Et on dit "victoire de la démocratie"...
— Bernard-Henri Lévy (@BHL) 5 Juillet 2015
#Tsipras relégitimé. #Merkel et #Hollande non moins légitimes. Conflit de légitimités. Le pire scénario pour l'Europe. Urgence sang-froid !
— Bernard-Henri Lévy (@BHL) 5 Juillet 2015
Mais il n'y a pas que BHL et les éditorialistes de droite. D'autres ne cachent pas leur enthousiasme dans ce référendum et son résultat. Denis Sieffert, directeur de la rédaction de Politis, Joseph Macé-Scaron, rédacteur en chef de Marianne ou Guillaume Duval, rédacteur en chef d'Alternatives Économiques, ne sont pas nés de la dernière pluie. La preuve:
Le "non" au #Greferendum : un "oui" à une autre Europe. Un grand souffle d'espoir.
— Denis Sieffert (@denis_sieffert) 5 Juillet 2015
Ils ont tout essayé : pressions, menaces, intox, mensonges et comme en 2005, les citoyens les ont congédié. Basta! #OXI
— Mace-Scaron Joseph (@MaceScaron) 5 Juillet 2015
On va voir si apprentis sorciers fanatiques austérité mènent tjs danse en Europe ou si Hollande sait se porter à hauteur sa fonction #grexit
— Guillaume Duval (@gduval_altereco) 5 Juillet 2015
En tout cas, cette histoire va laisser des traces.
/http%3A%2F%2Fwww.politis.fr%2FIMG%2Farton31811.jpg%3F1436163194)
Grèce : Yanis Varoufakis démissionne avec panache
Le ministre des Finances grec Yanis Varoufakis a annoncé lundi matin sa démission pour aider Alexis Tsipras dans les difficiles négociations avec la troïka. Au lendemain de l'écrasante victoir...
http://www.politis.fr/Grece-Yanis-Varoufakis-annonce-sa,31811.html
/https%3A%2F%2Fstatic.latribune.fr%2Farticle_page%2F489707%2Ftsipras-oxi.jpg)
Alexis Tsipras veut reprendre les négociations
Alexis Tsipras a gagné son pari. Avec 61,5 % de " non ", il sort renforcé du référendum de ce dimanche 5 juillet qu'il avait annoncé à la surprise générale vendredi 26 juin. Et d'emblée, i...