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JoSeseSeko

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"Il ne faut jamais prendre les gens pour des cons, mais il ne faut pas oublier qu'ils le sont." Cette phrase résume une recherche de vérité, de développer de l'information sur une variété de sujets, notamment l'économie, la politique et l'histoire. Et ce, dans plusieurs pays du monde.


Che Guevara, l'éternel commandant

Publié par JoSeseSeko sur 9 Octobre 2017, 17:09pm

Catégories : #Politique, #Histoire, #Guevara, #Marxisme, #Communisme, #Socialisme, #Internationalisme, #Amériques, #Caraïbes, #Afrique, #Congo-Zaïre

Che Guevara, l'éternel commandant

50 ans après son assassinat, Ernesto dit "Che" Guevara suscite encore des opinions vives, entre les personnes lui dressant une légende dorée, et d'autres une légende noire. Toujours est-il que Che Guevara a perdu de l'influence au fil des ans.

La photo prise par Alberto Korda l'a immortalisé, devenant un symbole pour la jeunesse. Mais qu'en est-il de Che Guevara? Il y a 50 ans, le révolutionnaire argentin fut assassiné par l'armée bolivienne, avec peut-être une complicité de la CIA pour annihiler l'un des révolutionnaires communistes les plus charismatiques de son temps et l'un des plus déterminés pour faire la révolution sociale. Et depuis, Guevara est vu comme soit un romantique idéaliste, soit un "ayatollah" sanguinaire et brutal. Mais peut-être qu'un retour biographique s'impose.

Le médecin révolutionnaire

Né en 1928, Ernesto Guevara était dans un milieu social confortable, avec des parents issus de la classe moyenne et une pensée politique de gauche, dont notamment une tante de Guevara de sensibilité communiste. Si la pensée politique est donc présente du côté du Che, il n'en demeure pas moins que son destin aurait s'écrire autrement. Et tout particulièrement au niveau du rugby, sport qu'il pratiqua jusqu'en première division argentine dans sa jeunesse, mais dont son père trouvait que c'était trop dangereux pour Ernesto, en raison des ses crises d'asthme depuis l'enfance. Un Puma avant l'heure des Pumas argentins, qui rivalisent avec les grandes nations du rugby depuis quelques années. En parallèle, Guevara mena des études de médecine à Buenos Aires mais peu avant la fin de ses études, il fit avec un ami - Alberto Granado -, un voyage sur l'ensemble de l'Amérique latine, jusqu'aux portes des États-Unis, en 1952. Marqué par les rencontres faites et les observations réalisées, Guevara demeura convaincu de la nature inégalitaire du capitalisme et que pour en venir à bout, il faudrait nécessairement passer par une lutte armée et par conséquent sanglante, sur le continent latino-américain, dans une perspective bolivarienne.

L'année suivante, diplôme de médecine en poche, le Che repart sur les routes de l'Amérique latine, notamment au Guatemala, où il rencontra Hilda Gadea, sa première femme, puis assista en 1954 au renversement du pouvoir démocratiquement élu de Jacobo Arbenz par des opposants à la solde des États-Unis. D'où un certain anti-américanisme qui va rester ancré chez le Che, qui partit se réfugier au Mexique, rencontrant des exilés cubains du Mouvement du 26 juillet, dont le leader Fidel Castro. Après quoi, en 1956, il se joignit aux révolutionnaires cubains en tant que médecin mais aussi en tant que combattant. Commandant une colonne pendant plus de deux ans, il participa aux combat contre la dictature de Fulgencio Batista et développant des attitudes qui suscitent la controverse. D'un côté, pour maintenir la discipline chez les guérilleros, il n'hésita pas à exécuter lui-même des traitres, affichant une certaine intransigeance. De l'autre, il soigna un maximum de personnes, y compris dans l'armée gouvernementale, incita ses soldats à la lecture et recruta dans la colonne qu'il commanda, des afro-cubains, descendants d'esclaves largement méprisés par la société cubaine, mais aussi par une partie du Mouvement du 26 juillet. Et au bout, la victoire de Castro, qui s'installa au pouvoir en janvier 1959, nommantle Che "procureur" de la Cabaña, où 600 personnes maximum auraient été exécutées durant les cinq mois où il occupa ce poste, avant d'entrer au gouvernement, ayant droit à la citoyenneté cubaine et en s'étant entre-temps divorcé avec Hilda puis remarié avec Aleida March, qu'il avait rencontrée durant la rébellion.

Ministre à Cuba

À partir de mi-1959 jusqu'en 1964, Guevara devint plusieurs fois ministre, notamment ministre de l'Industrie à partir de 1961. Auparavant, Castro l'avait nommé à la tête de la Banque centrale cubaine et chargé de mener une réforme agraire, permettant au Che d'appliquer une ligne socialiste telle qu'elle était pratiquée dans le bloc soviétique, faisant alors office de référence pour le Che. Une stratégie d'industrialisation fut lancée par son initiative, mais se heurta aux structures économiques fortement agricoles et peu enclines à changer de modèle économique. Un échec qui poussera le Che à se montrer critique avec le modèle soviétique et à être vu comme défenseur de la Chine, au moment où l'URSS et la Chine sont en conflit.

De par son charisme, Guevara fut envoyé à plusieurs sommets internationaux pour représenter Cuba, et tout particulièrement en URSS, dont il ressortit très critique à l'égard de Moscou, et en Algérie, où il prononça un discours début 1965, marquant définitivement sa rupture avec l'URSS et l'envie de lutter auprès de mouvements révolutionnaires.

Congo et Bolivie

À partir de 1965, le Che reprit le chemin de la lutte armée. Dans un premier temps au Congo-Zaïre, en voulant appuyer des rebelles au pouvoir officiellement détenu par Joseph Kasa-Vubu, mais officieusement contrôlé par Joseph-Désiré Mobutu. Cette intervention au Congo fut d'autant plus motivée que le Che tenait à venger Patrice Lumumba, le leader indépendantiste congolais, assassiné le 17 janvier 1961, dont Guevara fut choqué de la mort de ce "martyr de la révolution mondiale". Mais les rivalités entre les chefs rebelles, les exactions envers les villages, la pression de l'armée congolaise, appuyée par la logistique états-unienne et les multiples crises d'asthme conduisirent le Che à la résignation, parlant d'échec dans son Journal du Congo, l'obligeant à partir pour se refaire une santé fin 1965. Voyageant en Europe puis à Cuba, il repartit au front, cette fois-ci en Bolivie, soutenant l'armée de libération nationale face au gouvernement pro-américain.

Cette lutte sera la dernière. Plusieurs de ses compagnons, dont l'intellectuel français Régis Debray, furent arrêtés et torturé - pour certains -, mais pas d'indication de la localisation du Che. Néanmoins, la situation s'aggrave pour le révolutionnaire, coupé de tout soutien, résistant péniblement aux forces boliviennes. Et ce, jusqu'au 8 octobre 1967, où il se fit capturer par les troupes boliviennes et le lendemain, son exécution eut lieu.

Controverse

Depuis 50 ans, le Che suscite la controverse. Partisans et détracteurs s'écharpent à son sujet. Les détracteurs à Guevara, essentiellement des Cubains exilés depuis 1959, le jugent comme un sanguinaire intransigeant, comme le révolutionnaire Louis Antoine de Saint-Just, ayant envoyé à la mort plusieurs innocents, du temps où il était procureur. De même qu'il se montrait impitoyable selon des témoins au moment de la révolution cubaine, n'hésitant pas à exécuter des traitres ou des opposants. Sans compter les anticommunistes qui voient en Guevara, un stalinien doctrinaire, méprisant les droits de l'homme et profondément aligné sur le régime soviétique. Il n'était pas non plus un bon juge sur les hommes. Par exemple, durant sa tentative au Congo-Zaïre, il afficha un certain mépris envers Laurent-Désiré Kabila, considérant qu'il n'était pas un grand meneur. Et l'histoire s'est chargée de lui donner tort car Kabila fut finalement, avec l'aide du Rwanda et de l'Ouganda tout de même, celui qui renversa la dictature de Mobutu en 1997.

D'un autre côté, certains laissent entendent, comme l'enseignante Janette Habel dans Politis (cf lien n°2) que le Che a été victime d'une "distorsion de l'histoire", rappelant qu'il sauva des militants trotskystes cubains, ainsi que son positionnement critique envers l'URSS, source d'opposition au sein du Parti communiste cubain et des autres partis communistes latino-américains, alors alignés sur Moscou, notamment le PC bolivien au moment de ses derniers mois de vie. De même que Juan Martin Guevara, frère cadet du Che, défend sa mémoire, déclarant qu'il n'est pas un esprit dogmatique, comme nombre de détracteurs le clament (cf lien n°3). Sans compter le dédain que le Che afficha envers l'argent, les privilèges, refusant le luxe et luttant contre une bureaucratie naissante et avide de richesse. Enfin, sur l'idée de la révolution, Guevara défendait une révolution socialiste, anti-impérialiste, internationaliste mais aussi antiraciste. D'où l'incorporation d'afro-cubains dans sa colonne durant la révolution cubaine et un appel à "plusieurs Viêt Nam" dans ce qui s'appelait le Tiers-monde. Une façon de dire aux fraternalistes dénoncés par Aimé Césaire en son temps, que leur position est de nature à défendre l'impérialisme et non pas le combattre, comme ils se déclarent le faire car ils sauraient soi-disant le chemin à parcourir.

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