Des tensions entre des opposants au président Joseph Kabila et les forces de l'ordre ont mené à la mort de plusieurs dizaines de personnes dans les deux camps, à Kinshasa. La réunion prévue ce lundi sur la tenue du calendrier électoral et une manifestation de l'opposition ont été annulées.
Ce n'est pas la première fois que Kinshasa connaît des moments sanglants depuis que Joseph Kabila est au pouvoir (2001). Mais à l'approche d'élections présidentielles et législatives qui devraient se tenir à la fin de l'année, mais dont aucune certitude n'est assurée à l'heure actuelle, oblige des citoyens à se faire entendre. Selon France 24 (cf lien n°1), au moins une vingtaine de manifestants et policiers sont morts, ce lundi 19 septembre, dans la capitale de la République Démocratique du Congo (RDC, ex-Zaïre).
Une fièvre dangereuse
La raison de cette poussée de fièvre violente et dangereuse? C'est le fameux "dialogue national" entre la majorité présidentielle et l'opposition. Instauré depuis plusieurs mois, il est censé donner une issue à la problématique de la tenue d'élections présidentielles et législatives pour la fin de l'année 2016, comme le souhaite la Commission électorale nationale indépendante (Ceni). Et ces élections doivent enterrer la page Kabila car en raison de la Constitution, son deuxième mandat électif, commencé en 2011 malgré de profondes irrégularités, est le dernier qu'il puisse avoir. Au 20 décembre prochain, il doit quitter la présidence et dans le cas contraire, la Constitution sera simplement violée par le pouvoir. Or, ce "dialogue national" n'a toujours pas trouvé d'accord sur la date de futures élections, quand bien même la tendance serait de retarder les élections pour 2017. Les discussions devaient justement reprendre ce lundi, mais avec la tension dans la capitale, l'événement a été annulé.
Face à cette poussée de violence, qui en porte la responsabilité? Le gouvernement, par les voix du ministre de l'Intérieur, Evariste Boshab, et du porte-parole du gouvernement, Lambert Mende, accuse l'opposition, notamment l'Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) de provoquer le désordre et le pillage à Kinshasa. L'opposition renvoie le gouvernement à ses responsabilités en matière de sécurité, largement défaillante et toujours axée sur la répression sanglante. Le souvenir de la manif sanglante de janvier 2015 est encore dans les esprits de nombreux kinois. Par voie de conséquence, la manifestation menée par l'UDPS et d'autres partis d'opposition a été également annulée.
Fin de règne?
Cette journée mortelle montre combien une atmosphère de fin de règne semble régner à Kinshasa et dans les autres grandes villes de la RDC (Lubumbashi, Mbuji-Mayi, Kisangani, Bukavu, etc.). Et l'opposition, pourtant hétéroclite, entend saisir l'opportunité d'avoir la première alternance électorale pacifique de l'histoire de l'ex-Zaïre depuis l'indépendance de 1960. Mais qui va incarner cette opposition? Deux noms se dégagent. Étienne Tshisekedi et Moïse Katumbi.
Le premier a pour principal atout de contrôler un parti, l'UDPS. Et son retour, fin juillet à Kinshasa, après deux ans d'hospitalisation à Bruxelles, montre que sa popularité dans la capitale reste importante - Kinshasa a majoritairement voté contre M. Kabila en 2006 et en 2011 -. Mais M. Tshisekedi a des soucis de santé et son âge avancé (84 ans en décembre prochain) en refroidit certains citoyens. Le second a été un soutien de Kabila avant de l'abandonner, considérant que le président pose problème pour la RDC. Sa trajectoire à la Tapie ou à la Berlusconi (homme d'affaires, président de club de foot, gouverneur du Katanga) lui permet d'avoir des soutiens du côté des patrons, des investisseurs et des katangais, saluant sa gouvernance. Problème pour M. Katumbi, c'est d'arriver à être populaire en-dehors du Katanga, d'autant plus qu'il a eu droit à des soucis judiciaires en provenance du gouvernement, ces derniers mois.
Et Kabila dans tout ça? Le président en place se signale par un mutisme glaçant. Par conséquent, les observateurs ignorent ses intentions les plus profondes mais plus les jours passent, plus ce mutisme correspond à une tactique politicienne pour rester de manière permanente au pouvoir et de marcher sur les traces de Mobutu Sese Seko (32 ans de dictature) que de son père, Laurent-Désiré Kabila. En tout cas, l'intérêt du Congo-Zaïre consiste à voir du changement dans la vie politique du pays et voir l'amélioration du sort des citoyens en matière de niveau de vie, d'éducation, d'accès à l'alimentation, de transports ou d'éclairage.
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http://tempsreel.nouvelobs.com/monde/20160919.REU4806/incidents-a-kinshasa-un-policier-lynche.html