À l'issue des élections régionales en Catalogne, la majorité indépendantiste demeure toujours en place, prouvant combien le gouvernement espagnol, en la personne de Mariano Rajoy, paye son autoritarisme croissant envers la communauté autonome, d'autant plus que la participation a été massive. Néanmoins, la situation reste encore confuse, d'autant plus qu'en nombre de voix, les formations indépendantistes n'ont pas obtenu la majorité.
"Il faudra se soumettre ou se démettre". Cette phrase de Léon Gambetta résume bien la situation dans la Généralité de Catalogne, suite aux élections régionales imposées par le gouvernement espagnol de Mariano Rajoy, après avoir appliqué l'article 155 de la Constitution, mettant la communauté autonome sous tutelle de l'État central. Les formations indépendantistes que sont Ensemble pour la Catalogne, la Gauche républicaine de Catalogne (ERC) et la Candidature d'unité populaire (CUP) possèdent 70 sièges sur les 135 que comptent le parlement catalan. Autrement dit, elles demeurent majoritaires, vu que c'était déjà le cas lors des précédentes élections, en 2015. En outre, le Parti populaire (PP), au pouvoir avec Rajoy, s'est bris une branlée historique, n'ayant plus que 3 élus contre 11 il y a deux ans (cf lien n°1). Le tout, avec une participation qui s'est accrue en deux ans (82% contre 75%). Ce qui ne peut que ravir Carles Puigdemont, président de la Généralité, qui était depuis le référendum interdit par Madrid le 1er octobre menacé d'emprisonnement, pouvant ainsi se payer la tête de Rajoy et envisager, a priori, un maintien à la tête de la communauté autonome.
Un schmilblick continu
Néanmoins, si on regarde dans le détail, la répartition des voix et des sièges, il faut vite se rendre compte qu'une lecture simpliste ne peut être que contre-productive, tant il y a eu du mouvement. Si les partis indépendantistes forment ensemble une majorité, il n'en demeure pas moins que le parti sorti en tête lors des résultats est le parti Ciudadanos. Par ailleurs, ce parti de centre-droit, partisan de l'union entre la Catalogne et l'Espagne, connait une progression, passant de 25 à 37 sièges. Ce qui signifie que Ciudadanos a capté des électeurs qui étaient traditionnellement tournés vers le PP et qui ont été agacés par l'attitude autoritariste de Rajoy. Les autres mouvements unionistes que sont le Parti des socialistes de Catalogne, version locale et alliée du Parti socialiste ouvrier espagnol, et Catalogne en commun-Podem, version locale du parti Podemos, maintiennent leur niveau par rapport à 2015. Mais au sein des indépendantistes, c'est la CUP qui fait les frais de l'opération, voyant une réduction de ses élus (4 contre 10 en 2015), au profit de ERC, qui passe de 20 à 32 députés. C'est dire combien le message anticapitaliste de la CUP n'est pas passé car englué dans l'indépendantisme teinté d'un nationalisme assez xénophobe en fait.
Mais ce qui complique les choses, c'est qu'en matière de voix, les formations indépendantistes recueillent environ 47,5% des suffrages exprimés. Et pourtant, elles forment, a priori, une majorité parlementaire. Ça montre combien la démocratie représentative, tant vantée par les experts, les intellectuels, les bien-pensants au service de l'ordre social (bourgeois), est on ne peut plus limitée et défaillante, comme le souligne un ami blogueur au sujet de ces élections. Toujours est-il que les résultats donnent, en réalité, un statut quo, tant Madrid semble peu ouvert à négocier et que les indépendantistes catalans, Puigdemont en particulier, jouent parfois avec le feu.
Au-delà de ça, il y a l'idée que les indépendantistes seraient tous des républicains et les unionistes, des royalistes. Dans ce dernier cas, c'est loin d'être vrai, en raison du mouvement Catalogne en commun-Podem, qui défend une ligne républicaine mais souhaite envisager un changement de régime dans toute l'Espagne par la voie référendaire. C'est la ligne défendue par Podemos depuis quelques années, où ce républicanisme se greffe à du populisme "de gauche", mais cela écarte un tant soit peu la question sociale, tant la Catalogne est la région la plus riche d'Espagne, où les inégalités y sont aussi criantes et que la situation actuelle est propice à toute spéculation de la part des affairistes, des capitalistes, qui tiennent à ce que ce bordel perdure, appliquant des menaces de fermeture d'activités en Catalogne.
Vivement le nouvel épisode.
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