Avec l'investiture de Donald Trump comme président des États-Unis, les divisions qu'il provoque dans son pays et ses déclarations condescendantes à l'égard de l'Union européenne, cette dernière pourrait en profiter pour s'affirmer politiquement. Si elle en a le courage. Ce dont il faut en douter.
Le président Donald Trump semble rester au niveau du candidat Trump, qui réussit à se faire élire uniquement par les Grands électeurs en novembre dernier. Un style direct, pour ne pas dire outrancier - euphémisme -; un côté tribun flattant l'électorat blanc islamophobe, négrophobe, xénophobe; puis un affichage d'une politique extérieure d'entente avec la Russie de Vladimir Poutine pour vouloir s'en prendre à la Chine de Xi Jinping, jouant le provocateur au sujet de Taïwan par exemple. Mais c'est au niveau de la relation que l'homme pressé et nouvel occupant de la Maison-Blanche compte entretenir avec l'Europe que nous allons nous attarder un tant soit peu.
Volonté d'une Europe affaiblie
Dans une interview accordée au journal britannique The Times et au quotidien allemand Bild peu de jours avant son investiture, Trump indique combien la politique de Washington à l'égard de l'Europe ne sera plus la même car le "Vieux continent" est considéré comme un rival par le nouveau président états-unien (cf lien n°1). Et donc, toute remarque condescendante et toute opportunité d'affaiblissement de l'Union européenne (UE) est bienvenue pour lui. Par exemple, il estime que la politique d'ouverture aux exilés syriens par la chancelière Angela Merkel est une erreur, donnant ainsi du fil à retordre pour une chancelière bousculée sur sa droite au niveau intérieur, à l'approche des élections fédérales du mois de septembre. De même que dans cette interview, Trump salue le Brexit voté par les Anglais en juin 2016 et prévoit que d'autres pays de l'UE suivront le même chemin. En tout cas, plusieurs éditorialistes, notamment en France, l'ont bien compris et se mettent à être fortement critique envers Trump et sa volonté d'affaiblir l'UE (cf lien n°2 et n°3).
Des USA divisés
Ce qui peut rassurer les dirigeants européens, c'est que l'Amérique de Trump est fracturée. Les meilleurs exemples sont la faible affluence à Washington pour l'investiture de Trump, vendredi 20 janvier, bien moindre que celle pour la première investiture de Barack Obama en 2009, et que le lendemain, la capitale fédérale et d'autres grandes villes états-uniennes ont vu défiler des centaines de milliers de personnes dans les rues contre Trump. Une humiliation que le camp Trump veut minimiser en accusant la presse de truquer les images. Bref, le pouvoir crie au complot. Mais il n'y a pas que cette fracture avec la rue qui est manifeste outre-Atlantique. Il y a également les tensions entre Trump et les services de renseignement, en raison de la ligne vue comme pro-russe de la part de l'administration Trump (fond) et de l'utilisation massive des réseaux sociaux de la pat du nouveau président avec des comparaisons entre les services de renseignement et l'Allemagne nazie qui passent mal (forme).
Des perches tendues
En plus de ces divisions au niveau intérieur, le magnat de l'immobilier tend des perches pour que l'UE s'affirme face aux États-Unis. Par exemple, les prises de position de Trump contre l'Organisation du traité de l'Atlantique nord (OTAN) incitent - ou devraient inciter du moins - certains politiciens européens à penser une défense européenne sans avoir à être vassalisé au niveau militaire par l'Oncle Sam, contrôlant l'OTAN, ce vestige de la guerre froide. Autre exemple, le protectionnisme affiché par Trump envers les firmes états-uniennes installant des usines à l'étranger ou important des biens et services pousse des dirigeants européens à une réflexion accrue sur le protectionnisme continental, d'autant plus que Trump s'est déclaré contre le Traité de libre-échange transatlantique. Ce qui n'est pas anodin vu l'enjeu économique et politique que ça représente.
Mais encore faut-il qu'il y ait une cohérence et une continuité chez certains politiciens. Par exemple, en France, François Fillon, candidat à l'élection présidentielle, s'est déclaré favorable à une "alliance européenne de défense" mais dans le même temps, souhaite un maintien de l'OTAN. Il faut dire qu'il était Premier ministre de Nicolas Sarkozy lors du retour de la France dans le commandement intégré de l'OTAN en 2009. Quant à l'idée du protectionnisme, il y a Marine Le Pen qui l'envisage dans le cadre strictement national, tandis qu'un Arnaud Montebourg ou un Jean-Luc Mélenchon l'ont envisagé dans un cadre continental. Mais Montebourg a été battu lors de la primaire du PS et de ses alliés, dimanche 22 janvier, et Mélenchon est davantage concentré sur l'idée de préparer un "plan B", qui pourrait être une sortie de l'UE. Bref, la présence de Trump est une opportunité pour l'Europe de s'affirmer, mais en regardant de plus près, ça promet d'être très compliqué.
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