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JoSeseSeko

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"Il ne faut jamais prendre les gens pour des cons, mais il ne faut pas oublier qu'ils le sont." Cette phrase résume une recherche de vérité, de développer de l'information sur une variété de sujets, notamment l'économie, la politique et l'histoire. Et ce, dans plusieurs pays du monde.


Sur le pont d'Arcole...

Publié par JoSeseSeko sur 18 Novembre 2016, 12:54pm

Catégories : #Histoire, #Révolution Française, #Directoire, #An V, #Napoléon Bonaparte, #Arcole, #1ère Coalition

Sur le pont d'Arcole...

La bataille d'Arcole et la victoire de Napoléon Bonaparte sur les Autrichiens permettent à une armée française en infériorité numérique de se maintenir dans le nord de l'Italie et d'envoyer les richesses des plaines lombardes à Paris, remplissant les caisses d'un Directoire en grand manque financier.

À la fin du troisième et dernier débat sur la primaire "de la droite et du centre", Jean-François Copé glissa une phrase pour rappeler qu'il y a 220 ans, le 17 novembre 1796 (27 brumaire an V), les troupes de l'Armée d'Italie, commandées par Napoleone Buonaparte (pardon, Napoléon Bonaparte), gagnèrent lors de la bataille d'Arcole face aux Autrichiens du général Josef Alvinczy. Une bataille glorifiée par divers tableau montrant le général en chef franchir le pont d'Arcole en portant un drapeau, en première ligne, face à la mitraille ennemie, et ses grenadiers suivant la charge. Une traditionnelle image d'Épinal. Mais il est bon de rappeler le contexte de l'attaque française en Italie.

Une guerre de rapines

En 1796, le Directoire, régime établi durant la 1ère République (1792-1804), prit la suite de la Convention depuis quelques mois, en héritant d'une situation complexe. Bien qu'ayant trouvé la paix avec diverses puissances comme la Prusse ou l'Espagne, la France révolutionnaire restait en guerre face à l'Autriche et à la Grande-Bretagne, qui maintenaient leur coalition. Et à défaut de vaincre Albion sur mer, le Directoire tient à vaincre l'Autriche en la menaçant d'arriver vers Vienne sur deux fronts. Un en provenance du Sud de l'actuelle Allemagne, mené par Jean-Victor Moreau; et l'autre en Italie par Napoléon Bonaparte.

Cette attaque sur l'Autriche devait également permettre au Directoire de se renflouer, via les réquisitions de statues, de tableaux; des pillages; ou encore forcer des États neutres à payer afin de ne pas être envahis par les troupes françaises. Il faut dire que les finances du régime sont au plus mal, avec l'assignat, papier-monnaie utilisé pour faire circuler la vente des "biens nationaux" - notamment ceux de l'Église - qui ne vaut plus rien en 1796, menaçant le pays de faire défaut auprès de ses créanciers. D'où une guerre de rapines, où les généraux sont autorisés à faire des razzias énormes afin de satisfaire le gouvernement et les milieux financiers.

Bonaparte vainqueur

La stratégie offensive du Directoire connait un bilan mitigé. Le front allemand, le plus important, a connu une série d'échecs durant l'été 1796, forçant Moreau à battre en retraite, ainsi que les troupes de Jean-Baptiste Jourdan et de François Marceau assiégeant la ville de Mayence. Marceau perdit la vie durant cette reculade.

Et sur le font italien, considéré comme mineur, Bonaparte enchaîne les victoires (Montenotte, Mondovi, Lodi, Castiglione), lui permettant de maîtriser l'Italie du Nord, notamment la plaine lombarde, autour de Milan. Néanmoins, le succès ne sera complet que quand la forteresse de Mantoue ne sera plus aux mains des Autrichiens, qui s'y réfugient au fil de leurs défaites, en attendant des renforts. En l'occurrence, ceux d'Alvinczy, chargés de vaincre les français assiégeant Mantoue. D'où le combat d'Arcole, du 15 au 17 novembre 1796. 19.000 français prirent l'initiative face à 24.000 autrichiens, le long du fleuve Adige. Mais ces derniers fournissent une défense solide face à des Français, à l'image du général en chef, englués dans le marais, et lançant des assauts infructueux sur le pont d'Arcole. Le coup de génie de Bonaparte fut d'envoyer des tambours et des trompettes sur les lignes arrières autrichiennes, les ordonnant de provoquer un son tellement assourdissant qu'Alvinczy croyait être attaqué sur ses arrières par des renforts français. Par conséquent, il désorganisa sa ligne, permettant aux généraux André Masséna et Pierre Augereau de passer l'Adige, prenant à revers les Autrichiens qui se font canarder par les Français. Une victoire supplémentaire pour le "petit caporal" porté aux nues par les soldats.

Et si...

Cette victoire permit à Bonaparte de continuer le siège de Mantoue non sans avoir à encore livrer d'autres batailles, comme Rivoli en janvier 1797, accélérant la reddition de la forteresse. Mais ça ne s'est pas joué à grand-chose à Arcole. Et si Bonaparte s'était fait tuer sur le pont d'Arcole, au lieu du colonel Jean-Baptiste Muiron, qui servit de bouclier humain, qu'en serait-il advenu de la France? Cette question a été posée, il y a quelques années par un journaliste du Point à l'historien Jean Tulard. Ce dernier, pro-Napoléon par excellence, répondit que la France "n'aurait pas connu toutes les réformes administratives du Consulat" et que la restauration de la monarchie "aurait été plus précoce".

C'est dire l'aveuglement de cet historien bien-pensant. D'abord, les réformes administratives du Consulat, ainsi que l'élaboration du Code Civil, avaient commencé depuis le début de la Révolution française et auraient été abouties sans Bonaparte. Ensuite, la restauration de la monarchie est dûe principalement au bellicisme et à l'anti-républicanisme de Napoléon, rendant service aux Bourbons qui purent se poser comme garants de la paix. Un Monck involontaire en fait. En outre, d'autres généraux tels Moreau, Augereau, Kléber, Lazare Hoche ou Barthélémy Joubert auraient pu être le "sabre" qui aurait fait le Coup d'État du 18 brumaire an VIII à la place de Bonaparte. La chance a souri au caïd d'Ajaccio. Enfin, une autre personne que Napoléon au pouvoir n'aurait pas forcément rétabli l'esclavage, comme Bonaparte le négrophobe le fit en 1802, alors que la Révolution l'abolit en 1794. Il faut dire que le lobby colonial, fortement composé d'ex-Émigrés royalistes demandant des remboursements pour se rallier à la cause bonapartiste, se sentait écouté par Bonaparte et plusieurs historiens attribuent un rôle proéminent de Joséphine de Beauharnais, créole de la Martinique (née Tascher de la Pagerie) et que Bonaparte épousa en mars 1796, quelques jours avant la campagne d'Italie. L'influence de Joséphine reste débattue, vu le machisme prouvé de Bonaparte, mais le soutien du lobby colonial et esclavagiste au Premier Consul fut manifeste.

Mais bon, avec des si, on pourrait refaire tout le monde, depuis ses débuts!

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