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JoSeseSeko

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"Il ne faut jamais prendre les gens pour des cons, mais il ne faut pas oublier qu'ils le sont." Cette phrase résume une recherche de vérité, de développer de l'information sur une variété de sujets, notamment l'économie, la politique et l'histoire. Et ce, dans plusieurs pays du monde.


Déni de démocratie en Italie

Publié par JoSeseSeko sur 29 Mai 2018, 11:11am

Catégories : #Économie, #Politique, #Europe, #Italie, #Démocratie, #Racisme, #Euro, #Populisme, #Immigration

Photo: PRP Channel

Photo: PRP Channel

En refusant la composition du gouvernement issu de l'accord entre le Mouvement 5 étoiles et la Ligue, et mettant à la place des technocrates, le président de la république italienne Sergio Mattarella provoque une crise en Italie, préparant de nouvelles élections pour l'automne prochain, propices à renforcer les forces politiques triomphantes en mars dernier. Le tout avec la crise migratoire qui entérine un racisme dans la péninsule et une détestation croissante de l'euro.

Le sort en est jeté, rien ne va plus en Italie! Alors que le Mouvement 5 étoiles (M5S) et la Ligue, les deux principaux partis italiens suite aux élections législatives du 4 mars dernier, s'étaient mis d'accord pour la formation d'un gouvernement, avec l'universitaire Giuseppe Conte, proche du M5S, comme président du Conseil (équivalent transalpin du Premier ministre en France). Pareillement pour le président de la république italienne, Sergio Mattarella, qui a accepté que Conte forme un gouvernement. Néanmoins, la nomination du ministre de l'Économie et des Finances a rendu impossible l'existence du gouvernement Conte. En effet, le président du Conseil voulait nommer Paolo Savona à ce poste, mais le président refusa cet homme en raison du positionnement eurosceptique adopté par Savona, lui permettant ainsi d'utiliser l'article 92 de la Constitution italienne, stipulant que le président de la république "nomme le président du Conseil des ministres, et sur proposition de celui-ci, les ministres" (cf lien n°1).

Technocratie vs démocratie

En conséquence, Conte a démissionné et de nouvelles élections sont prévues pour l'automne. En attendant, il faut bien un gouvernement pour gérer les affaires courantes et représenter l'Italie auprès de partenaires européens inquiets de la tournure des événements dans la péninsule. Du coup, Mattarella a nommé Carlo Cottarelli comme président du Conseil, lundi 28 mai, ayant pour mission de former un gouvernement d'ici les élections. Mais qui est ce personnage? Sur les quelques éléments donnés à son sujet, cet économiste de formation a été durant plusieurs années un haut cadre du Fonds monétaire international puis a travaillé pour le gouvernement d'Enrico Letta, en 2013, en tant que commissaire à la révision de la dépense publique. De quoi se dire qu'il pourrait mener une politique d'austérité et de porter son attention sur les marchés financiers, qui s'étaient montrés rassurés par sa nomination du côté de la bourse de Milan.

En outre, en matière de pensée européenne, Cottarelli est considéré comme un pro-européen. Une position aux antipodes de la composition du parlement italien actuel, comptant majoritairement des eurosceptiques. Mais surtout, l'impression que donne le pouvoir italien est qu'il préfère la technocratie à la démocratie, dans le but de rassurer avec précarité les milieux d'affaires et les partenaires européens. Souvenons-nous que de 2011 à 2013, un gouvernement de technocrates avait été mis en place en Italie, sous la houlette de Mario Monti, un économiste de formation, ancien commissaire européen au Marché intérieur, aux services, aux douanes, à la fiscalité. Le contexte était certes différent, avec les frasques de Silvio Berlusconi en particulier, mais déjà cet appel à des "techniciens" n'est pas tellement rassurant. En tout cas, le choix du président Mattarella est un choix anti-démocratique inédit, donc grave (cf lien n°3).

Un Itexit à l'horizon?

Une ligne de démarcation est désormais claire. C'est soit être avec l'euro, soit être contre l'euro. Et vu les élections de mars, c'est une ligne eurosceptique qui a pris les devants en Italie. D'où l'inquiétude fiévreuse des autres pays membres de l'Union européenne (UE), et surtout ceux de la zone euro, car l'Italie est la troisième puissance économique de l'union monétaire et un des pays fondateurs - avec la France, l'Allemagne, la Belgique, le Luxembourg et les Pays-Bas - de l'espace communautaire. L'UE retrouve, quelque part, une situation analogue à celle de la Grèce, lors de l'arrivée au pouvoir du parti Syriza au pouvoir, en 2015. Cela étant, il existe des différences entre la coalition M5S/Ligue et Syriza (+ les Grecs indépendants).

  1. Il a fallu près de six mois aux instances européennes, aux partenaires européens, pour pousser Alexis Tsípras à capituler et accepter un plan d'austérité aggravé, après un référendum qui avait pourtant rejeté le principe de l'austérité de la part des Grecs, début juillet 2015. De quoi affirmer que l'euro est un danger mortel pour la gauche radicale en Europe.
  2. Les instances européennes et les partenaires européens, ayant gardé en mémoire ce qui s'est passé en Grèce, ont réagi beaucoup plus rapidement car moins de trois mois après les élections, et peu de temps après un accord entre les deux partis ayant récolté le plus de voix pour former un gouvernement, ils ont pu compter sur le président de la république italienne pour bloquer la formation d'un gouvernement eurosceptique de droite, voire même d'extrême-droite pour évoquer le cas de la Ligue.

Et c'est là que se noue le drame! Une coalition tournée à droite et eurosceptique aurait été tentée de faire une sortie de droite de l'Italie de la zone euro, voire de l'UE. Pourquoi? Parce que l'Italie n'arrive pas à connaitre une croissance durable depuis l'instauration de l'euro, d'où une dette publique très importante (132% du Produit intérieur brut), que les réformes libérales des dernières années n'ont en rien enrayé, mais surtout, l'Italie est en première ligne sur la crise migratoire, avec des exilés en provenance de Syrie ou de pays d'Afrique subsaharienne, remettant en avant la question du racisme dans la péninsule, où les violences envers les exilés, les non-blancs, ne sont pas rares. Mais ça peut se comprendre dans la mesure où les Italiens n'ont pas été soutenus par leurs partenaires européens, notamment la France, qui refoule des exilés qui veulent traverser la frontière, du côté de Vintimille ou à travers les cols alpestres, non sans prise de risque de leur part. La question est de savoir si jamais un Itexit devait se faire, ce serait sous quel angle? L'angle de l'euro ou l'angle migratoire? Si c'est sous l'angle de l'euro et des structures européennes, la gauche italienne pourrait bien soutenir cette ligne, comme l'indique l'économiste et député Stefano Fassina, membre du parti Gauche italienne (Sinistra italiana), dans une interview accordée au site Le Vent se lève (cf lien n°4). Dans le cas où ce serait l'angle migratoire, la gauche ne pourrait pas y adhérer car, après tout, les exilés, les immigrés arrivant en Italie ou en Grèce ne sont-ils pas une conséquence du néo-colonialisme, de l'impérialisme occidental?

En tout cas, bien triste période à venir de l'autre côté des Alpes.

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