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JoSeseSeko

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"Il ne faut jamais prendre les gens pour des cons, mais il ne faut pas oublier qu'ils le sont." Cette phrase résume une recherche de vérité, de développer de l'information sur une variété de sujets, notamment l'économie, la politique et l'histoire. Et ce, dans plusieurs pays du monde.


Le travail indépendant change-t-il le rapport de production?

Publié par JoSeseSeko sur 1 Août 2016, 14:25pm

Catégories : #Économie, #Capitalisme, #Libéralisme, #Chômage, #Emploi, #Lutte des classes, #Syndicalisme, #Jeunes

Photo: AFP/FLORIAN DAVID

Photo: AFP/FLORIAN DAVID

Le travail indépendant, selon une tribune parue dans le quotidien Les Échos, va mettre à mal le Contrat à durée indéterminée dans les années à venir, et ce serait tant mieux. Mais vu les formes que ce dit travail indépendant prend, c'est tout sauf un véritable eldorado pour les actifs, condamnés à être isolés, au nom de l'autonomie qui leur serait donnée par ce genre d'organisation du travail.

"Le pacte social historique "protection contre subordination" passé entre employeurs et employés a vécu" selon une tribune d'un dirigeant d'un cabinet de conseil, parue dans le journal Les Échos, ce lundi 1er août (cf lien n°1). Il faut dire que le Contrat à durée indéterminée (CDI) devient de plus en plus rare dans les propositions d'embauches, ces dernières années. La crise de 2007 a accéléré une tendance à la réduction d'embauches en CDI qui était déjà palpable dans les entreprises, privées comme publiques, notamment pour les jeunes actifs, pour qui l'idée d'un "no future" est plus que jamais d'actualité.

Le travail indépendant, une solution...

L'auteur de cette tribune indique qu'une "nouvelle génération de travailleurs est venue chahuter les frontières du monde du travail", à travers un retour en grâce du travail indépendant (auto-entrepreneur, freelance, salarié-entrepreneur, collaborateur externe, etc.), qui a dépassé la barre des 10% de l'ensemble du monde du travail en 2014, selon l'Institut national de la statistique et des études économiques. Et il semble être admis que les actifs vont connaître plusieurs status dans leur vie professionnelle. Selon différents sondages, les cadres, par exemple, estiment à 72% que "le CDI ne sera plus la norme" dans les années à venir, ou que plusieurs statuts seront expérimentés pour 87% d'entre eux.

Et l'auteur de cette tribune, Olivier Fernandes, estime que c'est tant mieux ainsi car d'après lui, "le contenu prend le pas sur le contenant, le travail s'habille de ses valeurs cardinales : liberté, sens, épanouissement, fierté." Un optimisme à toute épreuve, digne d'un croyant envers sa foi (ou son "opium du peuple" selon la critique marxiste). Et ce, d'autant plus que, selon divers témoignages, beaucoup de ceux qui ont connu ces "nouvelles formes d'emploi" ne veulent pas "renouer avec le poids des organisations".

... qui déplace la question de la subordination

La tonalité prise dans cette tribune est semblable à celle entonnée par des nouveaux penseurs libéraux ayant droit de cité dans les mass media. Ces derniers crient volontiers à la fin de l'archaïsme, symbolisé par l'État ou par les syndicats, au nom de la liberté. Or, chez ces esprits-là, la liberté qu'ils prennent en compte est la liberté économique. Et cette liberté économique, ce qu'ils n'oseront jamais l'affirmer, elle est dépendante du capital que chacun possède dans le mode de production capitaliste (capital économique, social, culturel, symbolique). Donc, c'est une liberté basé sur l'inégalité et ça ne peut que générer de l'illusion, de l'aliénation.

Du coup, ça ne fait que déplacer la question de la subordination dans l'entreprise. M. Fernandes explique qu'il a eu affaire à 2.000 consultants indépendants, tous ayant un profil et un parcours singuliers. Mais les consultants sont des travailleurs indépendants parmi d'autres (journalistes-pigistes, chauffeurs VTC, taxis, médecins libéraux, artisans, etc.), et contrairement à ce que dit l'auteur de la tribune, il y a deux profils constants: les "insiders", qui se permettent de travailler en indépendants car ils ont suffisamment de capital pour se lancer avec un minimum de risques; les "outsiders" qui suivent ce phénomène parce qu'ils ne peuvent pas faire autrement. D'autant plus s'il faut rajouter des éléments structurels ("racisme institutionnel", discriminations à l'embauche, etc.). Enfin, les travailleurs indépendants français sont plus exposés à la pauvreté et travaillent davantage que la moyenne européenne, et notamment leurs homologues allemands ou britanniques, comme l'indique le journal en ligne Alter eco plus, s'appuyant sur des données d'Eurostat (cf lien n°2). Le "travailler plus pour gagner plus" de l'ancien président Nicolas Sarkozy a du plomb dans l'aile.

La réappropriation comme alternative

Selon M. Fernandes, ces nouvelles formes de travail attirent car elles correspondent à une recherche d'autonomie de la part des travailleurs. En fait, ce phénomène prend de l'ampleur parce qu'il est rabâché fréquemment dans la grande presse, laissant miroiter l'idée que ce serait un eldorado pour des salariés en manque de reconnaissance professionnelle. Mais ça permet surtout, au niveau concret, d'atomiser les relations dans le monde du travail, en poussant au maximum le curseur sur l'individualisation des "carrières" et en affaiblissant par ricochet les syndicats, dont le but collectif est dénigré, facilité par leur émiettement assez spécifique à la France, d'ailleurs. Donc, parler d'autonomie, c'est vouloir aliéner les esprits d'un prolétariat par essence exposé au chômage, à la précarité. Mais les classes moyennes sont de plus en plus menacées par ces risques ces dernières années.

Or, les salariés ne sont pas forcément en recherche d'autonomie, dont ils se doutent que c'est de la poudre aux yeux et non une alternative au cadre habituel de domination dans le travail, selon eux. Mais par contre, la volonté de réappropriation du travail, de l'entreprise, est de plus en plus manifeste. Les diverses réunions de la commission Économie politique de Nuit debout témoignent de cette envie, avec des pistes comme les coopératives, l'autogestion, le salaire à vie, le revenu de base, qui ont été débattues, estimant que c'est par un contrôle véridique des salariés qu'une entreprise peut fournir une certaine stabilité dans l'emploi, et une évolution professionnelle progressive. Mais pour ces personnes-là, c'est un élément parmi d'autres pour remettre en cause le mode de production capitaliste qui sert relativement mieux un petit nombre d'intérêts qu'un grand nombre.

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